Vague de fraude dans le financement automobile : un casse-tête pour les prêteurs

Les prêteurs automobiles sont frappés de plein fouet par une vague de fraude qui prend de l’ampleur au Canada, à tel point que des banques commencent à quitter le secteur.

Les prêts auto défaillants – lorsque l’acheteur ne fait plus ses paiements – sont passés de 288 millions de dollars en 2022 à 455 millions $ en 2024, soit presque le double en deux ans, selon Equifax.

Et de plus en plus, ce sont les fraudeurs qui font grimper la facture.

« Ce qui arrive souvent, par exemple, c’est qu’un individu se présente chez BMW le matin, chez Audi l’après-midi, puis chez Toyota le soir même. En l’espace de quelques heures, il réussit à acheter trois véhicules avant d’être détecté, en utilisant un faux permis de conduire, un numéro d’assurance sociale volé et parfois même un chèque spécimen falsifié », explique Barry Ellison, directeur, analyse avancée, à Equifax Canada.

Photo: Adobe Stock/Baba Images

Le fraudeur repart ensuite avec les voitures, qui peuvent se retrouver rapidement au port de Montréal, prêtes à être expédiées vers d’autres continents, notamment en Afrique ou en Europe.

Le client va payer

La fraude fait augmenter de 5% par année les prêts auto défaillants au pays, et le Québec en est aussi victime, selon les gens à qui nous avons parlé.

Dans un exemple analysé par Equifax, un tiers des prêts automobiles de plus de 10 000 $ accordés en janvier 2025 et devenus délinquants au troisième trimestre relèveraient de la fraude – un ratio alarmant. L’entreprise précise que ce tiers concerne surtout les prêts ouverts récemment, alors que les fraudeurs se manifestent rapidement et disparaissent ensuite.

Pour les concessionnaires, la situation devient intenable. « Ce sont des coûts pour nos partenaires concessionnaires et ça se refile sur les prix aux consommateurs », explique Ian Sam Yue Chi, PDG de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec.

Photo: David Descôteaux/Agence QMI

La BMO quitte le marché

La pression est telle que certains prêteurs quittent carrément le secteur. La BMO a mis fin à son financement automobile indirect en 2023, après une explosion de ses provisions pour créances douteuses, passées de 9 à 81 millions en un an (+800%).

Les institutions financières resserrent maintenant la vis. La Banque Nationale a récemment envoyé une note aux concessionnaires exigeant des vérifications d’identité plus strictes et des rencontres obligatoires en personne, à cause de la «hausse marquée de la fraude».

Si des banques se retirent du secteur ou exigent des taux plus élevés pour compenser leurs pertes, c’est le client qui va se retrouver avec la facture, selon Ian Sam Yue Chi.

Photo: Antoine Joubert

Le problème n’est pas réservé aux voitures de luxe. Toyota RAV4, utilitaires courants, modèles d’entrée de gamme: tout y passe.

Pour Ian Sam Yue Chi, le message aux gouvernements est clair: « Il faut plus de ressources contre la fraude, le crime organisé et les vols d’automobiles. Sinon, les consommateurs paieront la note ».

À voir : Achat de véhicule en ligne - attention aux fraudes

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