Véhicules électriques : les concessionnaires appuient la pause sur les cibles de ventes fédérales
Les concessionnaires automobiles québécois ont poussé un soupir de soulagement alors que le premier ministre Mark Carney a annoncé qu’il mettait les cibles de ventes pour les véhicules zéro émission sur pause pour l’année 2026.
Son prédécesseur, Justin Trudeau, avait mis une réglementation en place selon laquelle les ventes des constructeurs pour les véhicules électriques devaient atteindre la barre de 20%.
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Le gouvernement se donne maintenant une période de 60 jours pour revoir les normes VZE pour obtenir plus de flexibilité tout en réduisant les coûts.
« Il était plus que temps que le gouvernement du Canada emboîte le pas », mentionne le PDG de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ), Ian P. Sam Yue Chi.

Cet été, il a eu des consultations avec Québec à ce sujet et il a obtenu l’engagement qu’un projet de règlement pour assouplir les normes serait déposé dès cet automne. Il se croise les doigts pour que le gouvernement provincial imite le fédéral pour ses cibles de 2026.
Sur le terrain, les manufacturiers sont venus en aide à leurs concessionnaires après un début d’année atroce.
« Hyundai a versé des incitatifs pour nous aider à vendre des véhicules, indique Philippe Michaud, directeur adjoint des ventes à Blainville. Avant cela, c’était au ralenti pour nous, mais les ventes ne sont pas tombées à zéro. »

Pas une surprise
Du côté de Mobilité Électrique Canada, personne n’a été surpris du recul du fédéral.
« On avait dit au gouvernement qu’il devait ajuster afin que la folie de Donald Trump n’ait pas d’impact dévastateur, souligne le président Daniel Breton. On est contents de voir qu’il n’est pas question d’abolir la norme VZE. »
Il a lancé une pointe envers certains constructeurs qui refusent de se conformer à la réglementation canadienne.
« Ils mentionnent qu’on devrait s’aligner avec celle des États-Unis alors que l’administration Trump est dans un processus de démantèlement de toute forme de réglementation. »
Une décision sous peu
Vendredi, le cabinet du ministre de l’Environnement Benoit Charette assure que Québec annoncera sa décision sous peu.
« Au cours de l’été, nous avons conduit plusieurs rencontres avec les constructeurs automobiles pour avoir un portrait clair de la vente des VE au Québec en fonction de la conjoncture actuelle. Ces consultations sont maintenant terminées et les prochaines étapes seront connues dans les prochaines semaines », affirme-t-on.
Mais déjà, le gouvernement Legault a légèrement assoupli ses exigences.
En juillet dernier, il a inclus les modèles hybrides non rechargeables, fonctionnant en partie à l’essence, dans le calcul des véhicules couverts par la norme véhicules zéro émission (VZE).
Québec espérait ainsi faciliter la tâche des fabricants, dont les ventes doivent atteindre 32,5% de véhicules électriques dès l’an prochain, sous peine de pénalités.
L’hiver dernier, le gouvernement québécois a suspendu ses incitatifs financiers pendant deux mois, devant le trop grand succès de la mesure. Ils sont de retour depuis, mais les montants offerts ont été fortement réduits. Cette diminution de l’aide fédérale et provinciale a eu un impact direct sur les ventes.
Lors du premier trimestre de 2025, les véhicules électriques représentaient 10% des ventes au Québec, contre 17% pour la même période l’année précédente.
– Avec la collaboration de Guillaume St-Pierre et Patrick Bellerose
Ce qu’ils ont dit
« Cette transition ne pourra se réaliser qu’à la vitesse à laquelle les consommateurs seront prêts à l’adopter. Il est clair que le coût initial plus élevé et le manque d’infrastructures de recharge rapide et fiable disponibles largement ont freiné cette adoption. »
David Adams, président de Constructeurs mondiaux d’automobiles du Canada
« L’objectif d’interdire la vente de véhicules conventionnels d’ici 2035 est irréaliste. Au lieu de tenter de sauver cette mauvaise politique publique, Ottawa devrait respecter le choix des consommateurs canadiens et abroger l’interdiction de vendre des véhicules à essence. »
Renaud Brossard, vice-président aux communications à l’IEDM
« La baisse des ventes de véhicules électriques au Canada est directement la responsabilité du gouvernement libéral. Le seuil des ventes de 20% est atteint partout à travers le monde, dont au Québec. Les manufacturiers ont tardé à faire ce virage et nous sommes les derniers en lice pour l’électrification des transports. »
Patrick Bonin, député de Repentigny, Bloc Québécois




