À bas les intermédiaires

S’il existe un marché où la voiture intermédiaire demeure importante, c’est bien celui des États-Unis. L’an dernier, celui-ci en était un de 940 873 voitures, incluant 295 201 Camry. Un marché ainsi détenu à 35% par Toyota, si l’on comptabilise également la vente de 2 094 Mirai et de 33 352 Prius. Avec de tels chiffres, les intermédiaires sont donc les automobiles les plus populaires au sud de nos frontières, devançant même le segment des compactes (Civic, Elantra, Corolla…) où les ventes totales étaient là-bas de 923 399 unités.

Naturellement, il en va autrement ici, où les compactes demeurent quatre fois plus populaires que les intermédiaires. Une constatation impressionnante lorsque l’on constate la violente baisse de popularité des compactes au Québec. Une chute de 55% en quatre ans, alors qu’il se vendait 274 987 voitures en 2019 contre 126 123 en 2023. Certes, plusieurs modèles ont entre-temps disparu du marché, mais en comparaison avec les intermédiaires, les compactes s’avèrent être encore un marché d’importance pour le Canada.

Alors voilà, l’an dernier, seulement 29 240 voitures intermédiaires trouvaient preneur au pays. À peine 3% des ventes américaines de ce segment, représentant 1,7% des ventes de véhicules au Canada. Encore une fois, Toyota mène le bal de ce créneau, possédant avec les Camry, Prius et Mirai pas moins de 41,5% de parts de marché. Des parts au moins trois fois plus grandes que celles de Honda qui, avec l’Accord, se situe au troisième rang, derrière Chevrolet et sa berline Malibu.

Photo: Chevrolet

Qui quitte le navire?

Il y a longtemps que Chrysler et Ford ont abandonné le segment, avec leurs berlines 200 et Fusion. Récemment, Mazda et Volkswagen abandonnaient les Mazda6 et Passat, alors qu’en ce moment, Kia quitte le navire en éliminant chez nous la berline K5. Elle demeure sur le marché américain, mais les concessionnaires canadiens ne souhaitent plus la garder en stock. Il faut dire qu’avec 874 ventes l’an dernier, cette berline pourtant fort compétente n’a pas su séduire. Pareil pour la Subaru Legacy, dont la retraite a été confirmée par le constructeur pour la fin du millésime 2025. Une voiture écoulée l’an dernier à 351 unités au pays, mais qui a néanmoins eu un jour le rôle de relever l’image de marque de Subaru.

Photo: Marc-André Gauthier

Pour l’heure, nous savons également qu’il n’y a plus d’avenir pour les Chevrolet Malibu, Hyundai Sonata et Nissan Altima. Ces trois manufacturiers ont confirmé ne pas avoir l’intention de les renouveler à la fin de leur cycle, sur le point de s’achever. À moyen terme, Honda et Toyota seraient donc les deux seuls joueurs restants de ce créneau jadis extrêmement populaire, à moins bien sûr que certains constructeurs conservent des produits désormais exclusifs au marché américain. Un choix qui serait logique, puisque les Malibu, Accord et Altima se vendent encore à plus de 100 000 exemplaires annuellement.

Chez nous, le désintérêt pour ces voitures s’explique de deux façons. D’abord, par le fait que les entreprises comme ALG et Black Book, responsables d’établir les valeurs résiduelles au terme des locations, dévaluent énormément les modèles de ce créneau, exception faite de la Toyota Camry. Cela rend l’accessibilité en location moins alléchante pour ces modèles, face à un VUS de prix équivalent que les vendeurs ont tendance à mettre en lumière. Puis, parce que les compactes sont de plus en plus volumineuses, plusieurs Canadiens choisissent tout simplement une Corolla plutôt qu’une Camry, sinon une Lexus, qui s’accompagne d’un certain prestige.

Chez nos voisins du Sud, la culture du luxe diffère. Elle se définit davantage par la taille du véhicule que par son niveau de luxe. Ainsi, si les Québécois préfèrent se procurer une Civic Touring tout équipée, les Américains favoriseront une Accord d’entrée de gamme, offerte au même prix.

Photo: Volk

Une lueur d’espoir plane toutefois sur ce segment qui accueille tranquillement quelques nouveautés électriques. Pensez notamment à l’Ioniq 6 de Hyundai et à la Volkswagen ID.7, qui débarquera prochainement. Des voitures que certains constructeurs cibleront dans un proche avenir, et qui pourraient ainsi complètement transformer l’image de ce créneau.

N’oublions pas le retour de la Dodge Charger électrifiée, une berline qui pourrait elle aussi se classifier chez les intermédiaires, considérant que le créneau des « berlines standard », tel qu’on le baptisait jadis, est aujourd’hui anéanti.

À voir aussi : les meilleurs véhicules de 2024 selon Consumer Reports

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