À deux cheveux d'acheter une Toyota MR2

La semaine dernière, j’étais de passage dans la magnifique région de Newport, dans le Rhode Island, pour un rassemblement matinal de voitures anciennes. Arrivé sur place, j’en découvre plus de 300, pour la plupart très attrayantes. Or, la première qui me tombe dans l’œil est une Toyota MR2 1991, bleu marine, dans un état immaculé. Une voiture comme on en voit rarement, puisque la plupart de celles qui sont toujours existantes sont modifiées ou dans un état, disons, loin de mes standards.

En m’approchant de la voiture, je constate que son état est littéralement incroyable. Comme si elle sortait de chez le concessionnaire, sans égratignure ni signe d’âge. Je jette ensuite un coup d’œil dans l’habitacle : les sièges en cuir sont comme neufs et l’odomètre n’affiche que 16 000 miles (25 750 km)! Je prends deux ou trois photos de la voiture, et termine mon tour de l’événement. Or, avant de partir, je décide de revenir regarder la Toyota une dernière fois. Elle me fait rêver! Il faut dire que ce modèle iconique du début des années 90 est sans doute l’une des sportives Toyota les plus attrayantes de l’histoire, avec bien sûr les différentes générations de Supra et quelques Celica.

Je laisse donc une note sur le pare-brise de la MR2, avec mon numéro de téléphone, en précisant que si elle est à vendre, je pourrais être intéressé. Combien peut-elle valoir?  En fouinant, je constate qu’une MR2 1991 comparable, mais de 37 000 miles, s’est vendue sur un site d’enchères à 35 500 USD. Ouf, c’est beaucoup d’argent! Néanmoins, je tente ma chance.

Photo: Antoine Joubert

La rencontre

À peine une heure plus tard, le propriétaire de cette MR2 me contacte. Il me dit qu’elle n’est pas à vendre, mais qu’il en possède une autre, quasi identique, qui serait à vendre. Un modèle Turbo de 1991, lui aussi original, avec 118 000 miles (190 000 km) au compteur. Un modèle vendu neuf au Rhode Island, peint en bleu-vert, et sans sellerie en cuir cette fois.

Je décide d’aller voir cette Toyota, me trouvant à 15 minutes de là. Arrivé chez le gars, je vois les deux MR2 stationnées côte à côte dans le garage du domicile. Une demeure immaculée, où tout est impeccable. Le type a aussi une vieille BMW familiale et un Jeep Wrangler Rubicon 2005, en superbe condition. Je discute longuement avec lui au sujet des MR2. Il me raconte leur histoire, m’expliquant qu’il conservera la plus propre des deux jusqu’à sa mort, mais qu’il se départit de la seconde parce qu’il possède désormais une GR86 2023, que j’aperçois plus tard du coin de l’œil. La voiture d’été qu’il conduira tous les jours pour se rendre au travail, ce qu’il faisait avec cette MR2.

Photo: Antoine Joubert

Bien qu’un peu plus abîmée au chapitre de la peinture, la MR2 est en bon état. Quelques éclats de roches, des pneumatiques moyens et une aile repeinte résument les défauts esthétiques extérieurs. Puis, à bord, je constate que la climatisation ne fonctionne guère, au même titre que la radio d’origine. Après l’essai routier qui s’avère très concluant (parce que la voiture roule pratiquement comme une neuve et surtout, parce que j’ADORE conduire ce modèle), on discute du prix. Le vendeur veut 18 000 USD. Un prix juste, mais pas une aubaine. Je lui demande de me donner quelques jours pour que je puisse y penser.

Sortir la calculatrice

En me mettant à faire les comptes, je déchante tranquillement. En somme, la voiture me coûtera autour de 26 000 CAD, en incluant les frais transactionnels facturés par la banque. En outre, il me faudra payer les pleines taxes (5% de TPS facturés à la douane) et 9,975% de TVQ facturés à la SAAQ). Bref, autour de 3 900 $ de taxes... Maintenant, puisqu’il s’agit d’un véhicule qui n’a pas été fabriqué aux États-Unis, s’ajoute alors une autre taxe de 6,1%. Ainsi, un montant approximatif de 1 600 $ est donc additionné, en plus de la taxe d’accise sur le climatiseur de 100 $ et des frais du RIV (registre des véhicules importés), qui sont de 220 $. Viennent ensuite les réparations incluant une fuite d’huile, un entretien mécanique et le remplacement des pneus, lesquels sont très difficiles à trouver puisque leur taille diffère entre l’avant et l’arrière. Du coup, il me faut prévoir environ 2 000 $ de réparations, afin que la voiture puisse passer l’inspection de la SAAQ, laquelle me coûtera 125 $, avant que je puisse finalement l’immatriculer à mon nom.

Photo: Antoine Joubert

En résumé, pour une voiture dont la valeur au Canada serait d’environ 22 000 $ à 24 000 $, il m’en aurait coûté tout près de 34 000 $. Pratiquement le double du montant que j’aurais déboursé en dollars américains, s’expliquant en grande partie par le taux de change et les innombrables taxes et frais qui s’ajoutent à l’importation d’un véhicule. J’ai n’ai donc pas eu d’autre choix que de passer mon tour, expliquant au vendeur que le coût de revient était démesuré. Morale de l’histoire, avant de vous lancer dans un tel processus, faites vos devoirs. Parce que si le prix initial vous semble attrayant, la facture finale le sera drôlement moins! Et en passant, notez que je n’ai même pas compté le coût du transport, de la nourriture et de l’hôtel lors du trajet aller-retour du Rhode Island, voyant simplement le tout comme de petites vacances... 

PS : Allez jeter un coup d'oeil à la galerie, il y avait pleins d'autres belles autos à cette rencontre.

À voir aussi : Antoine Joubert présente la catalogue de la Toyota MR2 1985

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