Rallye Gumball 3000 – Jour 5 : de San Francisco à Los Angeles

Ça prend beaucoup de courage pour prendre le départ d’un rallye qui se déroule sur deux continents avec deux autos âgées de 46 ans, surtout quand on considère que ces vieilles machines vont se frotter les coudes avec des voitures exotiques qui valent plusieurs fois le prix de ma maison. C’est encore plus vrai dans le cas de nos deux Chevrolet Camaro 1969. En effet, au lieu d’investir plus d’une centaine de milliers de dollars et de risquer ainsi de perdre en chemin le caractère typique de nos deux Z/28, Anastasiadate.com a décidé de se distinguer avec ces deux muscle car que la plupart des salariés ordinaires pourraient se payer.

Et la stratégie fonctionne : j’ai développé un lien plus fort avec ces Camaro bruyantes, bougonnes et boucanantes qu’avec n’importe quelle autre voiture plus rapide et plus performante inscrite au rallye (une exception peut-être : la Audi RS6 familiale avec ses ajouts aérodynamiques absolument absurdes et inutiles). C’est ce que je me répète ce matin en apprenant que notre Chevy jaune ne pourra pas se présenter sur la ligne de départ avec l’autre bolide d’Anthony. À cause d’un écrou manquant, le démarreur est à moitié sorti de son logement et il faut compter près d’une trentaine de minutes pour le remplacer. La machine jaune ne s’élancera donc pas avec les autres devant l’hôtel de ville de San Francisco, mais au moins elle va pouvoir rejoindre le groupe un peu plus tard.

Des vipères dans la vallée

Ce qui est une bonne nouvelle parce que personne ne veut rater notre premier arrêt prévu pour ce matin : la piste de course de Buttonwillow. En plus d’accueillir le rallye Gumball 3000, le circuit accueille le fabricant Dodge qui nous a promis qu’on pourrait s’amuser avec une flottille de Viper et de Challenger Hellcat. On sent l’excitation qui monte pendant la matinée. À tel point, en fait, qu’un de nos pilotes de soutien se fait arrêter parce qu’il roulait à 98 mi/h dans une zone de 55 mi/h. Mais il a adroitement réussi à faire réduire son infraction à un excès de vitesse de seulement 10 mi/h en utilisant son charme suédois, et en découvrant un lien surprenant avec les pays scandinaves dans l’histoire personnelle du policier de la CHP (une histoire d’amour perdu et de vie changée). Comme mon coéquipier Per me l’a dit un peu plus tard, « tout le monde a un lien avec la Suède ».

Quand nous arrivons à Buttonwillow, il y a déjà une réunion des pilotes sous la marquise où on nous explique ce qu’on peut faire – et surtout ce qu’on ne peut pas faire – sur la piste de course. Je réussis à attraper un casque et à me faufiler jusqu’à la ligne des puits avant que le groupe se dissipe. Puis je me dirige directement vers la portière ouverte d’une Viper rouge vif. J’aimerais vraiment que ma vie ressemble à cela au quotidien...! Après trois tours, je suis de retour et je cède ma place au prochain Gumballer pour qu’il puisse lui aussi faire vrombir le V10 sur la piste sinueuse.

Alors que je m’apprête à quitter la zone des puits, j’entends la voix d’un membre de l’équipe de vidéo de Betsafe qui me demande de m’éloigner, car il y a une Charger SRT 392 derrière moi qui s’apprête à faire un burnout. Mais presque aussitôt, un des officiels du circuit à l’oreille fine accourt en agitant les bras et avec une expression qui signifie clairement qu’il n’est pas question de faire fumer les pneus. Sur le coup, je suis tenté d’appeler la police anti-restrictions des plaisirs, mais je me ravise en me rappelant que je viens tout juste de piloter une Viper qui ne m’appartient pas sur une piste de course.

Une célébrité parmi nous

Les membres de l’équipe d’Asiandate.com ne sont pas les seuls à faire étalage de leur charme suédois. Après avoir stationné sa Ferrari FF à Amsterdam, l’acteur Dolph Lundgren s’est lancé dans la portion américaine du Gumball au volant d’une SRT, et il a également fait une apparition à Buttonwillow. Lundgren est particulièrement chaleureux et élégant pour un homme qui a dû affronter le même horaire de voyage exténuant que nous au cours des cinq derniers jours. Le comédien est surtout connu pour ses rôles dans Rocky IV et Universal Soldier. Personnellement, à part Les Maîtres de l’univers que j’ai vu quand j’étais enfant, j’ai découvert les talents de l’étudiant Fulbright devenu athlète olympique puis acteur dans le film Au-dessus de la loi (Army of One).

Dans cette production, il joue le rôle d’un ancien pilote de course automobile qui transporte des voitures sport volées et se fait injustement accuser d’un meurtre. La scène phare du film est celle où il fait une boucle de 720 degrés au volant d’une Ferrari F40 dans le dessert. Or il s’agit exactement du même désert que celui que nous allons traverser demain en nous dirigeant vers Las Vegas via Death Valley. Je suis peut-être le seul qui se souvient d’Au-dessus de la loi (et peut-être que même Lundgren l’a oublié après avoir encaissé son chèque), mais quoi qu’il en soit, je trouve qu’il s’agissait là d’un présage intéressant du début des années 1990 destiné à un homme qui allait ensuite faire le Gumball.

Presque arrivés

Pas facile de s’éloigner de l’excitation générée par les Viper et la présence de Dolph. Pour faciliter la transition, nous nous engouffrons dans notre voiture d’accompagnement et nous suivons la Camaro jaune pour les deux dernières heures de route qui nous séparent de L.A. Certains participants prennent l’autoroute 5, tandis que d’autres optent pour le paysage panoramique de la route 1. Nous rencontrons donc moins de collègues en chemin, mais nous sommes tout de même un convoi de six quand nous nous retrouvons dans le trafic juste avant Pasadena.

C’est Jeff qui conduit la Z/28 jaune canari cet après-midi. Notre homme a réussi à éviter l’emprisonnement et les agressions pendant 24 heures de suite, ce qui constitue un record pour notre équipe Gumball. Comme Jeff est originaire de Los Angeles, il nous guide efficacement jusqu’au L.A. Live, là où différentes voitures exotiques locales (notamment des Koenigsegg et des Pagani) nous rejoindront pour constituer la grille de départ de demain. La voiture d’Anthony arrive environ une heure plus tard en toussotant et en sautillant. Elle est victime d’un problème de mauvaise mise à la masse que Steve réglera le lendemain matin.

Le Gumball a généré un certain intérêt dans ce secteur récemment construit dans le cadre d’un projet de revitalisation du centre-ville, mais les foules californiennes ne sont pas aussi exubérantes ni aussi importantes qu’en Suède et au Danemark. Je me demande s’il n’y a pas quelque chose dans l’ADN des gens du Nord qui les prédispose à s’agglomérer en files le long de l’accotement lors des rallyes. J’ai été tenté d’adopter une mentalité de rockstar et de m’imaginer célèbre lorsque les spectateurs fourmillaient dans les paddocks en prenant des photos avec leurs caméras et leurs téléphones cellulaires. Mais il est clair que, peu importe le continent sur lequel on se trouve, les spectateurs sont d’abord là pour les voitures, et pas tellement pour les pilotes. 

Mais ça me va, parce que c’est pour ça que je suis ici moi aussi.

Statistiques Gumball : Jour 5

Niveau d’excitation envers l’Amérique des membres de l’équipe Ryska Posten : 9/10
Nombre de décès de voitures exotiques : 1 (La Viper a miraculeusement été réparée et elle est de retour. Pour maintenir l’équilibre de l’univers, une Porsche 918 est entrée dans le hangar en fumant hier à Reno et elle n’en est jamais ressortie) Effet multiplicateur du manque de sommeil sur l’équipe A-Date : +25
Nombre de fois que j’ai entendu une Russe chanter Good Vibrations de Marky Mark and the Funky Bunch pour exprimer ce qu’elle ressentait en Californie : 1
Nombre de personnes appelées Clint Crazy rencontrées aujourd’hui : 1
Nouveau mot anglais appris par Per, notre conducteur suédois : « Chilling », qui signifie « Ralentir sur la route pour que la Camaro jaune puisse nous rejoindre parce que nous avons pris un raccourci qui n’était pas vraiment un »

Consultez le compte-rendu de notre dernière journée au Gumball 3000.

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