Audi R8, à l'assaut de la 911…

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2008

Ayant remporté les 24 Heures du Mans à cinq reprises, la marque d’Ingolstadt profitera de cet étincelant palmarès en produisant une sportive de haut calibre, qui portera le même nom que la voiture de compétition titrée en série sur le circuit manceau, et qui s’attaquera à la championne de la catégorie, soit la Porsche 911 Carrera. Rendez-vous avec le pur-sang aux quatre anneaux…

La R8 a beau partager son nom avec une voiture de compétition, la filiation entre ces deux bolides est pourtant loin d’être évidente. En effet, la R8 de compétition est une propulsion, alors que la R8 de série fait appel au rouage intégral Quattro qui a fait la renommée de la marque. De plus, sa conception avec moteur central fait écho à la Lamborghini Gallardo, et au premier coup d’œil, la R8 ressemble davantage à la voiture concept Audi Le Mans dévoilée à la fin de 2003. Plus frappante que jolie sur le plan visuel, la R8 affiche une allure trapue et musclée, caractérisée par l’ajout de ce qu’Audi appelle le sideblade, soit ce panneau de carrosserie latéral qui fait le lien entre l’habitacle et le compartiment moteur. Ce sideblade est généralement d’une couleur harmonisée à celle de la voiture, mais peut être commandé en option d’une couleur contrastante, ou encore en acier ou même en fibre de carbone. Par ailleurs, la R8 se démarque par l’adoption de phares de jour avec lumières de type LED, une première dans l’industrie. Le moteur de la R8 est visible sous son hayon vitré et il s’agit d’un V8 de 4,2 litres qui développe 420 chevaux, soit une puissance de 100 chevaux par litre de cylindrée. Dérivé du V8 qui anime la récente RS4, le moteur de la R8 se distingue par l’adoption d’un carter sec et d’un réservoir d’huile externe, afin de mieux composer avec les forces d’accélération latérales lors de la conduite sportive.

Agile et « joueuse »

Sur le Speedway de Las Vegas, la R8 m’a impressionné par l’équilibre de son châssis et la facilité avec laquelle il était possible de contrôler la répartition des masses et les angles de dérive. Règle générale, les voitures à traction intégrale adoptent un comportement sous-vireur, ce qui est toujours le cas avec la R8 mais à un degré moindre. Cette différence permet au conducteur expérimenté, qui a pris soin de désactiver le système de contrôle de la stabilité, de faire rapidement des transitions réussies vers de belles glissades en sorties de virage, glissades facilement contrôlables tellement les réactions du châssis sont prévisibles. À ce titre, j’ai trouvé la R8 plus « joueuse » et plus facile à contrôler à la limite qu’une 911 Carrera 4S. De ce côté, la R8 est à la hauteur des attentes, mais pour ce qui est des performances en accélération, la sportive d’Audi nous laisse en appétit. Les 420 chevaux du V8 ne sont pas à dédaigner, mais force est de constater que le chrono du 0-100 kilomètres/heure est de 4,6 secondes, tout comme pour la Carrera 4S.

La R8 a beau être réalisée avec un châssis de type spaceframe en aluminium, elle pèse tout de même 200 livres de plus que la Porsche et les chevaux supplémentaires de la R8 ne peuvent que réussir à égaler le chrono de la sportive à rouage intégral de Stuttgart. Par contre, la sonorité du moteur est tout simplement exquise, et je suis convaincu que les propriétaires de cette voiture prendront un plaisir fou à rouler, vitres baissées, dans le tunnel Ville-Marie, juste pour entendre le rugissement du V8. Par ailleurs, les conducteurs de la R8 prendront également un malin plaisir à épater la galerie avec le système de départ automatisé de type launch control qui permet d’effectuer des départs canon. Pour le mettre en fonction, il faut désactiver le système de contrôle électronique de la stabilité (ESP) et appuyer à la fois sur les freins et l’accélérateur. Dès que les freins sont relâchés, la R8 décolle avec une motricité optimale, le viscocoupleur variant la répartition du couple entre les trains avant et arrière afin de minimiser toute tendance au patinage et donnant à la voiture un élan hors du commun. D’ailleurs, cette répartition du couple revient à 35% à l’avant en conduite normale ce qui confère à la R8 un caractère s’approchant plus de celui d’une propulsion que d’une intégrale, ce qui explique son tempérament plus « joueur ».

Un V10 au programme?

Comme j’ai eu la nette impression que le châssis de la R8 est très au point sur le plan technique et que la voiture pourrait facilement être animée par un moteur plus puissant sans devoir subir d’importantes modifications, est-il possible que le V10 développé par Audi et Lamborghini se retrouve un jour à bord de la R8? Pressé sur cette question Stephan Reil, directeur du développement chez Quattro Gmbh, qui est l’équivalent de la division « M » chez BMW ou de la division « AMG » chez Mercedes-Benz, explique que le compartiment moteur pourrait éventuellement « accommoder un nombre supérieur de cylindres, mais que pour l’instant la R8 en compte 8 ». Il y a donc fort à parier qu’Audi réalisera un jour l’exploit de greffer un V10 à la R8, surtout si l’on considère que cette voiture est construite presque artisanalement et que le rythme de production se situera à seulement 20 exemplaires par jour. Le pari d’Audi est de faire en sorte que la R8 soit bien accueillie pour ensuite en proposer des variantes, afin de faire durer le modèle, ce que Porsche réussit très bien avec la 911 Carrera.

Le dernier facteur, et non le moindre, qui fera en sorte que la R8 réussira ou non sera le prix demandé. De ce côté, la haute direction d’Audi Canada n’a pas établi le prix en dollars canadiens, mais insinue que la R8 pourrait coûter aux alentours de 140,000 dollars. À ce prix, le pari n’est pas gagné d’avance et il faudra suivre de près l’évolution de ce modèle pour confirmer sa position dans la hiérarchie des sportives de haut niveau. D’autant plus que la haute direction de Porsche a récemment laissé entendre que la marque pourrait accroître sa participation dans le groupe Volkswagen qui est propriétaire d’Audi. Le fait que la R8 soit une concurrente directe de la 911 Carrera lui vaudra-t-elle d’être la victime d’une lutte fratricide jouée non seulement sur la route, mais également dans les hautes sphères de la direction de ces constructeurs automobiles? La question mérite d’être posée, et ce, même si la R8 possède plusieurs atouts dans son jeu sur le plan technique.

Feu vert

Tenue de route phénoménale, sonorité du moteur V8,
exclusivité assirée,
qualité d'assemblage

Feu rouge

A quand le moteur V10?.
diffusion limitée,
prix élevé

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