Jaguar XJ8 / XJ8L, plus ça change…

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

Vous connaissez le dicton « Plus ça change, plus c’est pareil ! » ? Eh bien, cette phrase décrit à merveille la Jaguar XJ8 qui a été dévoilée en 2004 à grand renfort de publicité. En effet, la compagnie a révélé une toute nouvelle berline dotée d’une sophistication technique capable de rivaliser avec ce qu’il y a de mieux dans la catégorie des voitures de luxe. Avec une plate-forme et une carrosserie pratiquement tout en aluminium, cette « Jag » était prête à en découdre avec les ténors de sa catégorie.

Mais une erreur de jugement a certainement handicapé cette élégante britannique : elle ressemble à s’y méprendre à la version précédente. En fait, d’un simple coup d’œil, il est presque impossible de départager l’ancienne de la nouvelle. Et le plus cocasse dans tout cela, c’est que la direction de la compagnie venait justement d’affirmer haut et fort que ses stylistes étaient dorénavant tournés vers l’avenir et n’allaient plus tenter de copier le passé. Bref, il est certain qu’une voiture aussi brillante sur le plan technique méritait mieux qu’une silhouette réchauffée.

C’est comme si l’équipe chargée de dessiner la carrosserie et l’habitacle n’avait jamais rencontré les ingénieurs qui s’activaient à concocter une nouvelle plate-forme en aluminium qui servirait de base à une carrosserie autoporteuse également réalisée avec des matériaux ultralégers. Il est certain que plusieurs apprécieront ce lien visuel avec le passé, mais il aurait été possible de concilier avec plus de succès l’ancien et le nouveau, comme Mercedes l’a fait avec sa nouvelle Classe S.

Mais allure rétro ou pas, il est certain que la mécanique est à la fine pointe de la technologie avec sa plate-forme très rigide en alliage léger. Les ingénieurs ont en effet réussi à concilier légèreté et rigidité. De plus, les moteurs qui sont offerts ne sont pas à négliger, eux non plus. Dans sa version atmosphérique, le moteur V8 de 4,2 litres produit dorénavant 300 chevaux et il est couplé à une boîte automatique ZF à six rapports. Ce qui est plus que suffisant pour boucler le 0-100 km/h en moins de sept secondes. De plus, cette transmission effectue les changements de rapports avec célérité et sans à-coup. Mais ce n’est pas tout, puisque Coventry nous propose un moteur encore plus musclé. Cette fois, c’est grâce à la magie de la suralimentation que ce moteur V8 gagne en puissance pour totaliser 400 chevaux, soit 10 de plus qu’en 2005. Vous avouerez que c’est suffisant pour retrancher plus d’une seconde à votre chrono du 0-100 km/h. Soulignons par ailleurs que la vitesse de ces félins aux muscles d’acier est d’un peu moins de 249 km/h pour les versions de 390 chevaux. Il est certain que vous devrez avoir un bon avocat si jamais un policier en service vous intercepte à cette vitesse !

Les possibilités de performance de tous les modèles de la XJ8 / XJ8L exigent nécessairement une suspension capable de bien transmettre toute cette puissance au bitume, mais également de vous permettre de maintenir votre félin motorisé sur la route. Cette tâche est confiée à une suspension à bars inégaux à l’avant et multibras à l’arrière. De plus, cette suspension est de type actif avec autonivellement. Bien entendu, un système de contrôle de stabilité latérale est offert de série.

Bois et cuir

Avec une silhouette d’une autre époque, il était obligatoire de dessiner un habitacle à l’avenant. Une fois de plus, ce sont les arbres de la forêt tropicale et les bovins anglais qui y ont goûté… C’est donc une débauche d’appliques de bois pour le tableau de bord et de cuir fin pour les sièges et les garnitures de portières. Mais avant que vous sautiez aux conclusions pour en déduire que la déforestation amazonienne est causée par la tendance de Jaguar à utiliser des boiseries exotiques, sachez que les arbres sélectionnés sont coupés dans des fermes arboricoles faisant justement la pousse sélective d’essences exotiques. Quant au cuir, il est pris sur des bovins élevés avec grand soin pour éviter les cicatrices sur la peau et les peaux d’épaisseur inégale. Malgré tout ce soin, il faut souligner que notre voiture d’essai, placée longtemps sous le soleil, était affligée d’une odeur nauséabonde qui semblait provenir du cuir de la sellerie ! Oui, oui, c’est vrai !

La finition est toujours impeccable, les appliques de bois vernies avec soin. Mais alors pourquoi les concepteurs n’ont-ils pas pris le temps de dessiner des sièges qui assurent un certain support latéral et de réserver un peu plus d’espace pour les pieds aux alentours du pédalier ? Le bout de mes chaussures frottait contre la paroi pare-feu chaque fois que je mettais le pied sur l’accélérateur ou le frein… Mais en plus, l’épaisse moquette avait tendance à se glisser sous les pédales et par conséquent elle limitait la course de la pédale de frein en plus de venir actionner l’accélérateur inopinément ! J’ai d’ailleurs failli encastrer ma belle « Jag » XJ8L d’essai dans une grosse bétonnière.

Les places arrière de la version régulière ne sont pas très généreuses. Ceux qui prévoient transporter fréquemment des passagers à l’arrière auraient intérêt à opter pour la version allongée. Cette année, un nouveau modèle, la Super V8 Portfolio, est le modèle le plus luxueux de toute la gamme. Personnellement je préfère la XJ-R qui associe le moteur le plus puissant au châssis à empattement habituel, ce qui assure des performances plus sportives. Cela permet également de tirer le meilleur d’une excellente tenue de route qui bénéficierait d’une direction moins assistée. Et le mot de la fin : la fiabilité est en progrès constant s’il faut se fier aux études de la firme J. D. Powers & Associés.

Feu vert

Mécanique moderne
Bonne tenue de route
Moteurs performants
Écrans LCD dans les appuie-têtes
Versions allongées

Feu rouge

Esthétique à revoir
Levier de vitesse énigmatique
Peu d’espace pour les pieds à l’avant
Faible support latéral des sièges avant

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