Kia Rio, question de perception

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2008

Si les gens avaient le choix, bien peu de Kia Rio (et autres sous-compactes) rouleraient sur nos routes. Ferrari, Lamborghini, Bentley, Maserati, Aston-Martin formeraient le gros de la vie automobile. Il y aurait tellement de ces super voitures, qu’elles ne seraient plus super. Bah, il y aurait bien quelques snobs avec leurs Bugatti Veyron qui nous feraient sentir petits mais on ne leur en tiendrait pas rigueur. Et un jour, un hurluberlu nous arriverait avec une Kia Rio, un p’tit char coréen. Après des rires moqueurs, quelques initiés se mettraient à apprécier le fait de passer moins de temps à la pompe, de voir tout autour quand on conduit et de payer infiniment moins cher pour l’entretien tout en se faisant moins brasser.

La Kia Rio deviendrait alors une vedette ! Tout est une question de perception, vous voyez bien ! Malheureusement, les modèles Kia souffrent, encore aujourd’hui, d’un certain snobisme, surtout par rapport à la marque sœur Hyundai qui commercialise l’Accent, la cousine très germaine de la Rio. Question de marketing, sans doute. Pourtant, la Rio n’a rien à envier aux autres voitures de sa catégorie. L’an dernier, lors d’un match comparatif impliquant sept sous-compactes, la Rio avait terminé quatrième, devant la… Hyundai Accent ! L’élégance des lignes de la version cinq portes et la qualité de la finition ont été soulignées.

La Kia Rio se présente en deux versions. La Rio tout court prend les traits d’une berline (quatre portières et un coffre séparé), tandis que la Rio5 est un hatchback cinq portes (incluant le hayon). Si le premier modèle se retrouve sur la Hyundai Accent, le deuxième appartient à la Kia seulement. Hyundai, de son côté, commercialise une version hatchback trois portes. Côté moteur, ce n’est pas très compliqué puisqu’on en retrouve un seul. La Rio reçoit un quatre cylindres 1,6 litre de 110 chevaux et 107 livres-pied de couple. Ce moteur, très moderne avec ses 16 soupapes et sa géométrie constamment variable du jeu de ses soupapes (CVVT) est relié, de série, à une boîte manuelle à cinq rapports ou, en option, à une automatique à quatre rapports.

Séraphin et la mécanique

« Pourquoi faire plus de soupe ? » demandait Séraphin à Donalda dont le père bien-aimé s’en venait souper. « Mets plus d’eau, ça va faire pareil… »  Avec des temps d’accélération un peu longuets, accompagnés d’une sonorité bien audible, l’ensemble moteur/transmission semble avoir été conçu par Séraphin Poudrier.  « Pourquoi mettre plus de puissance ? Mets plus de son, ça va faire pareil… » Il faut cependant avouer que les performances, sans être enivrantes, se situent dans la moyenne de la catégorie. La transmission automatique, bien qu’elle pénalise un peu les accélérations, effectue un boulot très honnête. La manuelle, bien étagée, possède toutefois un embrayage et un levier de vitesse très « beurre »… et du beurre mou en plus ! 

Le comportement général de la voiture se place dans la bonne moyenne. Les suspensions, indépendante à l’avant et semi-indépendante à l’arrière, font un travail très correct et réussissent, avec l’aide d’un châssis, ma foi, fort rigide, à garder le contact entre les pneus (14 ou 15" selon la version) et la chaussée. De plus, sur une voiture à vocation économique, il est intéressant de noter que ces suspensions, surtout celle à l’arrière, ne coûteront pas une fortune à réparer, le temps venu. La Rio affiche un comportement sous-vireur, c'est-à-dire que la voiture a tendance à continuer tout droit si l’on aborde une courbe à haute vitesse. Ce type de comportement est généralisé dans le monde des sous-compactes et n’est pas dangereux pour deux sous si l’on s’en tient aux limites de vitesse. Malheureusement, comme dans la plupart des voitures de la catégorie, on ne retrouve aucun contrôle de traction. Les freins sont à disque à l’avant et à tambour à l’arrière, mais soulignons que l’ABS est standard uniquement sur la version la plus luxueuse, de même que les quatre freins à disque. La direction, pas nécessairement très précise, se montre un peu trop légère. Mentionnons que le dessous de la Rio reçoit, en usine, un bon traitement antirouille.

Bel assemblage

La carrosserie des quelques modèles essayés présentait une qualité de finition que plusieurs voitures beaucoup plus dispendieuses lui auraient enviée ! Dans l’habitacle, la même remarque s’applique. La plupart des plastiques sont de belle facture et leur assemblage est bien rendu. La visibilité, peu importe qu’il s’agisse de la version berline ou cinq portes, s’avère excellente. Les jauges se consultent facilement et la radio a, depuis quelques années, perdu ses affreux petits boutons. Désormais, il n’est plus besoin de les manipuler avec un cure-dents... La sonorité, par contre, n’a pas réellement évolué… Personnellement, j’ai trouvé les sièges trop durs et peu confortables tandis que la position de conduite n’est pas évidente à trouver. Il s’agit, cependant, d’une appréciation tout à fait subjective et un essai vous en apprendra davantage. À l’arrière, curieusement, les sièges font preuve de plus de confort ! Compte tenu de la catégorie, l’espace réservé aux jambes et à la tête est adéquat. 

Dans la berline, il est possible d’abaisser les dossiers des places arrière pour augmenter l’espace disponible dans le coffre, mais cette opération est ardue et demande même une certaine force physique lorsque vient le temps de les ramener à leur position initiale. La version hatchback bénéficie aussi de sièges rabattables mais leur maniement n’est pas plus aisé.

Puisque la Kia Rio s’adresse généralement à un public moins fortuné, le prix devient un élément décisif. Oubliez les 169 $ mensuels pour la location, proclamés bien haut par les publicités. La réalité est toujours bien plus élevée. De plus, si les versions de base s’avèrent de véritables aubaines, il faut savoir que les modèles plus huppés le sont moins. À plus de 19 000 $ pour une berline, il pourrait être plus avantageux de regarder du côté d’une Spectra, par exemple. Et cette dernière se dépréciera beaucoup moins rapidement.

Feu vert

Consommation peu élevée, lignes agréables (Rio5),
comportement routier adéquat, finition sérieuse,
espace de chargement intéressant (Rio5)

Feu rouge

Insonorisation pauvre, freins ABS non disponibles sur versions de base,
embrayage flou (manuelle), modèles de base peu équipés,
rapport qualité/prix moins évident sur modèles luxueux

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