Lincoln Town Car, papa, j'ai pris l'auto !

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

Mon âge a beau se compter en dizaines d’années, il existe encore des situations où je me sens comme un petit garçon, forcé de demande à son père la permission de faire quelque chose. Et prendre le volant d’une Lincoln Town Car est l’un de ces rares moments où l’on se croit revenu à l’adolescence. C’est tout simplement parce que le long véhicule est probablement le genre de voiture qui plaît le plus à mon père, lui qui a toujours adoré les carrosseries hors de proportion, et les voitures au confort si exubérant qu’il en fait oublier tout le reste.

Bref, la Town Car, c’est le véhicule parfait, inspiré des années 60 alors que toute la famille se faisait belle et montait dans la voiture pour se rendre chez grand-papa après la messe du dimanche.

Papa avait alors pris soin de laver soigneusement la voiture, et nous, les enfants, devions nous asseoir sur l’interminable banquette arrière, qu’il fallait partager entre frères et sœurs.

Une mission bien précise

Bien sûr, j’exagère un peu. Mais si peu, car s’il est une voiture que l’on dirait figée dans le temps, du moins par ses lignes, c’est bien la Town Car. Elle qui avait été appelée à remplacer la défunte Lincoln Continental à sa naissance il y a 25 ans, n’a subi que peu de changements au fil des ans, conservant sa personnalité de grande berline de luxe. Soyons cependant sérieux.

Le nombre de simples automobilistes qui se procurent une Town Car se compte presque sur le bout des doigts. La voiture est destinée tout simplement au marché des parcs automobiles d’entreprises où elle continue de briller au firmament des limousines les plus populaires.

Pour le simple mortel, la Town Car se décline en deux véritables versions : la Signature Limited, et la Designer, en plus d’une version allongée de la Signature. Mais pour plus de 30% de la clientèle, ce sont les versions corporatives qui importent. Cette fois, trois versions sont proposées et servent essentiellement à la conception de limousines pour cadres. Dans tous les cas, les seules nouveautés de l’année sont de nouvelles roues, et quelques nouvelles couleurs de carrosserie. Aucun autre changement n’a été apporté.

Évidemment, quand on parle de Lincoln Town Car, on parle de voitures aux dimensions impressionnantes. La version de base Town Car mesure par exemple plus de 547 centimètres, soit près de 15 centimètres de plus que la Jaguar XJ en version allongée! Avec de telles dimensions, inutile de préciser que l’espace dans l’habitacle est gigantesque, et peut accueillir sans difficulté six passagers confortablement installés.

Car outre l’espace, ce qui caractérise la Lincoln c’est le confort. Ne cherchez pas ici la moindre trace de design contemporain ou sportif car tout, absolument tout, est dessiné spécifiquement pour rappeler les visées nobles de la Town Car.

Ainsi, le tableau de bord est sobre mais dégage une certaine allure de richesse. Le bois, utilisé abondamment jusque sur le volant, le plastique de bon goût (on ne parle pas ici de plastiques durs, mais plutôt d’imitation presque réussie de fini cuir) et bien entendu le cuir présent partout sur la sellerie, viennent compléter le look de haute société que veut se donner le gros Lincoln.

Le plus grand défaut de cet intérieur est justement cet air sombre, aux limites de la froideur, ce qui plaît probablement à la clientèle vieillissante qui aime bien la Town Car. Ainsi, les cadrans dénudés simplement placés dans le tableau de bord n’offrent ni style ni esthétisme particulier. Ils sont faciles à lire, équipés de gros chiffres pour les rendre visibles aisément, mais oubliez ne serait-ce qu’une seule petite allusion à un possible côté branché. Le tableau de bord est à l’image de la voiture elle-même : ultraconservateur mais efficace.

Confort et volupté

Pour propulser ce mastodonte, Lincoln a implanté sous le capot un V8 de 4,6 litres qui développe quelque 239 chevaux. Encore une fois, oubliez toute prétention de sensations de conduite. Les acheteurs de Town Car ne veut qu’une chose : se rendre à destination rapidement, sans problème, et comme s’ils étaient assis dans leur salon, ce que leur donne exactement cette grosse voiture. La direction n’est pas engourdie, mais ne transmet aucune sensation au conducteur. Le moteur est amplement suffisant pour déplacer le lourd véhicule avec efficacité, mais ne pensez même pas à faire des excès. En revanche, la suspension est exactement comme le souhaite la clientèle : souple, absorbant tous les hasards de la route sans en oublier un seul. Heureusement, lors d’un remodelage il y a quelques années, Lincoln a modifié la suspension, réduisant considérablement le débattement tout en maintenant le confort ce qui limite le roulis en virage.

J’avoue honnêtement avoir trouvé un certain réconfort à conduire cette grosse voiture en zone urbaine. Elle nous permet des déplacements de grand confort, et avec ses nombreux équipements de sécurité et d’aide à la conduite (ne pensez même pas conduire en ville sans l’aide au stationnement par exemple), elle offre une randonnée tout à fait plaisante. D’autant plus que le rayon de braquage est remarquablement court.

Feu vert

Dégagement intérieur titanesque
Suspensions très confortables
Confort intérieur cinq étoiles
Moteur sans souci

Feu rouge

Dimensions himalayennes
Sensations de conduite absentes
Freinage parfois long
Design intérieur sans éclat

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