Mercury Grand Marquis, la « rétromobile »

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2007

La seule représentante de la marque Mercury au Canada vise une clientèle pour le moins particulière qui aime se remémorer le bon vieux temps et qui apprécie des voitures dotées d’une suspension confortable et dont les dimensions étaient considérées comme correctes il n’y a pas si longtemps. Plusieurs chroniqueurs automobiles s’amusent à ridiculiser le genre sous prétexte que cette voiture ne les inspire pas au chapitre de la conduite. Mon but n’est pas de défendre la Grand Marquis pour autant, mais il faut tout de même respecter les goûts de chacun. Par ailleurs, avec un nom aussi pompeux que Grand Marquis, il faut s’interroger sur la perspicacité des preneurs de décisions à Dearborn. Quoi qu’il en soit, cette Mercury est devenue de moins en moins populaire auprès de la population en général, mais reste appréciée des propriétaires de flottes de taxi, des autorités gouvernementales et des salons funéraires ! Pourquoi ? Tout simplement parce que cette berline est de dimensions suffisamment imposantes pour transporter cinq ou six personnes dans le plus grand des conforts. Il faut également ajouter que son châssis autonome lui donne une solidité qu’aucune plate-forme monocoque ne peut offrir. Enfin, son gros moteur V8 relié aux roues arrière est aux yeux de plusieurs la seule configuration mécanique correcte pour une utilisation commerciale. Un atout habituellement jugé crucial pour les parcs automobiles.

L’inconvénient de cette vocation est que les particuliers qui roulent en Grand Marquis sont souvent perçus comme faisant partie des forces policières ou comme travaillant pour un ministère gouvernemental. D’ailleurs, lors de chaque essai routier de cette Mercury, il est toujours comique de voir les autres utilisateurs de la route ralentir précipitamment lorsqu’ils voient arriver cette voiture dans leur rétroviseur. La plupart sont convaincus qu’il s’agit d’un véhicule de police banalisé.

L’ancien à la moderne

Il ne faut pas en conclure pour autant que ce gabarit d’une autre époque et cette silhouette qui semble inspirée des années 70 sont le gage d’une mécanique de cette période. En 2003, cette berline a bénéficié de plusieurs améliorations au chapitre du châssis, alors que ce dernier a été renforcé par des pièces formées par pression hydraulique qui réduisent les coûts de fabrication en plus d’être plus rigides et plus légères. Par contre, l’essieu arrière est toujours rigide, comme sur la Lincoln Town Car par exemple. Il est vrai que cette configuration est carrément rétro et s’apparente davantage aux VUS et camionnettes, mais il faut avouer que les ingénieurs de Ford ont réussi tout de même à concevoir une suspension qui assure un bon confort et un comportement routier correct. L’utilisation d’une barre Watts permet de maîtriser les élans verticaux de l’essieu arrière et de rouler sans trop de dérobade du train arrière sur mauvaise route.

Comme les gens qui s’intéressent à ce modèle ont des goûts pour le moins classiques en fait de mécanique et de comportement routier, il est donc normal que cette grosse Mercury soit dotée d’une silhouette rétro avec ses flancs plats, sa ceinture de caisse plutôt basse et son énorme pare-chocs avant qui semble avoir pour but d’allonger les mensurations hors tout de cette voiture.

Que d’espace !

Avec une longueur hors tout de 538 cm, il n’est pas surprenant de pouvoir prendre vos aises dans l’habitacle, tandis que les 583 litres du coffre à bagages ne vous obligent pas à devoir être un champion du voyage avec petite valise. Tous les occupants pourront traîner tout ce qu’ils veulent et même une couple de sacs de golf pour faire bonne mesure. Il faut souligner au passage que la Ford 500 est de dimensions moindres que cette Mercury, mais propose une meilleure habitabilité et un coffre à bagages plus pratique.

Curieusement, les cadrans indicateurs du tableau de bord sont de type numérique et analogique avec de gros chiffres pour afficher la vitesse. Sans doute un témoignage de l’âge moyen des acheteurs. Si vous n’avez jamais possédé un véhicule datant des années 70, il suffit de jeter un coup d’œil sur le tableau de bord de la Grand Marquis pour savoir de quoi il en retourne. Et puisque ce modèle peut être livré avec une banquette avant, pas question d’avoir une console centrale. L’énorme partie centrale du volant vous informe que les ingénieurs n’ont pas investi une minute à la recherche d’un coussin gonflable plus petit. Ce volant doit être bien ancré, car le conducteur doit s’y cramponner souvent aussi bien en raison du manque total de support latéral du siège que du roulis prononcé qui accompagne tout changement de direction quelque peu dynamique. Il faut de plus un certain temps pour s’accommoder de la direction engourdie qui éponge pratiquement tout feedback de la route. Cette berline est donc plus à l’aise sur les autoroutes alors que son empattement long, son insonorisation supérieure à la moyenne et sa suspension confortable vous font apprécier cet agencement lors de longs trajets. Dans ces circonstances, l’agrément de conduite fait place au confort. Il ne faut pas oublier non plus que malgré une direction amorphe et le roulis en virage, cette Mercury est capable de se débrouiller en fait de tenue de route, pour autant que le pilote soit capable de s’accrocher au volant dans les courbes.

feu vert

Habitabilité
Mécanique éprouvée
Grand coffre
Tenue de route saine
Silence de roulement

feu rouge

Roulis en virage
Silhouette rétro
Dimensions encombrantes
Direction engourdie

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