Étiez-vous au courant… que nous n'avons aucun contrôle sur le pétrole?

Depuis le début de l’année, le pétrole a fait les manchettes à de multiples reprises et pour différentes raisons. Si vous vous sentez impuissants face au pétrole, sachez que ce n’est pas qu’une impression. C’est la réalité.

Aucun contrôle sur le prix du pétrole

De 1,25 $ le litre en début d’année à 1,50 $ en milieu d’année à 1,10 $ en fin d’année, il fut extrêmement difficile pour les consommateurs de planifier leurs dépenses de carburant en 2018.

Ceci a pu rendre certaines fins de mois plutôt difficiles, d’où la colère mêlée au sentiment d’impuissance des gens lorsque le prix de l’essence a augmenté de manière aussi brusque qu’inexplicable. Je vais même faire une prédiction : attendez-vous à une autre hausse soudaine d’ici les prochaines semaines!

Aucun contrôle sur la provenance du pétrole

À l’automne 2017, le chef du parti conservateur albertain, M. Jason Kenney, affirmait ce qui suit lorsque le projet d’oléoduc Énergie Est a été abandonné : « C’est tragique pour le Canada et pour le Québec. À cause de cette décision, le Québec, les Québécois vont continuer d’acheter et consommer le pétrole des pires régimes du monde, de l’Arabie saoudite, du Venezuela, des dictatures, des pays sans droit de la personne... »(1)

Qu’en est-il réellement?

Selon le rapport annuel L’état de l’énergie 2019 (2) publié la semaine dernière, près de 94% du pétrole consommé au Québec au 30 juin 2018 provenait du Canada (53%) et des États-Unis (40%), ce qui prouve que nous n’avons nul besoin de cet oléoduc pour être approvisionné en pétrole de l’ouest canadien.

Ceci démontre de plus qu’aucun pétrole consommé chez nous ne provient d’Arabie Saoudite ou du Venezuela… ce qui était d’ailleurs déjà le cas lorsque M. Kenney a fait cette déclaration.

Mais même si nous voulions nous approvisionner en pétrole d’un autre endroit, nous ne le pourrions pas car nous n’avons aucun contrôle sur la provenance du pétrole et passer à une autre station-service n’y changera rien.

Aucun contrôle sur le type de pétrole

En 2017, le pétrole de schiste représentait 50% de la production totale de pétrole des États-Unis (3) pendant que deux tiers de la production pétrolière canadienne provenait des sables bitumineux. Or, ces deux types de pétrole non conventionnel polluent plus et émettent plus de gaz à effet de serre (GES) par baril que le pétrole conventionnel et il est prévu qu’ils occuperont une part de plus en plus importante de la production nord-américaine au cours des prochaines années.

L’état des réserves de pétrole brut albertain tel que publié sur le site de Ressources Naturelles Canada (4) en donne d’ailleurs un bon aperçu:

  • 1,8 milliards de barils de pétrole brut conventionnel
  • 166 milliards de barils de pétrole bitumineux
  • 423,6 milliards de barils de pétrole de schiste (et de siltite)

Plus de 99% des réserves de pétrole albertain sont donc constituées de pétrole non conventionnel. Comme une proportion croissante du carburant qui se retrouve dans les véhicules au Québec provient de ce pétrole non conventionnel, cela se traduit par une augmentation de la pollution de ceux-ci dans leur cycle de vie complet.

Rouler électrique pour reprendre le contrôle

Non seulement nous n’avons aucun contrôle sur le prix, la provenance et le type de pétrole que nous mettons dans nos voitures, mais l’importation de ce pétrole a coûté plus de 7,5 G$ aux Québécois en 2016.

Lorsque nous passons à la voiture électrique, nous brisons ce cycle funeste car nous consommons de l’électricité :

  • Qui est beaucoup moins chère « à la pompe » que l’essence.
  • Dont le prix ne fait jamais le yoyo à toutes les semaines car il est revu une fois l’an
  • Produite très majoritairement (environ 90%) au Québec (5)
  • Dont les revenus demeurent au Québec, ce qui contribue à enrichir collectivement les Québécois
  • Qui est à 99% renouvelable, diminuant du coup les GES et la pollution atmosphérique
  • Qui crée des emplois de qualité chez nous

Rouler en véhicule électrique au Québec, ça veut donc dire reprendre collectivement un certain contrôle sur notre énergie et notre économie, tout en aidant notre environnement.

  1. https://www.tvanouvelles.ca/2017/10/09/jason-kenney-souhaite-exclure-le-quebec-de-la-perequation
  2. http://energie.hec.ca/wp-content/uploads/2018/12/EEQ2019_WEB1.pdf
  3. https://www.eia.gov/tools/faqs/faq.php?id=847&t=6
  4. https://www.rncan.gc.ca/energie/sources/schiste-reservoirs-etanches/17689
  5. http://www.hydroquebec.com/production/
Partager sur Facebook

Plus sur le sujet

ÉlectriqueÉtiez-vous au courant… que nous ne demeurons pas si loin du travail?
Plusieurs personnes étant sceptiques quant à la possibilité pour eux de se déplacer autrement qu’en véhicule personnel à essence, les statistiques suivantes ont de quoi faire réfléchir. 80% parcourent 20 kilomètres ou moins par jour Selon une analyse de Mobilité Électrique Canada et du Centre National de Transport Avancé, environ …
ÉlectriqueÉtiez-vous au courant… que vous devez pouvoir brancher votre voiture?
Dans le cadre de cette toute nouvelle chronique intitulée Étiez-vous au courant? , Daniel Breton tentera de démystifier l’électrification des transports sous toutes ses formes. Diplômé en gestion durable du carbone, Daniel Breton a été ministre de l’environnement du Québec et responsable de la stratégie gouvernementale d’électrification des transports. Il …
ActualitéComment le prix du pétrole peut-il être «négatif»?
L'incursion des prix du baril de pétrole nord-américain en territoire négatif est imputable à des phénomènes de marché ponctuels, même si la pandémie de coronavirus et la guerre entre grands pays producteurs laissent augurer des cours durablement bas. À première vue, le chiffre défie le bon sens: lundi à New …

À lire aussi

Et encore plus

En collaboration avec nos partenaires