L'Amérique en Tesla, deuxième partie

La voiture électrique inquiète bien des gens. Aux yeux de plusieurs, elle impose un stress difficile à supporter en raison d’une autonomie qui oblige à voyager différemment.

La plus autonome d’entre elles, la Tesla Model S, réussit à calmer les inquiétudes, mais encore faut-il dénicher les bornes de ravitaillement permettant de recharger les batteries à un intervalle variant de 375 à 425 kilomètres. Le Québécois Stéphane Pascalon, propriétaire d’une Tesla Model S et président du club éponyme, a voulu démontrer qu’il est possible de franchir de longues distances avec un minimum de précautions. Il s’est donc lancé dans l’aventure de rallier la Californie à partir du Québec et d’en revenir, sans consommer une seule goutte d’essence. Voici son journal de bord. (Jacques Duval)  

Un paradoxe 

Lors du premier volet de ce périple, notre Tesla S nous a emmenés de Montréal au Montana… Les différents paysages traversés nous ont poussés à certaines réflexions. Les champs de maïs s’étendant à perte de vue sous les éoliennes, c’est très beau et si ça ne dérange pas les fermiers, c’est une très bonne source d’énergie.

Par contre, pour le Wyoming, dans une région construite par des pionniers, lesquels prenaient des risques pour aller de l’avant il y a 100 ans, on voit aujourd’hui des mines de charbon à ciel ouvert, des forages pétroliers… et pas une seule éolienne, pas un panneau solaire… et pas de voiture électrique. Dans l'un des États où l’électricité coute le moins cher aux États-Unis, une voiture électrique est presque une aberration pour les habitants…

Leçon à retenir de tout cela : rien ne sert d’être un pionnier un jour si on ne l’est pas toujours, si l'on arrête d’évoluer. Aussi est-il important que nous, les pionniers de l’auto électrique, pensions régulièrement à faire progresser les transports propres. Assurons-nous que dans 100 ans, les autos électriques seront faciles à utiliser par tous, et ne seront plus réservées à des passionnés qui aiment bien compter les kilomètres et les kilowatts.

Après la montagne, passage dans un très beau canyon, puis arrivée dans un plateau semi-désertique qui a lui aussi fait ressortir un paradoxe : pourquoi se plaint-on des éoliennes qui dénaturent le paysage quand on voit des pompes à pétroles qui le dénaturent encore plus?

Ce qui surprend davantage, c’est qu’autour de ces pompes à pétrole, un réseau de poteaux et de fils électriques assez imposant est planté là pour amener de l’électricité afin de pomper du pétrole qui reproduira de l’électricité dans certains cas… Il est évident que d’utiliser directement l’électricité serait plus judicieux.

Autonomie de 490 km

La descente des montagnes vers Bear Lake, dans le Utah, nous a permis de couvrir 453 km sans recharge, ce qui veut dire que nous avons parcouru une distance sur une charge supérieure au rated range (distance estimée) de départ!

Considérant qu’il restait 39 km au départ, ce qui donne une autonomie de  490 km sur une charge, si notre point d’arrêt était au 0 de la charge. Bref, plus de 300 milles d'autonomie avec une voiture chargée, et l’air climatisé qui fonctionne toute la journée.

Le trajet vers Salt Lake s’est passé avec une petite inquiétude à cause d'un message au tableau de bord. En effet, le capteur de pression d’un pneu s’entêtait à afficher qu’un pneu « need service ». À l’arrêt suivant, le message avait disparu. Le service de Tesla nous a mentionné que si le message ne persistait pas, il ne fallait pas s’inquiéter. Peut-être la variation de pression suite à la descente?

Après ce record sur une charge, nous avons battu celui de la distance en une journée en rejoignant Elko, Nevada (565 km), puis le lendemain, Foster City, Californie (banlieue de San Francisco), soit 886 km. Comment? Grâce à une vitesse lente et à des descentes, mais surtout grâce au premier superchargeur!

Des chiffres révélateurs

Qui dit superchargeur, dit 90 kW de charge, ou plutôt, 7 à 8 km d’autonomie en plus à la minute. C’est incroyable, et très apprécié!

Du coup, pour optimiser les 40 minutes nécessaires a la charge complète, nous avons dû nous dépêcher de manger, chose que nous ne savions plus faire après avoir pris l’habitude de passer entre 3 et 5 heures de charge les autres jours, ce qui nous laissait amplement le temps de nous sustenter.

Nous avons roulé sans regarder les distances pour finir la journée… Génial! Le superchargeur enlève à la voiture électrique les calculs d’autonomie et de charge qu’elle impose régulièrement ailleurs. En 2015, ce même voyage sera sûrement différent. En janvier 2014, notre trajet était déjà presque totalement couvert par des superchargeurs (70 en tout).

Bref, c’est la Californie! Première rencontre avec une autre Tesla sur la route depuis notre départ… Finalement, on a fini par en croiser 3 en une journée, du jamais vu!

Bilan pour rejoindre la Californie depuis Montréal : 6,051 km, 1 026 kWh.
Dépense pour l'électricité depuis le départ = 31$. Ce montant a été obtenu grâce aux généreux commerçants qui, en échange d’une nuit ou d’un repas, nous ont offert des charges gratuites, ce qui rend le trajet encore moins cher que le cout réel d’électricité.

Encore des chiffres…

31 $ pour 6,051 km, c’est 0,5 $ pour 100 km. Ou, si vous préférez calculer autrement, pour le prix d’un litre d’essence, nous avons fait 300 km. Ce cout d’énergie permet de rentabiliser le cout d’achat initial du véhicule.

Si nous avions payé les 1 026 kWh au prix de l’énergie électrique au Québec (0,084 $ du kilowattheure taxes incluses), cela aurait couté approximativement 85 $ pour 6,051km…

Maintenant un autre calcul, d’un point de vue purement énergétique, 1 026 kWh, c’est la même énergie que 105 litres d’essence environ (selon le type d’essence). Financièrement, on parle de 150 $ d’essence, ce qui revient à dire que le pétrole coute presque 2 fois plus cher que l’électricité.

Pour une voiture qui fait 8,0 litres aux 100 km, 105 litres permettraient de rouler à peu près 1 300 km, nous en avons parcouru 6 000 pour la même quantité d’énergie. Le rendement énergétique de la voiture électrique est donc 4 fois supérieur à celui d’une auto à essence.

Une énergie 2 fois moins chère avec un rendement 4 fois meilleur, c’est donc 8 fois moins cher. Cela se vérifie ainsi : 6051 km à 8,0 l/100 km, c’est 485 litres, à 1,40$ le litre. On arrive à un total de 680 $. (680 divisé par 8 = 85$, ce que nous avons dépensé.)

Conclusion : Au Québec, chaque kilomètre en auto électrique est 8 fois moins cher que l’essence!

La suite de l’odyssée Tesla la semaine prochaine!

Stéphane Pascalon, www.clubteslaquebec.ca

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