Hyundai Genesis 2012: Entre deux chaises

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2012

« Char de mon’oncle » ou berline sportive? La Hyundai Genesis devra éventuellement choisir. En attendant, il en manque encore un peu à celle qui a pourtant été la saveur du mois à son lancement, il y a trois ans. Et ce, malgré des motorisations plus puissantes proposées pour 2012.
Qu’apporte la nouvelle année modèle? La Genesis quatre portes voit son V6 de 3,8 litres s’enrichir de l’injection directe et de 43 chevaux, portant ainsi le total à 333. Quant au V8 de 4,6 litres, il est remplacé par un 5,0 litres offrant 11% plus de puissance, soit 429 chevaux. Le tout est nouvellement transigé par une boîte automatique à huit rapports (deux de plus que précédemment), pour une consommation 5% moindre sur l’autoroute avec le V6, mais 2% plus gourmande qu’avant pour le V8.

Nous vous avons toujours dit que le V6 faisait du bon boulot, au point de rendre le V8 inutile. Ça n’a pas changé. La motorisation de base est douce, puissante, linéaire et elle assure suffisamment de vigueur aux roues arrière pour propulser les presque deux tonnes métriques sans coup férir. Les huit rapports se passent sans que l’on s’en rende compte (ce qui brise l’excitation, cependant). Plus puissant que ça, ça reste du gaspillage.

D’autant plus que pour la « grosse » Genesis 5.0 R-Spec (sa nouvelle appellation), le raffermissement des amortisseurs, d’environ 30% dit-on, n’annule pas tous les rebonds mollassons de la suspension à multibras. Même que la balade se fait plus rugueuse qu’avec la variante V6, tout en ne gommant pas les petites aspérités de la route. La solution? Comme le contrôle manuel de la suspension est hors de question – Hyundai n’en est pas encore là –, il faut se rabattre sur la Genesis V6 : plus neutre, sa suspension accorde un compromis fermeté/confort nettement plus agréable. Ne resterait qu’à donner un peu d’âme à la direction, qui n’est pourtant pas électrique, et le résultat serait – presque – parfait.

On aurait pris…

La mise à niveau de la berline passe, esthétiquement, par des phares avant à DEL, une tombée de calandre à la prise d’air plus contemporaine, des bas de caisse plus marqués, des phares arrière mieux dessinés et des échappements désormais intégrés au pare-chocs. Évidemment, on garde la grille-mystère sur laquelle le logo Hyundai n’apparaît pas. Ce n’est peut-être rien pour déplacer les montagnes, mais comme la Genesis arbore déjà une silhouette racée qui plaît à l’œil, il aurait été dommage de la dénaturer.

On s’attendait toutefois à davantage de technologies. Après tout, la concurrence propose des avertisseurs d’angles morts, des systèmes pré-collision ou la traction intégrale. Pourtant, toujours rien pour la berline coréenne qui se dit de luxe. On a certes ajouté des sièges chauffants à l’arrière et le régulateur de vitesse intelligent l’an dernier, mais pour 2012, outre le détecteur de changement de voie – un foutu système qu’on s’empresse de désactiver, qu’importe la marque ou le modèle –, pas d’autre percée.

Si seulement l’AWD s’était pointé le bout du nez, la voiture se serait peut-être montrée plus assurée lors de notre passage dans la Vallée de Feu du Nevada. Le problème relevait-il d’un système de stabilité trop acharné? Ou est-ce la pilote qui n’a pas les talents des Gabriel Gélinas et Marc Lachapelle de ce monde? Peu importe, certains virages ne s’effectuaient pas avec autant de confiance et d’assurance que souhaité.

On aurait également pris une direction plus substantielle, de même qu’un volant plus gros en main. On aurait aussi aimé, même si ça n’avait été que pour la 5.0 R-Spec, le passage des rapports au volant. Ce n’est pas le cas. Même que le mode manuel au levier ne mise sur aucune programmation spéciale plus agressive. En plus, il n’y a pas de son grondant qui s’extirpe de l’échappement pour nous donner l’ampleur des 429 chevaux sous le capot. Comment se targuer d’être une voiture de performance R-Spec, alors?

Ni l’une, ni l’autre

La Genesis tente une incursion du côté de la sportivité quand, de fait, elle était et reste, malgré la puissance additionnelle attribuée pour 2012, une berline de « mon’oncle ». Je n’ai rien contre les berlines de « mon’oncle », ni contre les « mon’oncles » eux-mêmes. Bien au contraire, il y a des avantages au grand confort intérieur, au luxe des matériaux, à l’excellente insonorisation, au bon dégagement tant à l’avant qu’à l’arrière – toutes des qualités dont peut se targuer la Genesis. Autres qualités : les commandes sont plus simples à apprivoiser qu’ailleurs – on est loin de la complexité des Allemandes – et tout est au poil dans l’habitacle. On ne reproche qu’une instrumentation difficile à lire sous le soleil et un coffre qui, bien que dans la très bonne moyenne avec ses 450 litres, n’accepte pas d’en offrir davantage, puisque la banquette ne se rabat pas. Mais il reste que la conduite de la Genesis n’est pas incisive et que la traction intégrale manque cruellement à l’appel. Toutefois, la donne pourrait changer bien vite là-dessus.

Sinon, pour le prix, et selon la tradition, la berline coréenne s’amène mieux équipée que la plupart, surtout dans sa variante V6 Premium. Il faut juste faire avec une expérience de conduite qui n’envoie aucun frisson dans le bas de la colonne.

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