Porsche 911 turbo / GT2, immortelle 911 !

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2003

Elle ne s'arrêtera donc jamais, cette 911 ? Une configuration désuète depuis plus de 40 ans, mais qui soulève encore la passion des inconditionnels de la marque de Stuttgart ; une formule basée sur l'entêtement et le suprême savoir-faire des ingénieurs qui continuent de trouver des moyens de perfectionner cette voiture à nulle autre pareille.

En effet, la 911 est désuète ! Un moteur à l'arrière? une formule qui a totalement disparu du paysage automobile, remplacée soit par la formule Mini du tout-à-l'avant, soit par le moteur central dans les voitures sport pures et dures ou encore par le classique mais encore efficace moteur avant-propulsion dans les grandes berlines et dans un bon lot de voitures sport.

Malgré tout, la 911 continue de faire bande à part. Même Porsche, à bout de souffle dans les années 70, essaya de s'en débarrasser en créant les 924, 928 et 944, des sportives modernes et parfaitement équilibrées. Mais les fervents protestèrent ; les nouvelles venues étaient « trop faciles à conduire », n'avaient pas le ? mauvais ? caractère de la 911. Bref, la 911 revint et Porsche se résolut à ne jamais plus toucher à « LA Porsche ». Sauf pour l'améliorer, pour la rendre plus conviviale, moins pointue, moins délicate à conduire, en somme, plus à la portée du conducteur moyen mais non moins fortuné. L'électronique et le génie des ingénieurs aidant, la 911 réussit à gommer son côté désuet et à redevenir le rêve des grands et des petits, comme elle le fut à ses débuts dans les années 60.

L'ultime 911

Tout Ça pour vous dire que la Turbo et la GT2 sont les dernières évolutions de cette 911 qui refuse de mourir. La Turbo étant la 911 intégrale au comportement diaboliquement civilisé et la GT2, la 911 faite véritablement pour la piste mais capable de vous transporter chez Wal-Mart ? pardon, chez Chanel. Une 911 GT2 qui se paie la tête ? ou la calandre, si vous préférez ? de tout ce qui roule, depuis les légendaires Ferrari jusqu'aux redoutables Viper GTS et Corvette Z06. Regardez-moi un peu ces chiffres : 0 à 100 km/h en 3,85 secondes ; vitesse de pointe à 315 km/h. Pour mieux vous situer : le temps que vous arriviez à 100 km/h au volant de votre Toyota Echo, la GT2 approche déjà les 200 km/h (0 à 200 km/h en 12,9 secondes) ! Avouez que c'est pratique? pour aller chez Wal-Mart !

Le secret de la 911 GT2 ? En deux mots : plus de puissance, moins de poids. En effet, le sublime 6 cylindres à plat de 3,6 litres de la 911 Turbo se trouve dans le « coffre » arrière de la GT2, mais les deux turbocompresseurs soufflent à une pression de 14,5 lb-po2 au lieu de 11,76, poussant la puissance à ? tenez-vous bien ? 456 chevaux et le couple à 457 lb-pi (contre 420 ch pour la Turbo).

Régime minceur

Deuxième domaine d'intervention des ingénieurs Porsche : le poids. Se donnant pour objectif d'alléger la GT2 d'au moins 100 kg, Porsche a tout simplement amputé la partie avant de la transmission intégrale équipant la 911 Turbo et éliminé certains équipements dits « de luxe », sans toutefois trop nuire au caractère routier de la GT2. Mentionnons aussi les disques de frein en céramique qui, à 16,6 kg, pèsent 50 % de moins que des freins comparables en métal. Moins de poids non suspendu = meilleure tenue en virage. N'étant pas en métal, ces disques ne rouilleront pas non plus, ce qui saura rassurer les innombrables automobilistes qui comptent se servir de leur GT2 en hiver?

Et comme tout constructeur sérieux, Porsche s'est aussi efforcé de revoir les suspensions et les freins de sa féroce GT2, question de les garder à la hauteur des performances ahurissantes du moteur. C'est ainsi que la géométrie et les éléments de suspension sont revus et adoptent, dans plusieurs cas, des solutions issues directement de la course : amortisseurs et ressorts plus durs et réglables, barres antiroulis réglables. Évidemment, le moindre cahot vous fera perdre votre dentier et secouera impitoyablement les parties délicates de votre corps. Remède : roulez ailleurs qu'au Québec.

Et puisque la GT2 atteint des vitesses comparables à celles de décollage d'un avion de ligne, l'aérodynamique a aussi reÇu une attention particulière, d'une part pour mieux plaquer l'avant et l'arrière au sol et d'autre part pour favoriser l'évacuation des quantités phénoménales de chaleur qui se dégagent des radiateurs d'eau du moteur, des échangeurs d'air des turbos, des freins, de la boîte à 6 vitesses, etc.

À traiter avec respect

Redevenue propulsion (au lieu de l'intégrale), la GT2 retrouve le caractère délicat de la 911 d'origine et exige de son pilote (simples conducteurs, s'abstenir) un fin doigté et un pied droit habitué aux man?uvres g-r-a-d-u-e-l-l-e-s. Si la Turbo s'accommode encore des maladresses au volant, la GT2 vous enverra promener sans autre forme de procès si vous vous amusez à la brusquer. Sous-virage, suivi de virage neutre, suivi de survirage vous tiendront sur vos gardes et, si vous y réussissez, vous imprimeront sur le visage un sourire béat de satisfaction, doublé d'un plaisir assurément obscène.

Obscène, comme le prix de cette incomparable machine issue directement d'un temps où le ballet du pied droit et du pied gauche sur les trois pédales devait s'accompagner du mouvement vif mais gracieux des mains sur le volant et le pommeau du levier de vitesses. C'était avant que l'automatisme et l'électronique nous réduisent à l'état de conducteur-légume. Le temps de l'immortelle 911.

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