Chevrolet Epica, l'excentrique de la famille

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

Si vous prenez le temps d’examiner la gamme de modèles de Chevrolet, tous ont une certaine continuité de taille, de mécanique et de prix. Pourtant, l’Epica fait quelque peu bande à part autant en raison de ses dimensions et de son prix qui la rapprochent de la Malibu, que par sa motorisation qui n’a absolument rien à voir avec les autres modèles de cette marque. Bref, elle détonne passablement et la question se pose automatiquement : qu’est ce que l’Epica vient faire sur notre marché ?

Après avoir tenté en vain de me faire expliquer par des représentants de la marque qui n’avaient que de vagues suggestions et peu d’explications, j’ai essayé de trouver une raison logique à sa présence exclusive au Canada. La seule qui me vient à l’esprit - et pas nécessairement la plus éclairée - consiste à croire que cette Chevrolet pour le moins originale est importée au Canada pour de simples raisons de quotas de production, et pour amortir les coûts de production et d’homologation de sa soeur jumelle la Suzuki Verona. En effet, les deux constructeurs sont partenaires dans la reprise de Daewoo et se partagent des modèles produits en Corée. Par exemple, les Chevrolet Aveo et Suzuki Swift sont presque identiques, à quelques garnitures de chrome près.

Design italien

Lorsqu’on nous annonce que la silhouette d’une voiture a été dessinée dans un studio italien situé dans la banlieue de Turin, il est facile de conclure que nous allons découvrir une voiture aux lignes spectaculaires et dont le design fera époque. C’est sans doute vrai pour les Ferrari, Lamborghini et autres bolides exotiques, de même que certaines Alfa Romeo. Mais les dessins commandés par les constructeurs asiatiques sont souvent beaucoup plus génériques. Ces grandes maisons de stylisme doivent se conformer aux besoins et demandes des clients, et l’Epica est un bel exemple de « design alimentaire » de la part des studios italiens afin de pouvoir engranger les profits.

Tout ce préambule pour vous informer que cette coréenne devenue canadienne d’adoption doit sa silhouette à ItalDesign. À défaut d’être spectaculaire, celle-ci est bien équilibrée et répond aux attentes des clients orientaux dans cette catégorie. C’est un design qui ne choque pas l’œil, qui respecte les tendances du jour, mais qui n’est certainement pas accrocheur. Par contre, votre Epica sera toujours dans le coup sur le plan visuel d’ici quelques années.

La planche de bord est de la même cuvée et elle est tout ce qu’il y a de plus traditionnel. Les buses de ventilation sont placées juste au-dessus des commandes de climatisation tandis que la radio est juste au-dessous. Celle-ci est par contre suffisamment haute pour ne pas interférer avec le levier de vitesses. Soulignons au passage que celui-ci serpente une grille de sélection inspirée de celle des anciennes Mercedes et son utilisation n’est pas toujours conviviale. Avouez que ça donne une petite touche de luxe, même si c’est plus ou moins agréable. Et il faut s’y habituer puisque c’est la seule transmission offerte. Cette unité à quatre rapports est assez bien étagée bien que les changements de vitesse soient assez lents. La même chose pour le rétro contact qui semble prendre un certain temps avant de faire rétrograder la boîte de vitesses.

D’est en ouest

Les véhicules équipés d’un moteur de six cylindres en ligne monté transversalement sont rarissimes. À ma connaissance, il y a les Volvo S80, XC90 et le Chevrolet Epica. Mais tandis que ceux proposés par le constructeur suédois produisent une imposante cavalerie, celui de la Chevy est beaucoup plus modeste. Selon la fiche technique, nous disposons de 155 chevaux. Mais en conduite il semble qu’un certain nombre de ces équidés refusent de collaborer puisque les accélérations et les reprises ne portent pas à croire que le moteur soit aussi puissant. Pour en obtenir des performances acceptables en fonction du prix et de la catégorie, il faut quelquefois avoir le pied lourd et obtenir un régime moteur élevé. Une situation qui ne convient pas tellement au caractère bourgeois de cette berline. Quoi qu’il en soit, il est possible de boucler le 0-100 km/h en dessous de la barre des 10 secondes tandis que le 80-120 km/h s’effectue en moins de neuf secondes. À titre de comparaison, la Chevrolet Malibu réussit ces mêmes exercices avec une seconde de moins dans chaque cas et sans martyriser le moteur. Toutefois, la disposition en ligne des cylindres de l’Epica assure une grande douceur et une absence de vibrations. De plus, sa consommation observée est plutôt raisonnable avec une moyenne de 10 litres aux 100 km.

Le comportement routier est correct pour autant que vous ne rouliez pas à tombeau ouvert. Si vous respectez les limites de vitesses affichées sur les routes secondaires, cette bourgeoise s’acquittera de sa tâche sans coup férir, et sa suspension confortable vous laissera croire que les routes du Québec ne sont pas en si mauvais état. Par contre, enfoncez l’accélérateur, prenez les courbes serrées à grande vitesse et vous découvrirez immédiatement les limites de la voiture. De plus, les pneumatiques d’origine ne sont pas très efficaces. La même remarque s’applique à la conduite sur les autoroutes alors que la voiture est confortable, silencieuse et agréable jusqu’à une vitesse de 120 km/h. Par la suite, les limites du châssis et de la mécanique deviennent plus évidentes.

Somme toute, l’Epica est une voiture bien équipée tant sur le plan de l’habitacle que de la mécanique. Les freins à disques aux quatre roues sont de série tandis que l’ABS est optionnel sur le modèle de base et de série sur la version LT.

Feu vert

Équipement complet
Silhouette équilibrée
Bonne habitabilité
Dossier arrière rabattable
Consommation rassurante

Feu rouge

Pneumatiques moyens
Roulis en virage
Moteur essoufflé
Valeur de revente inconnue
Fiabilité à long terme non établie

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