Oldsmobile Toronado 1967, sur les genoux de papa!

1967, c’était l’année de l’amour, c’était l’année de l’Expo.  Mais, pour le jeune Bertrand Marcoux, c’était le plaisir de conduire la nouvelle Oldsmobile Toronado de papa, assis sur ses genoux…

Quarante-quatre années plus tard, l’ex jeune Marcoux possède une Toronado 1967.  Bien que cette Oldsmobile ait été achetée dans une condition quasiment parfaite, elle a tout de même subi une restauration en règle et le souci d’authenticité a toujours primé.  L’union fait la force dit-on et trois générations de Marcoux ont contribué au brillant résultat. Même si la Toronado 1967 n’a été produite qu’à 21 790 exemplaires, la plupart des pièces requises pour sa restauration n’ont pas été difficiles à trouver.

Mais commençons par le commencement…

 Durant son histoire, Oldsmobile a souvent été une vitrine technologique pour General Motors (Quelques exemples : Curved Dash 1901, première voiture produite en série; 1937, introduction d’une transmission semi-automatique à quatre rapports; 1940, première transmission entièrement automatique (Hydramatic); 1949, moteur Rocket avec soupapes en tête).  La Toronado n’est donc qu’une suite logique dans l’histoire d’Oldsmobile.  En 1966, année de son lancement, elle est la première traction avant américaine depuis la Cord de 1936. C’est aussi la traction la plus imposante jamais créée. Ce qui ne surprend guère de la part des Américains!

Contrairement aux petites voitures mues par les roues avant qui possèdent un moteur monté transversalement, la Toronado doit recevoir le sien, un immense V8, de façon longitudinale. Mais alors, comment relier la transmission, située à l’arrière du moteur, aux roues avant? Les ingénieurs doivent donc recourir à certaines astuces.  Le convertisseur de couple est placé derrière le moteur tandis que la transmission elle-même est localisée sous la rangée de cylindres gauche.  Les ingénieurs créent une chaîne spéciale, très robuste, qui permet de transmettre le couple du moteur à la transmission.  Et pour s’assurer que cette chaîne allait être fiable, les essayeurs ont parcouru pas moins de 2 500 000 kilomètres avant la mise en marché.  D’ailleurs, on dit que le projet Toronado a demandé pas moins de sept années de développement. Grâce à ce stratagème, le moteur est situé juste au-dessus des roues avant, ce qui améliore la traction. De façon surprenante, le poids de la voiture est passablement bien réparti (54% à l’avant / 46% à l’arrière)

Comme sur toute voiture américaine de luxe de l’époque, la Toronado reçoit un gros V8.  Dans ce cas, il s’agit d’un V8 Super Rocket de 425 pouces cubes développant pas moins de 385 chevaux et 475 livres-pied de couple.  Quant à la consommation d’essence, il est préférable de ne pas trop en parler! La Toronado est une telle réussite technique que, dès l’année suivante, en 1967, Cadillac n’hésite pas à adopter cette configuration pour sa nouvelle Eldorado.

Révolutionnaire... mais pas partout!

Si la configuration technique de la Toronado s’avère en avance sur son temps, la transmission automatique Turbo HydraMatic à trois rapports, elle, fait preuve de moins d’audace!  Tout comme les freins à tambour assistés aux quatre roues qui n’auraient su résister à une utilisation abusive.  On se souviendra qu’en 1967, les freins à disque à l’avant étaient une option bien peu populaire… Capable de performances étonnantes malgré son poids très imposant (près de 4 500 livres, environ 2040 kg), l’Oldsmobile Toronado assure un confort de première classe à ses occupants.  À l’avant, on retrouve une suspension à barres de torsion tandis que la partie arrière est suspendue par un essieu rigide soutenu par des ressorts à lames.

Le style général de la voiture, bien qu’il soit différent de tout ce qui avait déjà été vu à Détroit, plait aussitôt au public même si cela ne se traduit pas toujours en termes de ventes. Il faut dire que la Toronado n’est pas une voiture de grande diffusion.  Si la voiture est esthétiquement si bien réussie, c’est que son designer n’est nul autre que Bill Mitchell qui s’était fait la main avec la Corvette Split Window 1963, un classique. Quelques années plus tard, on devra à ce talentueux dessinateur une certaine Mustang Boss 302. Parmi les particularités de la Toronado, mentionnons le compteur de vitesse qui prend la forme d’un barillet plutôt que d’un cadran traditionnel.  Ce détail avait beaucoup impressionné le jeune Bertrand alors qu’il conduisait sur les genoux de son paternel.
Lorsqu’elle est apparue en 1966, l’Oldsmobile Toronado a marqué l’histoire de l’automobile américaine.  D’ailleurs, l’influent magazine Motor Trend n’avait pas hésité à lui décerner le prix de voiture de l’année 1966.

Une bien triste fin

En 1967, les changements sont à peu près inexistants, ce qui n’a rien de surprenant. Seule la grille de radiateur est modifiée. L’année suivante, le style de la Toro est modifié mais pas nécessairement de manière heureuse. La première génération de cette voiture exceptionnelle se terminera en 1970. En fait, le nom Toronado (un nom qui n’aurait pas de signification particulière, son seul avantage a sans doute été de ressembler à tornado-tornade en français) perdure jusqu’en 1992. À ce moment, la voiture ne se démarque plus réellement de ses contemporaines. Elle est devenue plus petite, moins aguichante, bref, elle meurt dans l’indifférence. Dommage. Une telle voiture aurait mérité un bien meilleur sort.

Aujourd’hui, la première génération de la Toronado est la plus recherchée des collectionneurs. Encore méconnue, cette voiture mérite toute notre attention.  Bertrand Marcoux l’a compris depuis longtemps…

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