CC&F Brill 1952, restaurer le transport en commun

La planète est malade.  L’économie aussi.  Pour aider à guérir la planète, chacun peut faire son petit effort.  Comme prendre l’autobus.  Quant à l’économie, elle en mettra plus d’un à pied.  Une autre raison de prendre la bus, comme on dit.

Tout comme le taxi, l’autobus (autobus est un nom masculin, soit dit en passant) est apparu avant l’automobile.  Les premiers autobus dateraient de… 1654!  À cette époque, la ville de Londres en Angleterre, ne parvenait plus à contrôler efficacement le nombre de chevaux avec carrioles qui affluaient chaque jour.  La solution consistait alors à embarquer plusieurs personnes dans un seul véhicule… l’autobus, bien que mû par la traction animale, venait de voir le jour.  À bien y penser, nos problèmes de congestion ne datent pas d’hier. Les solutions non plus…  Le nom autobus provient d’omnibus (« pour tous » en latin).  Lorsque l’omnibus a pu se mouvoir par ses propres moyens, il fut baptisé autobus.

Il y a des autobus plus importants que d’autres…

Au fil des années, l’autobus a évolué.  À Londres, on lui a rapidement ajouté un deuxième étage.  Court, moyen, long, scolaire, de luxe, articulé, à plancher bas, nommez-en des variantes! L’autobus fait même l’Histoire lorsque le 1er décembre 1955, Rosa Parks, une afro-américaine de Montgomery refuse de laisser sa place à un homme blanc.  La lutte contre la ségrégation raciale venait de prendre une nouvelle tournure.  Cet autobus est exposé au musée Henry Ford de Dearborn, Michigan.

Partout dans le monde, des entreprises se sont spécialisées dans la fabrication d’autobus.  Chez nous au Québec, on retrouve, notamment, Drolet (1916 à 1932) et Prévost Car, devenu Nova Bus.  Même si bien peu de gens s’en souviennent aujourd’hui, la Canadian Car & Foundry (CC&F), dont le siège social se trouvait à Montréal, fut aussi un important manufacturier d’autobus.  L’usine de la CC&F qui produisait les modèles CD était située à Fort William, en Ontario (maintenant Thunder Bay) tandis que l’usine de Lachine produisait la série TD (en très petite quantité).

La Canadian Car & Foundry

La Canadian Car & Foundry est fondée en 1909 par la fusion de trois compagnies spécialisées dans le matériel ferroviaire (Rhodes Curry Co. Ltd, Canada Car Co. Ltd et Dominion Car & Foundry, ces deux dernières étant établies à Montréal).  La CC&F construit des wagons de passagers mais il n’est pas long qu’elle s’intéresse au marché des tramways, ces espèces de petits trains électriques sur rails, destinés au transport des gens dans les zones densément peuplées.  Des tramways aux autobus, il n’y a qu’un pas que la CC&F, aussi connue sous l’appellation Can-Car, s’empresse à franchir.

À Montréal, les tramways sont en fonction de 1894 à 1959 mais en 1919, la ville compte déjà deux autobus, des camions Reo spécialement aménagés.  Avec les années, la Ville achète de plus en plus d’autobus, de différentes marques.  Au début des années ’50, Montréal modernise et uniformise sa flotte d’autobus en vue de se départir de ses tramways vieillissants.  C’est ainsi qu’en 1952, la Commission de Transport de Montréal reçoit quarante beaux CC&F-Brill CD44A, comme celui que nous vous présentons aujourd’hui.

Usé mais pas fini

Ce CC&F Brill CD44A 1952 a été retiré de la circulation en 1973 après plusieurs millions de kilomètres.  Après avoir passé plusieurs années dans un garage d’Ottawa, il revient au Québec en 2000.  Il est ensuite pris en charge par les frères Christian et Daniel Verreault, à l’époque propriétaires de Verreault Transport de Granby.  Ces derniers le restaurent au complet.  Et quand on dit au complet, on veut vraiment dire au complet!  C’est qu’un autobus, c’est rarement bichonné par ses conducteurs…  Il faut débosseler les parties avant et arrière très amochées, décaper tout l’intérieur, refaire le cuir des sièges, tout recommencer le système électrique et endiguer la pourriture, généralisée.  Pas moins de 200 000$ sont investis dans l’aventure. Est-ce qu’il y a eu de petits moments de découragement?  Selon Christian Verreault, il y en aurait eu quelques-uns, ici et là…

Le moteur de ce Brill provient de AEC, une compagnie anglaise.  De type à plat, ce six cylindres diesel de 10 litres développe seulement 150 chevaux mais son couple de 1200 livres-pied à 1 500 tours/minute compense amplement.  Ce moteur est surtout apprécié pour sa robustesse et sa frugalité.  Il commande tout de même 51 litres tous les cent kilomètres (5,5 milles au gallon)…

Le New Look remplace le vieux

En 1959, un nouveau type d’autobus fait son apparition dans les rues de la métropole.  Il s’agit des New Look de General Motors, définitivement modernes.  Ces autobus firent partie d’un scandale mettant GM dans l’embarras, suite à des accusations d’avoir acheté des entreprises de tramways pour ensuite les fermer et ainsi favoriser la vente de ses autobus.  Quoiqu’il en soit, les New Look ont relégué les vieux Brill au hangar et, dès 1961, la Canadian Car & Foundry préfère cesser la production d’autobus.

Depuis quelques années, sous les pressions du prix de l’essence, de la conscience environnementale et des bouchons de circulation, le transport en commun reprend ses droits.  Les autobus qui sillonnent actuellement notre réseau routier auront, un jour, leur histoire à raconter.  Une belle histoire, je le sais déjà.

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