Nissan Sentra, confusion des genres

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2008

La nouvelle Nissan Sentra est arrivée depuis quelques mois sur le marché et ses ventes progressent petit à petit. Malheureusement, la présence de la Versa Hatchback chez les sous-compactes prive certainement la Sentra de ventes assurées. La commercialisation de deux modèles si près l’un de l’autre, du moins dans l’esprit des gens, semble créer un problème plus qu’autre chose. Il ne faut pas avoir peur d’affirmer que ces deux autos ont trop de points en commun pour cohabiter sans se nuire.

Je sais d’avance ce que les gens de Nissan me répondront, que la nouvelle Sentra apparue en début d’année est plus grosse que le modèle qu’elle remplace et, par conséquent, se distingue encore plus par rapport à la Versa. Je suis d’accord sur ce point, mais leur silhouette plus ou moins semblable et des échelles de prix assez rapprochées semblent gâter la sauce.

Un an plus tard

Pour des raisons que j’ignore, à moins que ce ne soit pour permettre à la Versa de pouvoir être lancée avec succès, l’arrivée de la nouvelle Sentra a été retardée de près d’une année. Ce qui explique sans doute pourquoi la grille de calandre de la nouvelle version est similaire à celle du modèle antérieur, une situation pour le moins saugrenue sur une auto dont la silhouette a été redessinée du tout au tout. Les dimensions ont quand même considérablement progressé puisque l’empattement a été allongé de 149 millimètres, la longueur hors tout de 58 millimètres, tandis que la caisse est plus large de 8 mm et plus haute de 10 mm. Les formes générales de la caisse sont tout en rondeur, ce qui donne une impression de grosse voiture. Il est certain que les phares empruntés à l’Altima, les feux de position piqués à la Z et une partie arrière nous rappelant le design en arc-boutant de la Maxima lui confèrent un air de famille, mais sans pour autant se démarquer comme la Versa Hatchback le fait.

Le tableau de bord est du style « Nissan Nouveau » avec un volant dont les rayons sont garnis d’appliques en aluminium brossé, tandis que la présentation générale de la planche de bord nous fait songer à celle de sa cadette. Comme cette dernière d’ailleurs, les sièges avant sont confortables tout en combinant des coussins moelleux et un support latéral adéquat. Par contre, c’est moins réussi à l’arrière. Soulignons toutefois l’ingénieux séparateur utilisé pour permettre aux objets remisés dans le coffre à bagages d’y rester quand ce panneau en matière plastique est relevé. Lorsque rabattu, il laisse un passage pour les objets plus longs ou plus gros tout en servant de protecteur à la moquette du plancher. Comme vous l’aurez deviné, la banquette arrière de type 60/40 se rabat.

Adéquat

Je le sais ! La Sentra sera proposée avec une mécanique plus puissante alors que le moteur de 2,5 litres sera offert en version de 177 et 200 chevaux respectivement. Je m’interroge toujours quant à ces modèles compte tenu de la silhouette de « char de mon oncle » de cette Sentra. Et je n’invente rien puisque la première génération avait été conçue afin d’offrir à de jeunes universitaires frais diplômés une voiture qui ne ressemble pas à une malheureuse petite économique, d’où l’allure bourgeoise de la caisse, histoire de permettre à son propriétaire de jouer les jeunes professionnels sans passer pour un pauvre ou un fou du volant. Bref, une voiture pour les gens sages et réservés ! Et par la suite, on nous amène les versions sport avec des moteurs plus puissants. Inutile de préciser que l’essieu arrière à poutre est souvent pris au dépourvu. Mais il ne faut pas uniquement se fier à la puissance des moteurs.

Dans la version que l’on pourrait qualifier de « normale », un moteur quatre cylindres 2,0 litres de 140 chevaux a pour mission de lutter contre la gravité. Sur ma voiture d’essai, il était couplé à une transmission CVT. Ce qui n’est pas surprenant puisque Nissan s’est fait le champion de ce type de transmission. Il faut admettre que ce constructeur se débrouille pas mal avec sa boîte CVT, beaucoup mieux que Chrysler en tout cas. Si ce tandem moteur-transmission est adéquat, vous ne serez pas décoiffé par ses accélérations ou encore ses reprises. En usage quotidien, la Sentra est capable de se démarquer autant en raison de son confort, de sa faible consommation de carburant que de sa tenue de route honnête. Il est vrai que la direction est trop assistée, mais ce n’est pas dramatique non plus. Par contre, aventurez-vous sur une route quelque peu bosselée et la suspension arrière vous fait rapidement sentir ses limites avec un cognement sec et un soubresaut qui se transmet dans tout l’habitacle. C’est à ce moment que ma Sentra d’essai a perdu bien des points...

La Versa est plus agile, plus agréable à conduire, moins chère et presque aussi confortable. La Sentra est plus spacieuse, plus grosse, plus puissante et sa configuration de berline est meilleure que celle de la Versa qui se démarque surtout en version hatchback. Pas surprenant que la berline Versa soit moins visible sur nos routes et que la Sentra se fasse souvent devancer par la Versa Hatchback lorsque vient le temps de choisir entre les deux.

Feu vert

Plate-forme rigide, bonne habitabilité,
silhouette moderne,
moteur adéquat, versions SE-R

Feu rouge

Suspension mal amortie, silhouette quelconque,
places arrière à revoir,
surpassée par la Versa

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