Chevrolet Volt 2011, la voiture qui ne devait pas exister

Lorsque la division Chevrolet à dévoilé la voiture concept Volt au Salon de l'auto de Detroit en 2007, la plupart des personnes présentes étaient passablement incrédules. Tous savaient que ce constructeur éprouvait de sérieuses difficultés financières, situation qui a dégénéré jusqu'à la faillite en 2009. Les chances étaient donc assez minces pour que ce véhicule à propulsion électrique étendue soit fabriqué et commercialisé un jour. Pourtant, la semaine dernière, j'ai eu l'opportunité de conduire sur une distance de plus de 250 km un modèle de production. En effet, non seulement le projet s'est matérialisé, mais cette Chevrolet unique en son genre sera commercialisée d'ici peu sur le marché américain. Puis, au cours de l'automne 2011, ce sera au tour du Canada de pouvoir rouler en Volt.

Ce que les sceptiques ne savaient pas il y a trois ans, c'est que les travaux de recherche et de développement de ce véhicule étaient amorcés depuis plusieurs mois. La voiture dévoilée à Detroit  en 2007 était plus qu'un simple concept, c'était un projet déjà en marche dont les budgets avaient été approuvés par la haute direction. Ce qui a épargné cette voiture à propulsion électrique d’être abandonnée en cours de développement faute de ressources financières. En fait, la seule chose qui a vraiment changé, c'est la silhouette de la voiture qui était fort avant-gardiste dans sa version initiale et qui s'est transformée en une silhouette contemporaine sans plus. Mais avant de parler de design et de comportement routier, aussi bien expliquer de façon relativement simple de quoi il retourne au chapitre de la propulsion.

Une vraie voiture électrique

Sans vouloir entrer dans les différentes controverses qui ont suivi le dévoilement de cette voiture, une chose est certaine, les roues motrices avant sont toujours propulsées par des moteurs électriques. En effet, un moteur électrique principal développant 149 chevaux et 273 livres-pied de couple est intégré à la transmission et assure le gros du travail. Il y a également un autre moteur électrique qui peut servir également de génératrice et qui est relié à un moteur thermique de 1,4 litre de 84 chevaux.  Il s'agit en fait du même moteur que celui utilisé sur la Chevrolet Cruze, mais qui n'est pas turbocompressé cette fois et dont certains ajustements ont été effectués afin de l’adapter à cette utilisation spécifique.

Dans un premier temps, la Volt est une voiture 100 % électrique. La propulsion est assurée par une pile en forme de « T » qui est située au centre de la voiture et sa partie transversale est placée sous le siège arrière. Cette configuration permet d'abaisser le centre de gravité, d'assurer une meilleure rigidité à la plate-forme et de faciliter l'accès à cette pile. Cette batterie de type ion lithium a été développée par les ingénieurs de GM en collaboration avec LG Chem et elle est assemblée dans une usine située dans le canton de Brownstown en banlieue de Detroit. Elle pèse 198,1 kg et elle alimente en énergie le moteur électrique principal. Il est également important de souligner que les ingénieurs qui ont développé cette voiture n'ont pas opté pour une transmission à rapports continuellement variables. Utilisant  les connaissances obtenues lors du développement du Tahoe Hybride, ils ont incorporé le moteur électrique principal dans la transmission dont le fonctionnement est d'une grande douceur et d'une grande efficacité.

Pour pouvoir bénéficier de la propulsion électrique, il faut recharger cette batterie. Deux options  s’offrent à l’utilisateur soit le courant domestique de 120 Volts ou le 240 Volts. Dans le premier cas, il faudra de 10 à 12 heures pour complètement recharger la pile. Avec une prise de 240 Volts reliée à une borne de recharge dédiée, il suffit d'environ 4 heures. Vous pouvez également programmer l'heure à laquelle la recharge cette lecture. Par exemple, vous pouvez débuter la recharge en pleine nuit afin de bénéficier de tarifs d'électricité plus bas. Et rien de plus facile pour brancher la voiture, une prise située à la section avant gauche de la voiture permet de branchement en toute sécurité. Un autre détail à souligner : une application spéciale sur un téléphone intelligent permet de gérer la recharge et d’être informer de différents autres paramètres de la voiture. Détail à souligner, pour s’assurer de la longévité de cette pile, celle-ci ne se décharge pas plus qu’à 35 % de la charge totale et ne se recharge pas plus qu’à 85 % d’une charge complète.

Donc, avec une batterie chargée, vous pourrez bénéficier d'une autonomie en mode exclusivement électrique allant de 50 à 80 kilomètres selon l’état de la charge et le type de conduite. Puis par la suite, le moteur thermique entre en jeu et actionne le second moteur qui devient alors une génératrice et qui se charge d'assurer suffisamment d'électricité dans le tampon de la batterie pour actionner le moteur principal. Voilà en résumé, le fonctionnement de cette mécanique. Bien entendu, les habitants du Canada s'interrogent quant à l'influence de la température extérieure par rapport à cette batterie. On sait qu'une pile ion lithium est allergique au froid et que la chaleur est encore plus dommageable. Les ingénieurs affectés au développement du système Voltec - c'est le nom de ce groupe propulseur- ont pensé à tout. Qu’il soit en mode de recharge ou sur la route, le système s'assure de conserver une température optimale pour cette pile. Lorsque la voiture est à la borne de recharge, un thermostat intérieur relié à un système de gestion thermique consistant en une tubulure intérieure comprenant un liquide chauffant ou réfrigérant selon le cas, permet de ne pas souffrir des variations de la température. Comme vous pouvez le constater, on a vraiment pensé à tout sur cette voiture.

Silhouette anonyme, habitacle réussi

La première version de la Volt était un véhicule concept qui a séduit toutes les personnes assistant au Salon de l'auto de Detroit il y a trois ans. Mais cette belle silhouette n’avait pas été dessinée en vue d'une production en série. La surface vitrée était nettement trop importante  pour assurer une rigidité et une sécurité de bon aloi. Pour le modèle de production, les stylistes se sont appliqués à dessiner une automobile dont les formes sont relativement conservatrices, du moins pour notre époque. En fait, si ce n'était de la section arrière, des bandes contrastantes sous les glaces latérales et un hayon arrière, on pourrait sans doute la confondre avec la nouvelle Cruze. Bref, c'est une carrosserie d’une élégance bien sage qui reprend également la grille de calandre utilisée sur la plupart des autres modèles Chevrolet avec une barre transversale centrale accueillant le célèbre nœud papillon. Puisqu'il s'agit d'une voiture à hayon, la section arrière à été bien dessinée. Celle-ci est relativement élevée, ce qui  permet d'obtenir un plus grand coffre à bagages et une aérodynamique plus efficace. Soulignons au passage la qualité de l'assemblage et de la finition ainsi que celle de la peinture. Du moins sur les modèles essayés et examinés lors de cette prise de contact effectuée au Michigan. Soulignons que cette voiture est assemblée à l'usine Hamtramck située en périphérie du centre-ville de Detroit.

L'habitacle est nettement plus dynamique. La planche de bord abrite deux écrans d'affichage LCD de sept pouces. Le premier est placé devant les yeux du conducteur et il est possible d'y afficher une foule d'informations concernant la vitesse, la consommation de carburant, l’autonomie de la batterie et bien d'autres du même genre. Il est facile de changer l'affichage à l'aide d’un bouton situé sur la partie inférieure gauche de la planche de bord. Le second écran est situé en plein centre de la planche de bord et intégré à une console centrale verticale disponible en de multiples couleurs. De plus, les boutons de commandes sont de type affleurant. Les traditionalistes vont grincher, mais il s'agit de nets progrès. Cet écran sert à afficher les informations de la navigation, du flot de la puissance entre les roues, la batterie et le moteur thermique en plus d'afficher les informations nécessaires quant à l'efficacité de votre conduite. Par exemple, lors de certaines sections de notre essai, la conduite était efficace à 92 % tandis que le système de climatisation était d'une efficacité de seulement 58 %. En plus, cet écran est relié au système OnStar et à la radio satellite XM. Il est par exemple possible de recevoir des informations quant à la circulation, les prévisions météorologiques et j'en passe.

Ceci dit, les sièges avant et la banquette arrière sont confortables tandis que l'espace pour les genoux et  la tête est sans reproche. Par contre, la banquette arrière ne peut accueillir que deux personnes en raison de l'emplacement de la batterie qui vient occuper l’espace qui aurait été attribué à la place médiane. Soulignons au passage que la finition et la qualité des matériaux sont de première classe.

Une bonne routière

Jusqu’à présent, à part  la Ford Fusion Hybride, les voitures écologiques ne nous ont pas tellement choyés par un agrément de conduite digne de ce nom et des qualités routières rassurantes. Cette fois, la Volt nous comble à ce chapitre. La direction pourrait être un peu moins engourdie, mais elle est précise. La suspension est également bien calibrée mais il faut souligner que les pneumatiques Goodyear Fuel Max de 17 pouces utilisés sur cette voiture ont parfois de la difficulté à absorber certaines imperfections de la chaussée. Mais il s'agit quand même d'un irritant mineur. Sur la route, cette voiture est agréable à conduire et peut enchaîner les virages avec aplomb. Par contre, toujours au chapitre des pneumatiques, si vous pilotez avec trop d'enthousiasme, ceux-ci vont se révéler glissants et devenir plus bruyants. En raison du positionnement central de la batterie, l'équilibre des masses est très bon et la voiture est neutre en virage.

Bien entendu, en mode purement électrique, on adopte automatiquement style de conduite défensive. Si vous appuyez sur le bouton visant à afficher votre style de conduite sur l'écran principal, vous allez bien entendu accélérer en douceur et, respecter les limites de vitesse et il m'a été possible de rouler sur une distance de 67  kilomètres avant que le moteur thermique entre en fonction. Celui-ci le fait avec une grande discrétion et en silence. Il faut vraiment prêter l'oreille pour savoir que le moteur à essence tourne. Peu importe que ce soit en mode purement électrique ou avec l'aide de la génératrice, le 0-100 km/h est l'affaire de 9,2 secondes tandis que la vitesse de pointe est de 160 kilomètres à l'heure. Ceci permet donc de rouler dans la circulation sans aucun problème et également d'obtenir des performances dignes de ce nom si vous désirez abandonner votre esprit écologique et consommer un peu plus de carburant ou encore décharger la batterie plus rapidement également. Et trois modes de fonctionnement peuvent être réglés : normal, sport et montagne. Ce dernier permet de gérer l’alimentation électrique afin de pouvoir conserver de l’énergie en réserve sur les parcours en haute montagne.

La Chevrolet Volt est une voiture hors normes à plus d'un point de vue, mais nous ne sommes pas pénalisés au chapitre de l'agrément de conduite, de la sécurité et de la tenue de route. C'est une voiture complète qui est agréable à conduire et qui permet de réduire de beaucoup la consommation de carburant. Et pour rassurer les acheteurs, Chevrolet offre une garantie de huit ans / 160 000 km sur la batterie et une couverture complète de la voiture de trois ans / 60 000  km en plus d'une garantie du rouge d'entraînement de cinq ans / 160 000 milles.
En conclusion, il semble cette fois que GM n'a pas bâclé son projet Volt et nous offre une voiture agréable à conduire et d'une facture soignée. Et son prix de vente de 41 000$ US peut être réduit de 6 000$ par une subvention du gouvernement fédéral américain. Aucun prix de détail suggéré n’a été annoncé pour le Canada car son arrivée sur notre marché s’effectuera dans une année environ.

Partager sur Facebook

Plus sur le sujet

EssaisChevrolet Volt 2011, le rêve américain devient réalité
Fini les cachoteries et les murmures d’ingénieurs. Nous avons enfin pu conduire une Chevrolet Volt 2011 de série… ou presque. Disons que c’est la version qui se rapproche le plus de la voiture qui sera bientôt offerte aux consommateurs américains. Ben oui, pour le Canada faudra attendre le printemps prochain!

À lire aussi

Et encore plus

En collaboration avec nos partenaires