Dodge Nitro, Euh…pas sûr !

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2008

Je dois admettre qu’au cours des dernières années, DaimlerChrysler a su me séduire à plusieurs reprises. L’innovation, la passion et la performance ont souvent été au cœur des modèles qui nous étaient présentés, ce qui a permis de rehausser grandement l’image du constructeur. Malheureusement, je ne peux pas dire que le Nitro, nouvel utilitaire de la gamme Dodge, m’a fait la même impression. Certes, il est peut-être originalement vêtu, mais sous cette armure angulaire se cachent de multiples blessures qui viennent affaiblir le guerrier. 

D’entrée de jeu, je vous avouerais que je ne suis pas un fervent admirateur de ces congélateurs sur quatre roues qui vont chercher leur style dans les accessoires. Dans le cas du Nitro, ce sont les ailes bombées, les jantes et la calandre qui le font paraître supposément cool! Peut-être que ses fausses prises d’air latérales y sont aussi pour quelque chose, mais on ne peut certainement pas donner de crédit aux formes innovatrices du pavillon, des glaces ou même du hayon. Et si les versions SLT et R/T affichent une allure plutôt intéressante grâce à leur habillement monochrome, sachez que les modèles SE et SXT revêtent des pare-chocs, des moulures et des contours d’aile en plastique poreux, franchement laids.

C’est vrai, tous les goûts sont dans la nature, ce qui ne me permet par conséquent pas de me baser que sur le style du véhicule pour en tirer mes conclusions. Toutefois, en l’observant de l’extérieur, il m’est facile de constater que la qualité d’assemblage n’est pas sa grande force. Et ce n’est guère mieux à bord puisque là aussi, l’assemblage et la finition déçoivent... Si l’envie vous prend de contempler ce véhicule, je vous invite, pour comprendre mes propos, à tâter les divers plastiques à bord, ou encore à enclencher le levier des clignotants. Dès lors, ce sentiment de « made in China on a Friday afternoon » vous envahira !

Pantalons blancs s’abstenir !

Difficile de grimper à bord du Nitro sans souiller ses pantalons. Pour éviter la chose, vous devrez soit faire preuve d’une grande vigilance, soit donner le bain à votre véhicule sur une base quasi hebdomadaire. Une fois installé, le conducteur se retrouve derrière une planche de bord au design typiquement DaimlerChrysler. C’est joli, efficace et ergonomique, mais ça n’a rien d’innovateur. C’est un mélange d’accents de chrome, de cadrans circulaires et de garnitures argentées, le tout illuminé par cet éclairage turquoise traditionnel. À l’avant, les sièges proposent un confort notable malgré leur fermeté. Un meilleur dégagement pour les jambes ainsi qu’un accoudoir réglable auraient été souhaitables, mais il est tout de même agréable de s’asseoir à l’avant du Nitro. Derrière, c’est bien différent... Le confort de la banquette se compare à celui d’un banc des punitions, alors que l’espace accordé aux jambes est réduit au minimum. On se console toutefois en constatant que l’espace de chargement est généreux, bien étudié, et que le chargement est facilité par ce système Load’N Go, qui consiste en ce plateau de plancher coulissant des plus pratiques.

Sous le capot, il n’est pas surprenant de retrouver le V6 de 3,7 litres à simple arbre à cames en tête, utilisé dans la quasi-totalité des modèles Jeep. Rugueux, bruyant et manquant énormément de souplesse, ce moteur déteste être vivement sollicité. Ses 210 chevaux sont tout de même capables d’offrir des performances honnêtes, mais on ne peut certainement pas parler d’agrément et de raffinement. Pour ce faire, il faut inévitablement se tourner du côté de la version R/T, la seule à bénéficier du nouveau V6 de 4,0 litres, offrant un supplément de 50 chevaux. Avec lui, les performances sont bien entendu plus intéressantes le rendement et l’agrément de conduite y gagnent aussi énormément. Il faut dire que la boîte automatique à cinq rapports, aussi unique à cette version, permet des passages de vitesse moins saccadés ainsi qu’une meilleure exploitation de la puissance disponible. À preuve, la consommation d’essence des deux V6 est pratiquement identique, se situant en conduite normale autour de 14 litres aux 100 kilomètres.

Où sont les amortisseurs ?

En prenant le volant, je savais d’avance que je n’aurais pas droit au confort d’une Grand Caravan. Cependant, quelques kilomètres m’ont suffi pour constater que le travail des ingénieurs avait dû être interrompu en cours d’exécution. D’abord, la piètre insonorisation m’a tout de suite rappelé celle du Jeep Wrangler (qui n’est pas une référence). Ensuite, les bruits éoliens sont omniprésents, sans compter le fait que les bruits de caisse surgissent abondamment. Mais le comble, c’est qu’on semble avoir oublié d’installer des amortisseurs à l’arrière. Oui, j’exagère peut-être, mais le degré d’inconfort est à ce point élevé qu’on ne peut en aucun cas le passer sous silence. Bien sûr, on l’explique en partie par la présence d’un essieu arrière rigide, mais les amortisseurs proposent un trop grand débattement et sont franchement mal adaptés au véhicule. Alors, imaginez le résultat lorsqu’on opte pour la version R/T, munie de roues de 20 pouces ! Voilà une raison pour développer une relation plus intime avec un chiropraticien !

L’adepte de la conduite hors route aurait pour sa part tout intérêt à se tourner du côté du Jeep Liberty, un véhicule qui dérive du Nitro. Bref, le plus petit VUS de la marque Dodge ne possède pas de véritables grandes qualités. Les acheteurs qui pencheront vers ce modèle seront d’ailleurs séduits principalement par sa ligne, qui il faut l’admettre, affiche une certaine originalité. Mais si le confort, la puissance, le raffinement et l’économie de carburant figurent parmi vos préoccupations, il est clair que vous ne frappez pas à la bonne porte.

Feu vert

Style accrocheur
Facture alléchante
Moteur 4,0 litres performant
Système Load’N Go pratique

Feu rouge

Confort déplorable
Moteur 3,7 litres rugueux
Consommation considérable
Manque d’espace à l’arrière
Assemblage et finition à revoir

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