Acura RL, vision du luxe
Il est toujours intéressant d’analyser comment les constructeurs japonais perçoivent les voitures de luxe. Si Lexus a pendant des années copié Mercedes et si Infiniti à ses débuts, s’est inspiré de Jaguar, la division Acura s'est inspiré de… Honda. Ce qui explique sans doute pourquoi cette division ne bénéficie pas du même prestige que les deux autres luxueuses marques nippones, mais c’est quand même Acura qui a le dernier mot en surpassant les deux autres au chapitre des ventes. Et la RL est typique de cette approche maison.
Curieusement, les décideurs de chez Acura deviennent de plus en plus conservateurs au fur et à mesure que le véhicule affiche un prix élevé. Par le passé, il a toujours semblé que le modèle RL ne servait que de balise de prix aux autres modèles moins onéreux. Vous bénéficiez d’une technologie de pointe, d’un confort assuré, mais pas de design spectaculaire, pas de performances ultrasportives ou encore pas de moteur V8. Après tout, chez Honda, donc Acura, on ne cesse de nous répéter qu’un moteur V6 bien conçu est tout aussi valable qu’un moteur V8. D’ailleurs, nombreux sont les acheteurs qui reprochent à la RL de ne pas posséder de moteur V8. Mais, chez Acura, une berline haut de gamme ne se limite pas au nombre de cylindres !
Discrétion assurée
Pour décrire la silhouette de la RL, un seul mot nous vient ça l’esprit : sobriété. Un peu comme l’Audi A8 qui semble avoir été dessinée pour passer inaperçue, cette Acura est sobre, trop sobre aux yeux de plusieurs. Elle ne possède pas de rainures latérales encastrées comme la TL ou encore de grille de calandre genre coup de poing à la MDX. C’est élégant et sobre, comme si les stylistes avaient ciblé une clientèle aux tempes grises ! Et l’habitacle est de même cuvée. Bien entendu, le cuir de sièges est de la meilleure qualité possible, le bois des appliques du tableau de bord est des plus fins, tandis que les autres matériaux utilisés sont également ce qu’il y a de mieux. Par contre, la planche de bord est à l’image de la carrosserie... En fait, seule l’argentée console verticale et centrale se démarque du reste.
Sobriété ne signifie pas conservatisme alors que l’équipement de série est plutôt complet : les sièges sont chauffants ou climatisés selon la saison, le système à commande vocale est parmi les plus sophistiqués qui soient, et l’écran LCD au centre de la planche de bord affiche les informations du système de navigation par satellite et sert à afficher la vue que nous donne la caméra de recul. Aux États-Unis, la navigation par satellite vous informe même des embouteillages et propose des itinéraires alternatifs. Au Canada, cette option est inexistante puisqu’aucune institution n’offre ces informations. Les sièges avant sont confortables et leur support supérieur à la moyenne des voitures asiatiques. Les places arrière ne conviennent pas tellement à de grandes personnes car le dégagement pour la tête est limité.
Intégrale originale
Si le design de la silhouette est conservateur, ce n’est pas la même chose pour la mécanique qui est fort originale. Et cette originalité ne tient pas à un moteur d’un concept unique en son genre, mais plutôt à une transmission intégrale appelée SH-AWD pour Super Handling-All Wheel Drive. Cette fois, on a combiné le rouage aux quatre roues à un mécanisme de répartition du couple qui joue le rôle de système de stabilité latérale. Comme les autres mécanismes du genre, le couple est transmis aux roues arrière quand une perte d’adhérence est détectée. L’originalité du mécanisme est due au couple supplémentaire qui est employé pour remettre la voiture dans le droit chemin lorsqu’il y a une perte de contrôle. Au lieu d’utiliser les freins comme élément redresseur, c’est le couple dirigé vers la roue opposée au sens du dérapage qui entre en action. L’hiver dernier, Acura a organisé une séance d’essai au centre Mécaglisse dans la région de Lanaudière, et nous avons expérimenté ce système à souhait. Il faut également ajouter que le système SH-AWD a été installé sur les MDX et RDX lancés l’an passé.
Il semble que la RL a servi de véhicule de développement et d’introduction de nouveaux éléments mécaniques, notamment ce rouage intégral et le moteur V6 de 3,5 litres adapté sur d’autres produits Acura, dont la TL S-Type. Justement, si plusieurs réclament un moteur V8 sur la RL, ce 3,5 litres ne se débrouille pas trop mal avec ses 290 chevaux. Il est vrai que les accélérations ne sont pas aussi percutantes que si une plus grosse cylindrée ronronnait sous le capot, mais avec un temps de moins de huit secondes pour boucler le 0-100 km/h, ce n’est pas vilain non plus. Et puisque ce moteur ne déteste pas les régimes élevés, il est certain que son rendement peut être amélioré en jouant de la boîte manumatique et en maintenant le régime plus élevé que la moyenne. Si vous vous contentez de laisser le levier de vitesse en position D, ce sera correct mais sans plus.
Le comportement routier est sain et la rigidité de la plate-forme pourrait en remontrer à des allemandes bien nées, mais la RL cache bien son jeu en filtrant un peu trop le feedback de la route et en nous offrant une insonorisation trop poussée. Ce qui éponge quelque peu les sensations de conduite. Que voulez-vous? On est discret ou on ne l’est pas !
feu vert
Rouage intégral efficace, finition impeccable,
équipement complet, système de navigation sophistiqué`
tenue de route saine
Feu rouge
Direction trop assistée, habitabilité moyenne,
absence de V8 pour certaines personnes,
important diamètre de braquage
