Mitsubishi Outlander, un autre pas en avant

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2008

Les jours d’inquiétude quant à la survie de ce constructeur en sol canadien sont bel et bien révolus. La direction actuelle de Mitsubishi Canada est passée du mode sauvetage au mode progrès et rentabilité. L’équipe en place relève directement du Japon et possède dorénavant les outils et les budgets pour aller de l’avant et progresser au chapitre des ventes. Et comme toute stratégie de relance bien structurée, cette situation repose sur une gamme de produits renouvelés dont fait partie le nouvel Outlander. Ce modèle a joué un rôle primordial dans la survie de la marque au Canada. Avec la Lancer, également transformée du tout au tout en 2008, ce VUS urbain à défendu le fort avec honneur. Cette fois, il a droit à une refonte complète aussi bien au chapitre de sa plate-forme que du reste de sa mécanique.

Tout nouveau

Lorsqu’une compagnie traverse une période difficile, les budgets sont plus limités et les modifications n’ont pas toujours la profondeur nécessaire. Le plus bel exemple de cet énoncé chez Mitsubishi est la Galant. Cette berline intermédiaire a eu droit à une révision en demi-teinte qui n’a pas connu beaucoup de succès. C’était trop peu sur presque toute la ligne.

Ce n’est heureusement pas le cas avec l’Outlander qui bénéficie d’une toute nouvelle plate-forme, appelée Segment-C. Celle-ci est ou sera utilisée sur plusieurs nouveaux modèles, notamment la Lancer, la Lancer Evo 10, la Sportback et l’Outlander. La Sportback est un véhicule de type hatchback qui sera éventuellement commercialisé plus tard. Peu importe le modèle, cette plate-forme bénéficie de voies avant et arrière plus larges, tandis que la rigidité en torsion a été améliorée de 18 pour cent et de 39 pour cent en flexion. Cette nouvelle venue est également dotée d’un toit en aluminium afin d’améliorer l’équilibre latéral et compenser un centre de gravité plus élevé. Selon le constructeur, cette approche est trois fois plus efficace que l’utilisation d’un capot en aluminium. Et Mitsubishi doit bien avoir appris une chose ou deux suite à ses sept victoires dans le Dakar, un rallye-raid disputé dans les conditions les plus extrêmes. Comme la catégorie l’exige et pour faire jeu égal avec la concurrence, les suspensions avant et arrière sont indépendantes. Le confort et la tenue de route en bénéficient grandement. Toujours au chapitre de la mécanique, l’Outlander 2008 est équipé d’un nouveau moteur V6 développé en collaboration avec DaimlerChrysler et Hyundai. Appelé MIVEC, ce V6 3,0 litres est le premier moteur V6 offert sur l’Outlander. Sa puissance est de 220 chevaux et il est couplé à une boîte automatique à six rapports. Sur la version XLS, il est possible d’obtenir des palettes en aluminium montées derrière le volant afin de faciliter le passage des rapports.

Les modèles de base sont des tractions, mais les versions plus luxueuses sont dotées du rouage intégral AWC pour « All Wheel Control ». Grâce à ce mécanisme, le véhicule est une traction lorsque l’adhérence est bonne. Mais si jamais les roues avant commencent à patiner, ne serait-ce que très légèrement, le couple est progressivement transmis aux roues arrière. Enfin, il est également possible de verrouiller le système afin de répartir équitablement le couple à l’avant et à l’arrière. Grâce à un bouton monté sur la console centrale, le pilote choisit entre la traction, le rouage intégral ou de verrouiller celui-ci. Ceci permet d’élargir la plage d’utilisation par rapport à la version précédente qui se contentait d’un rouage intégral assez basique presque exclusivement conçu pour les routes dont la surface était peu adhérente. Le nouveau mécanisme ne place pas l’Outlander 2008 dans la catégorie des véhicules « Trail Tested » de Jeep, mais aide le véhicule à affronter des routes secondaires que la version antérieure n’aurait pu négocier sans problème.

Stylisme équilibré

Par le passé, les stylistes maison tentaient de pallier une mécanique un peu essoufflée par des designs agressifs qui étaient parfois un peu trop en dehors des goûts en vigueur. D’imposants passages de roue, des museaux agressifs et des feux arrière semblant provenir de la boutique de tuning du coin essayaient de nous convaincre que le résultat global était assez étiolé. Je crois que la version précédente de l’Outlander a connu du succès en raison de sa silhouette équilibrée. C’était juste ce qu’il fallait : pas trop ringard et pas trop science-fiction non plus.

Le modèle actuel est de même inspiration, mais en plus contemporain. Ses lignes sont plus agressives  mais sans faire déborder le vase cependant. Les phares ont une allure nettement plus moderne, tout comme la grille de calandre qui donne l’impression que toute la partie avant et fortement pointée vers le sol. Le pare-choc est doté d’une prise d’air béante surmontant un bouclier décoratif soulignant ainsi le caractère tout-terrain de ce véhicule. À l’arrière, de larges feux horizontaux permettent de le reconnaître au premier coup d’oeil. Ils encadrent une lunette arrière enveloppante. En fait, c’est de profil que l’Outlander nous déçoit. Le très large pilier D est d’une certaine lourdeur en plus de venir obstruer la vue arrière pour le conducteur. Pour compenser cette masse et donner plus de relief, les stylistes ont fait appel à des vitres teintées et des piliers B et C noirs. Une astuce qui permet de sauver les meubles et qui permettra sans doute à la silhouette de convaincre plusieurs acheteurs.

Et si ce n’est pas le cas, le design de l’habitacle pourrait être l'argument qui fera la différence. Le modèle précédent était affublé d’un tableau de bord assez réussi avec des appliques en aluminium brossé et des cadrans de bonnes dimensions. Cette recette est reprise sur la version 2008 alors que les concepteurs jouent avec le contraste entre le plastique noir de la planche de bord et l’aluminium brossé cerclant les commandes et délimitant les buses de ventilation. Sur notre véhicule d’essai la qualité des matériaux était bonne et la finition adéquate. Par contre, il faut déplorer la multitude de panneaux utilisés pour constituer tableau de bord. Et comme ils ne sont pas tous exactement de la même couleur et de la même texture, c’est assez gênant. Les places avant et arrière sont dans la bonne moyenne en fait de confort tandis que l’habitabilité est supérieure au modèle 2006. Le dossier de la banquette arrière est de type 60/40, et l’accès à la soute à bagages est facilité par la partie inférieure du hayon qui se déploie. Et les gens de Mitsubishi sont fiers de préciser qu’il est possible de transformer ce demi-hayon en marchepied arrière. En plus, il faut souligner que le seuil de chargement a été abaissé de 206 mm par rapport à l’édition 2006.

Plus homogène

La version précédente de l’Outlander se débrouillait assez bien sur la route tout en proposant une conduite adéquate en sentier. En revanche, son moteur quatre cylindres limitait ses capacités. L’arrivée en 2008 d’un moteur V6 et d’une une nouvelle boîte automatique à six rapports améliore de beaucoup les accélérations et les reprises. Ce moteur V6 pourrait être un peu plus silencieux, mais sa bande de puissance est bien répartie et les rapports sont correctement espacés. La boîte de vitesses de type manumatique est efficace et les passages des rapports sont à peine perceptibles. toutefois, les deuxième et troisième vitesses pourraient être un peu moins longues, mais c’est une affaire de goût. Tout comme la direction qui pourrait offrir un peu plus de feedback.

Sur la route, la tenue en virage est stable et l’enchaînement des virages s’effectue sans problème. Toujours au chapitre de la conduite, les sièges offrent un bon support, mais j’ai eu de la difficulté à trouver une bonne position de conduite. Quant aux commandes de la climatisation, les boutons sont faciles d’opération mais leur positionnement un peu bas. Enfin, le porte-bagages émettait des bruits éoliens. Ce facteur a été perçu sur le modèle de préproduction et de production. Somme toute, cette nouvelle cuvée marque un progrès par rapport au modèle antérieur. C’est sûr que la progression aurait pu être plus spectaculaire, mais c’est quand même un pas en avant. Et si cet argument ne vous convainc pas, il est certain que chez Mitsubishi, on vous vantera la longueur de la garantie.

Feu vert

Moteur V6, plate-forme rigide,
rouage intégral complet, silhouette moderne,
excellente garantie

Feu rouge

3e rangée symbolique, plastiques durs,
routière moyenne, direction lourde,
freins spongieux

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