Chrysler Sebring, une petite vieille ?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

J’avais 20 ans quand un de mes oncles a fêté ses quarante ans. Je m’étais bien amusé du « p’tit vieux ». Nous avons toujours vingt années de différence mais je le trouve moins vieux qu’avant… C’est que le temps ramène les choses selon une perspective bien à lui. La Chrysler Sebring n’est plus très jeune (elle date de 1997) et on commence à voir des rides sur sa carrosserie comme des cheveux gris sur ma tête. Mais elle a encore du charme à revendre, surtout en configuration cabriolet. Elle devait nous quitter cette année, mais il faut croire que le dieu DaimlerChrysler en a décidé autrement !

Sans aucun doute que le rideau tombera sur la Sebring durant l’année. Et sans doute que personne ne s’en rendra vraiment compte puisque tous les yeux sont tournés vers les nouveaux produits que sont les 300, Magnum et Charger, beaucoup plus dynamiques, tant au niveau technique que visuel. Mais en attendant, voyons ce que cette Chrysler, vendue en versions berline et cabriolet, nous réserve.

Tout d’abord, précisons que le cabriolet jouit encore d’une belle popularité et qu’il s’agit d’un des seuls de sa catégorie à proposer quatre vraies places. De plus, il était, pas plus tard qu’au printemps 2005, le plus vendu. On peut donc comprendre les hésitations de Chrysler de tuer sa poulette aux œufs d’or!

Légèrement retouchée il y a deux ans, la Sebring affiche, encore aujourd’hui, des lignes très agréables. Mais c’est sans doute l’habitacle qui souffre le plus du poids des années. Les principes de l’ergonomie sont à l’occasion bafoués et il n’est pas rare de s’entendre sacrer (pas moi, les autres…) contre, par exemple, les boutons d’ouverture des glaces qui ne sont pas illuminés le soir. Et si le tableau de bord était élégant en 1998, il est complètement dépassé en 2006 malgré des retouches ici et là au cours des années. La position de conduite ne s’avère pas facile à trouver et une fois qu’on a fait notre niche, il faut pratiquement visser les rétroviseurs, le volant et le siège pour qu’une autre personne ne détruise pas notre environnement. J’exagère, mais si peu… Au chapitre de l’habitabilité, ce n’est guère mieux. À cause de la ligne de toit très arquée, les grandes personnes montant à l’avant n’aiment pas regarder le bord du toit plutôt que la route ! La banquette arrière se montre assez confortable car très molle mais c’est davantage l’impression d’être dans un bain profond qui étonne. Si la visibilité vers l’avant se veut très correcte, il en va autrement pour la visibilité arrière à cause du pilier C très large. Lors de notre essai d’une berline, un arbre a d’ailleurs été victime de ce manque de visibilité… Mais tous ces avatars ne sont rien en comparaison avec la piètre qualité de la finition. Vivement la prochaine génération ! Nous ne pouvons terminer ce paragraphe de si mauvaise façon. Soulignons donc les qualités sonores du système audio, franchement surprenantes et, paradoxalement, le silence de l’habitacle.

Côté mécanique, la Sebring berline fait appel à deux moteurs. La version de base se fie sur un quatre cylindres de 150 chevaux. Plus rugueux que performant, il réussit tout de même à faire avancer la voiture avec une certaine célérité. Mais le son qu’il émet lors de telles sollicitations suffit généralement à lever le pied. Heureusement, il n’est pas offert sur le cabriolet, qui pèse tout de même 126 kilos de plus que la berline. L’autre moteur, que l’on retrouve autant dans la berline que dans le cabriolet, est un V6 de 2,7 litres qui développe 200 chevaux. Alors que prolifèrent les 3,0 et 3,5 litres, ce petit 2,7 semble bien peu armé pour affronter la concurrence. En fait, il se débrouille très bien. Il se montre assez souple et propose des temps d’accélération et de reprises assez convaincants… pour sa cylindrée. Sa sonorité, par contre, ne fait pas très sérieux. Ces deux moteurs sont accouplés à une seule transmission, soit une automatique à quatre rapports. Bien que son fonctionnement fasse preuve d’une belle transparence, un rapport supplémentaire serait apprécié pour diminuer la consommation qui se situe actuellement aux alentours de 10 litres aux cent kilomètres.

Le châssis du cabriolet, bien que renforcé aux endroits stratégiques, résiste mal aux torsions imposées par notre beau réseau routier et on le sent rapidement dépassé. Une foule de bruits de caisse nous le rappelle constamment… Le même châssis est par contre très rigide sur la berline et il n’hésite pas à aider les suspensions dans leur quête de confort. Si lesdites suspensions sont trop molles pour assurer un comportement sportif à la Sebring, elles proposent néanmoins une bonne tenue de route. Et si l’on pousse plus que de raison, la nature sous-vireuse de la voiture refait rapidement surface. L’antipatinage s’occupe alors de replacer les esprits avec une surprenante discrétion. Les freins font bien leur besogne mais éloignons de cette phrase tout qualificatif pouvant amener à penser qu’ils sont remarquables.

Si la berline commence à être démodée, le cabriolet aurait sans doute encore quelques belles années devant lui, pour autant que Chrysler se donne la peine de revoir son habitacle. Et ce n’est pas cette année qu’il y aura des changements à ce chapitre pour le cabriolet! La berline, elle, mérite de nouveaux accessoires ici et là mais rien pour écrire à sa mère. Pour terminer sur une bonne note, mentionnons que la Sebring demeure l’une des plus sécuritaires de sa catégorie, selon les tests de l’agence américaine du transport (NHTSA).

Feu vert

Cabriolet aux lignes intemporelles
Habitacle silencieux
Consommation raisonnable
V6 souple
Véhicule sécuritaire

Feu rouge

Ergonomie à pleurer
Châssis flexible (cabriolet)
Suspensions molles
2,4 litres peu motivé
Finition décourageante

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