Ford Focus, pourtant !

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

Sur les marchés canadiens et américains, je m’interroge toujours à savoir pourquoi ce constructeur ignore plusieurs véhicules dans sa gamme de modèles. La Focus en est un exemple patent. Il est vrai que ce n’est certainement pas le modèle le plus lucratif de la famille, mais il s’agit non seulement d’un véhicule qui est capable de se défendre contre les autres voitures de sa catégorie, mais il est offert en plus dans une grande variété de modèles. À part la berline, il faut ajouter les hatchback deux et cinq portes de même que la familiale.

Un bel exemple de ce que j’avance est le type de lancement attribué à la Focus l’an dernier alors qu’elle était censée avoir été transformée du tout au tout. En décembre 2003, lors de la réception de Noël de la compagnie Ford à Dearborn, la nouvelle Focus était laissée toute seule à la porte, comme une indésirable. C’est pour ainsi dire par accident que les gens la découvraient. Puis, une fois à Montréal, une présentation toute timide de quelques minutes au début du printemps et c’en était fait de la nouvelle Focus. C’était par obligation, par simple nécessité.

Pourtant, les changements apportés méritaient plus. Parmi les plus importants, il faut souligner une nouvelle calandre, un tableau de bord redessiné ainsi que de multiples améliorations de détail en fait de finition et sur le plan de la mécanique. Malheureusement, les exemplaires conduits à ce jour nous ont permis de conclure que la finition améliorée promise ne faisait pas partie des véhicules de presse. Par contre, une inspection de quelques modèles dans les salons de l’auto nous permet de croire que la situation s’est améliorée au fil des mois.

Le changement majeur dans l’habitacle est le remplacement du tableau de bord, initialement d’inspiration nettement européenne, qui a été remplacé par une version archisobre et ultracarrée. Les stylistes ont refusé d’innover et sont revenus à une disposition traditionnelle de la plupart des commandes. Ce qui devrait plaire aux consommateurs américains, généralement très conservateurs à ce chapitre. Par contre, tout est à sa place et facile d’accès. Détail intéressant en passant, selon les gabarits et le recul du siège du conducteur, certaines commandes deviennent plus ou moins accessibles.

Version famille

Comme la Focus est considérée comme une voiture d’entrée de gamme, les acheteurs ne sont généralement pas tellement exigeants en fait de puissance du groupe propulseur. Toutefois, au fil des années, de plus en plus de modèles concurrents étaient pourvus de moteurs plus puissants. Ford a été obligé d’abandonner son modeste moteur 2,0 litres de base d’une puissance de 110 chevaux. Il est remplacé depuis l’an dernier par un moteur de cylindrée égale, mais produisant 20 chevaux de plus. Les accélérations ont nettement plus de mordant tandis que les dépassements sont moins hasardeux.

La Focus sous toutes ses moutures est donc une honnête compacte qui a l’avantage d’être offerte en différentes carrosseries et en de multiples niveaux d’équipement. Et il y a même un bonus depuis l’an dernier, la version ST.

Oxymoron ?

Depuis l’abandon de la Focus SVT, conduite sportive et Focus constituent un oxymoron. Il ne faut pas perdre espoir puisque la version ST du modèle ZX4, également lancée en 2005, permet aux amateurs de conduite sportive de rouler en Focus sans déprimer. En tout premier lieu, ce modèle est propulsé par le moteur Duratec 2 de 2,3 litres d’une puissance de 151 chevaux. C’est inférieur aux 170 chevaux de la défunte SVT, mais il est ainsi possible de boucler le 0-100 km/h en 7,4 secondes, ce qui la rend plus rapide et aussi nettement plus agréable à conduire qu’une Toyota Corolla XRS, continuellement trahie par son embrayage délicat. Il ne faut cependant pas limiter notre évaluation de la ST à son moteur plus puissant, son équipement plus complet ou encore à ses freins à disque aux quatre roues couplés à un système ABS.

Contrairement à presque tous les autres modèles de la Focus, la ST nous séduit par sa suspension de type européen, sa direction précise et une tenue de route capable d’aborder les courbes sans appréhension. Même les virages les plus serrés et intimidants donnent l’impression que la voiture est sur des rails. J’exagère à peine !

Pour une fois, une compagnie américaine a réussi à concocter une compacte agile, nerveuse et un tantinet sportive. Plusieurs vont déplorer sa suspension ferme et sa direction trop peu assistée, mais les gens apprécient la Volkswagen Golf pour les mêmes raisons. En plus, cette berline peut toujours jouer son rôle de voiture de la famille avec ses quatre portières et son coffre assez spacieux. Enfin, ce moteur 2,3 litres est bien adapté à la conduite en ville tout en pouvant répondre aux attentes d’un conducteur qui aime que le compte-tours soit toujours près de la zone du régime maximal.

Curieusement, la compagnie Ford ne semble pas vouloir mousser la candidature de sa Focus dans cette catégorie, laissant le champ libre à plusieurs concurrentes qui ne sont ni meilleures, ni pires. À trop vouloir privilégier la vente des gros VUS et de camionnettes plus rentables, ce constructeur se prive d’une clientèle dont il aurait pourtant bien besoin.

Feu vert

Versions ST
Choix de carrosserie
Moteurs adéquats
Tenue de route honnête
Habitabilité correcte

Feu rouge

Moteur bruyant
Finition perfectible
Prix élevés de certaines variantes
Pneumatiques de base
Tableau de bord ennuyant

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