Aston Martin Vanquish S, la surdouée de la famille

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2007

Il n’y a pas si longtemps encore, la marque Aston Martin n’avait pas grand-chose à proposer, sauf le fait que certaines de ses voitures avaient été les covedettes dans les films de James Bond. Pour le reste, ses modèles étaient archaïques, leur fiabilité cauchemardesque et leur pilotage décevant. Puis la Vanquish est arrivée. Je m’en souviens comme si c’était hier. Par une belle journée ensoleillée du début de mars 2001, sur les bords du lac Leman à Genève, j’assistais au dévoilement de ce merveilleux coupé et je fus immédiatement conquis par les formes de cette belle anglaise. Lorsque le moteur V12 fut lancé, sa sonorité m’a aussitôt envoûté. Comme tous, j’étais tombé sous le charme. Du jour au lendemain, Aston Martin était sauvée de la disparition anticipée, la Vanquish venait de la propulser à l’avant plan.

Mécanique et design

Dans l’esprit de plusieurs, le stylisme à la britannique fait immédiatement songer à des grille-pain aux formes tourmentées ou des objets dont la présentation est plus rébarbative que charmante. Pourtant, lorsqu’on parle de belles voitures, c’est tout autre chose. Par exemple, la légendaire Jaguar XK-E, plusieurs Bentley des années trente et enfin quelques Aston Martin de la série DB sont considérées comme faisant partie des grands classiques du stylisme. Et la Vanquish est sur cette liste. Elle ne ressemblait à aucune autre voiture lors de son arrivée au début du siècle et elle demeure constamment aussi élégante. Il est quelque peu malheureux que ses lignes aient été copiées sur les autres Aston et même sur la nouvelle Jaguar XK-E.

Quoi qu’il en soit, elle est toujours une référence et sous cette élégance se cache une mécanique d’avant-garde. La plate-forme et la carrosserie sont constituées d’éléments collés à une structure centrale afin d’offrir une rigidité hors pair en plus d’avoir accordé aux stylistes plus de liberté dans la conception de la carrosserie. L’habitacle respecte dans une certaine mesure la tradition britannique du cuir à satiété. Il est omniprésent. Le tableau de bord est sobre et élégant à la fois avec trois cadrans indicateurs majeurs regroupés dans une nacelle ovale. Les cadrans à fond blanc s’agencent fort bien à la façade de couleur titane de la console centrale verticale. La seule concession au passé est cette pendulette analogique trônant en sa partie supérieure. Sur cette voiture, pas de bouton de commande générale comme le système iDrive sur les BMW. Le prix à payer pour cette absence est une multitude de minuscules touches servant à régler le système audio et la climatisation. Parmi les autres déceptions, il faut mentionner le volant qui semble avoir été emprunté à une Ford européenne. Il faut également souligner quelques autres touches d’accessoires en provenance de produits Ford qui viennent quelque peu enlever du lustre à cette bête de la route.

S comme dans Super

La gamme Vanquish se décline dorénavant en un seul modèle soit « S ». Personne ne se plaindra de la situation puisque cette voiture était la plus performante au catalogue. Le moteur V12 de 5,9 litres produit 520 chevaux et 435 lb-pi de couple, le tout relié à une boîte séquentielle à six vitesses à passage des rapports par touches montées sur le volant.

Pour assurer que le caractère sportif de cette voiture soit plus accentué, les ressorts et les amortisseurs sont nettement plus fermes tandis que la garde au sol a été légèrement abaissée. En plus, les bras de timonerie ont été raccourcis, garantissant une réaction plus rapide du volant. Et si jamais toute cette cavalerie vous incite à dépasser les limites de la raison, les freins sont surdimensionnés et couplés à des étriers à six pistons.

En raison de sa hauteur minimaliste, il n’est pas nécessairement facile d’entrer ou de sortir de cette voiture. Mais une fois derrière le volant, la position de conduite est bonne. Pour lancer le moteur, il suffit d’appuyer sur le gros bouton rouge monté sur la console. C’est alors que le moteur V12 nous laisse entendre sa voix de baryton qui devient celle d’un soprano au fur et à mesure que le régime moteur augmente.

Le pied sur la pédale de frein, le premier rapport est engagé en appuyant sur le bouton monté sur le volant et notre galop d’essai débute. Il suffit d’enfoncer l’accélérateur pour être repoussé dans le siège et voir le paysage défiler à grande vitesse. Elle est élégante, mais elle est tout aussi performante, c’est certain ! Les autres sensations qui nous assaillent sont le volant qui est très lourd et direct, et la suspension ultra ferme qui transmet assez bien les imperfections de la route par l’intermédiaire des sièges. Et tout en négociant la multitude de virages de la route qui défile devant nous, je me demande qui peut bien commander cette voiture en version 2 + 2 compte tenu de la personnalité intimiste de ce bolide en tailleur Armani… Bien dans ma bulle, je prends plaisir à passer les rapports, à m’émerveiller devant la puissance des freins sans m’inquiéter de ce qui se passe autour de cette voiture. Pourtant, la visibilité n’est pas son point fort et une excursion dans la circulation dense est de nature à rendre nerveux. Mais à part quelques traits de caractère qui irritent parfois, cette Aston Martin est vraiment une voiture de légende.

feu vert

Moteur fabuleux
Style intemporel
Habitacle somptueux
Exclusivité assurée

feu rouge

Fiabilité décevante
Poids élevé
Visibilité vers l’arrière
Volume limité du coffre

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