La Avenger 2010 de Dodge: vengeresse ou seulement discordante?

Points forts
  • Silhouette
  • Stabilité
  • Prix
Points faibles
  • Qualité d'assemblage
Évaluation complète

Tous, à partir des éditeurs et de leurs amis, veulent savoir ce qu’il en est du marché actuel de l’automobile tel que vu par un journaliste automobile. Que ce soit au cours d’un BBQ dans la cour ou au moment de taper sur le clavier, tous veulent obtenir votre recommandation. Mais, les humains étant les êtres critiques qu’ils sont, chacun veut savoir davantage ce que l’on ne recommande pas.

Sur cette question, j’ai plutôt pris une position modérée puisque, lorsqu’il s’agit du marché moderne de l’auto, il n’y a pas de véritables citrons. Jadis, il y avait des Pintos de Ford qui explosaient, des Yugos qui n’ont jamais roulé et des produits GM dont les roues se détachaient du véhicule. Non, si vous magasinez une voiture en 2010, vous ne pouvez vraiment faire erreur; vous pouvez seulement aller vers du meilleur. Du moins, c’est ce que je croyais.

Car voici, Mesdames et Messieurs, la seule championne de la mauvaise cause automobile : la Avenger de Dodge. Bien sûr, on vous pardonnerait de ne pas penser ainsi, puisque les gens de Dodge ont pris grand soin de voir à ce que l’extérieur de cette Avenger soit le plus joli possible. À partir de l’ourlet accentué style « bouteille de coke » au-dessus de l’aile arrière jusqu’à la calandre proéminente à croisillon, cette voiture ressemble en tous points à sa grande cousine, la Charger. Équipée d’élégantes roues habillées de chrome et d’un tuyau d’échappement à deux embouts, elle possède tous les accoutrements et le train arrière est assez bien ficelé, merci. Le coffre-arrière de petite taille est flanqué d’une paire de feux de formes agréables qui rendent hommage à la fois à la Avenger pleine d’entrain et à la Charger berline actuelle. Bien que le becquet monté sur le coffre soit une pièce molle, de piètre fabrication, il offre un look décent, du moins lorsque le véhicule est au ralenti.

À l’intérieur, cependant, les choses se compliquent. En premier lieu, il y a ces seuils de portières inutilement larges. Si, par hasard, votre route vous mène dans la boue, préparez-vous à porter cette saleté sur votre mollet toute la journée. Vous vous souviendrez ainsi, la prochaine fois que vous descendrez d’une Avenger, de faire un plus grand pas. Si, lors de votre première rencontre avec une nouvelle Avenger vous avez pu éviter ce piège, vous pourrez alors vous installer, tout propre, dans la chaise-capitaine relativement confortable. C’est alors que les émanations dues à l’installation de beaucoup trop de plastique vous envahiront. À partir du tableau de bord jusqu’à la pédale de l’accélérateur, tout semble recouvert de quelque matériau synthétique amorphe et solide, et aucun revêtement n’est vraiment attrayant.

Que ce matériau soit brillant, peint ou mat, il y en a assez pour convaincre Ray Charles, malgré sa cécité, que la garderie et ses jouets en plastique ont trouvé leur niche dans le marché automobile. Certains fabricants peuvent réussir à agencer différentes combinaisons de matériaux synthétiques et créer un habitacle plaisant, mais les textures variées de la Avenger se mélangent en créant une masse homogène et sans inspiration. Et, pour empirer les choses, la qualité de l’assemblage laisse, elle aussi à désirer. J’ai l’habitude des dépenses liées au travail en conduisant un véhicule de presse, mais c’était la première fois qu’une voiture gobait littéralement mes sous : la monnaie pour le stationnement s’est glissée dans une fente de panneau, que dis-je! dans un canyon, jusque dans les entrailles de la console centrale.

Ce fut aussi la première fois qu’un véhicule de presse me faisait pleurer. Une plaque indicatrice de la sélection des rapports légèrement inclinée, enduite d’une couche tape-à-l’œil de plastique chromé et montée directement sous le pare-brise, n’accomplissait rien de mieux que de réfléchir chaque dernier rayon de soleil directement dans l’œil droit du conducteur, avec des résultats larmoyants. J’ai fini par abandonner et par recouvrir ce cadran de plastique désagréable à l’aide de mon portefeuille pendant les longs trajets. Bien sûr, le fait d’accomplir ce geste m’a ouvert des yeux moins larmoyants sur les comportements routiers de cette Avenger. Par exemple, pendant que le moteur V6 de 3,5 litres ne semblait jamais manquer de puissance, le véhicule équipé d’une transmission automatique à 6 rapports semblait souffrir de crises d’épilepsie, engageant et désengageant les vitesses sans y être nullement provoqué. Il n’est pas conseillé de tenter de boire votre double espresso du matin à moins d’être complètement arrêté, puisque même une légère pression sur l’accélérateur entraînera les séquences de changements de vitesses les plus bizarres jamais rencontrées.

Une fois rendue aux vitesses de l’autoroute, la suspension R/T de la Avenger, réglée en mode sport, semble prête à maintenir une ligne droite de façon perpétuelle, contribuant ainsi à la déception de ceux qui recherchaient un peu de piquant aux moments d’exécuter des « pas de côté » : réussir à effectuer un virage rapide à bord de ce véhicule peut être vu comme un exercice futile. Sur cette voiture équipée de pneus relativement élevés aux quatre coins et d’un gros moteur V6 alourdissant le train avant, le sous-virage est le premier conspirateur se ralliant contre la poussée vers l’avant, bien que ce comportement trouve une alliée dans la direction vague et sur-assistée. Tout ceci était accompagné d’un roulis surprenant de la carrosserie, malgré l’illusion, créée par une carrosserie sculptée avec art, d’un véhicule à profil bas et large.

Une relique de l’ère précédant la vente de feu chez Chrysler et une cousine par la fesse gauche de la déprimante Sebring de Chrysler, la Avenger personnifie tout ce qui n’allait pas chez Chrysler, il y a quelques années. Roulant sur la vague de popularité connue sous le nom de 300C, les gens de Chrysler croyaient fermement qu’ils ne pouvaient faire d’erreurs et ont rapidement démontré tout à fait le contraire. Et bien que cette Avenger soit très loin de ces Pintos et ces Yugos d’une autre ère, elle n’a absolument pas sa place dans un marché rempli d’excellentes voitures telles que la Fusion de Ford ou la Accord de Honda. Les premiers rapports indiquent déjà que la nouvelle Sebring de Chrysler se pointe à l’horizon, suivie peu après d’une Avenger de Dodge, et si les produits postrécession de la compagnie sont une indication, on peut s’attendre à un retour en vengeance de la part des gens de Dodge.

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