Mercedes Classe R 2011: La 'Merc' la plus anesthésiante qui soit

Points forts
  • Habitacle sans reproche
  • Traction intégrale de série
  • Toit panoramique - on aime
Points faibles
  • Dimensions embarrassantes dans les stationnements
  • Cargo limité (banquettes relevées)
  • Allure insipide
Évaluation complète

Ça ne marche pas. Ça ne marche pas, cette fourgonnette/familiale qui se veut autre choses, mais qui ne peut s’en échapper. Et qui, de surcroît, propose la conduite la plus anesthésiante de la gamme qui soit. La Mercedes Classe R ne trouve pas beaucoup de preneurs, du moins en Amérique du Nord et ce n’est pas sa plus récente évolution de mi-cycle qui va changer la donne.

Évolution, il faut le dire vite… Est-ce parce qu’on n’a pas vendu suffisamment de Classe R que les modifications, cinq ans après son lancement, sont très timides? Le plus grand changement, on le note à la calandre. On a repris la signature visuelle du reste de la famille Mercedes et on l’a dupliqué au bout d’un capot qui a le bonheur de se relever un peu. Moins plongeante, la silhouette perd en insipidité ce qu’elle gagne en caractère – on peut aussi dire merci à des phares avant redessinés et, optionnellement, à une ligne de DEL (diodes électroluminescentes) qui vient agréablement souligner l’ensemble.

Les phares arrière ont également été retouchés, les échappements sont maintenant intégrés et on a amené de nouvelles teintes intérieures. La belle affaire… Autres nouveautés : l’avertisseur d’angles morts peut désormais être commandé et le moteur diesel a été revu de manière à consommer 0,3 litres de moins aux 100km.

Sans émotion, sans connexion

Sinon, rien. Rien de nouveau et ce n’est pas ce qui va aider la cause « R ». Car si le loooong véhicule connaît du succès en Chine (les Chinois les aiment longues, leurs bagnoles…), il en est tout autrement de ce côté-ci du Pacifique. À peine 308 unités vendues l’an dernier au pays de la Feuille d’érable… À qui la faute? D’une part, à ce design extérieur qui donne dans le style autobus. Elle a beau vouloir se distancer des fourgonnettes et des familiales, reste que la Classe R n’a pas réussi à créer de nouveau segment, tel qu’elle l’escomptait. Toujours, il se trouve un utilitaire ou un cross-over pour lui faire de l’ombre. Il y a bien les cousins GL et ML qui sont assemblés, eux aussi, à l’usine américaine d’Alabama, mais pensez aussi Volvo XC90, Audi Q7, Acura MDX et Lincoln MKT – ce dernier a d’ailleurs le mérite de ‘puncher’ plus que les autres. Autre facteur d’insuccès pour la Classe R : la conduite sans émotion. L’Europe a droit à une direction plus serrée, mais l’Amérique doit se contenter d’une sauce si diluée qu’on ne ressent rien de toute connexion avec la route. Qui plus est, la manipulation est lourde et le véhicule si large qu’il faut y penser deux fois avant de s’insérer dans une ruelle. Attention aussi en stationnement : on ne gare pas n’importe où, ni n’importe comment ces 5,1 mètres de long… Bref, la Classe R n’est pas athlétique pour deux cents.

Quatre fois sur cinq : diesel

Pour notre continent, seuls deux moteurs continuent d’être offerts, soit le V6 de 3,5 litres à essence (272 chevaux) et le V6 BlueTec de 3,0 litres diesel (211 chevaux). Pas de nouveau là et, sans surprise, c’est le diesel qui remporte la faveur canadienne, dans une proportion de quatre sur cinq ventes. Et on comprend pourquoi en pilotant simultanément les deux motorisations. Avec ses 400 de couple, et malgré ses 105 kilos supplémentaires, le V6 diesel a beau livrer des accélérations une demi-seconde moins rapides, il le fait de façon pas mal plus profonde et plus engageante. Les reprises 80-120km/h sont aussi dynamiques que pour le moteur à essence et, merci à une insonorisation de l’habitacle tout à fait impeccable, le diesel se fait tout aussi silencieux. Avec en prime une consommation pas mal plus frugale (une économie d’au moins 3 litres aux 100km).

Ne pas brutaliser

C’est encore la boîte automatique sept rapports qui monte à bord et, comme à son habitude, cette transmission se fait si transparente qu’il faut avoir un œil sur les révolutions pour savoir qu’elle vient de passer une vitesse. On ne ressent jamais le besoin de se mêler de sa course, ce qui pourrait quand même être possible avec les commandes au volant. Mais bon, quand on conduit une Classe R, on ne s’excite pas vraiment le poil des jambes, alors doutons du fait que les conducteurs manieront souvent ces gizmos.

La traction intégrale continue d’être de série, ce qui se traduit par une rassurante tenue de route. Mais n’allez pas trop pousser la chance en virages serrés parce que le véhicule fait alors sentir les limites de son long empattement (3215mm). Et décidément, il n’aime pas être brutalisé.
Par contre, la balade est tout confo avec cette suspension aérienne qui semble flotter au-dessus du bitume. Rien pour « dés-anesthésier » l’expérience de conduite… Cela dit, on accorde un 9,5/10 pour le freinage : pouvoir immobiliser ces plus de 2200 kilos de 100 à 0km en 40 mètres, ça tient presque du miracle. Surtout quand on sait qu’il faut un demi-mètre de plus (de plus!) pour freiner la petite Classe B…

Y’a de la place en masse…

Là où la Classe R gagne ses galons, c’est en termes d’habitacle. Le confort est indéniable, les sièges hyper-enveloppants et de bon maintien, les matériaux sont de grande classe et leur assemblage ne pourrait pas être plus au poil que ça. Mieux vaut choisir les variantes six places parce qu’on profite alors des sièges capitaine en 2e rangée, beaucoup plus confos que la banquette (version sept passagers) sur laquelle le passager du centre pestera de petitesse. On s’en doute, les places de 3e rangée sont restreintes, notamment à la tête avec cette ligne de toit qui plonge. Assurément, l’espace cargo est monstre quand toutes les banquettes sont rabattues (jusqu’à 2385 litres), mais à peine 314 litres s’offrent lorsque toutes les places sont occupées. C’est moyen.

Un dernier tour de piste?
Les gens de Mercedes vous diront que la Classe R n’a pas de concurrence. Et à notre avis, cette absence de compétition montre à quel point l’avenue du « people hauler » constitue, sous cette forme, un cul-de-sac. Sinon, n’est-ce pas que bon nombre de constructeurs l’auraient empruntée, cette avenue, depuis cinq ans? En lieu de quoi, ce sont les utilitaires et les multi-segments qui prennent le pas. La Classe R n’a pas réussi à réinventer la roue, ce n’est pas avec une nouvelle calandre qu’elle pourra le faire. Ne soyez pas surpris si le véhicule n’est pas reconduit pour une 2e génération et qu’il tire subrepticement sa révérence… Ce n’est pas nous qui allons le regretter.

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