Christian Meunier nous explique comment il veut relancer Nissan en Amérique
Le constructeur Nissan traverse actuellement une période difficile. Marqués par le retrait de quelques modèles et la suppression de milliers d’emplois à l’échelle mondiale, les derniers mois n’ont pas été de tout repos dans le camp du géant nippon. À l’ère de l’électrification, des tarifs douaniers et de la domination chinoise, Nissan doit réparer ses torts et miser sur ses forces.
« L’objectif, c’est de vendre des voitures, gagner de l’argent et s’occuper du client », a déclaré Christian Meunier, président de Nissan Amériques, qui était en visite au Québec à la fin du mois de juin.
- À lire aussi: Nissan Canada suspend l’importation de trois modèles
- À lire aussi: Des milliers de véhicules Nissan et Infiniti verront leur moteur remplacé
Le principal intéressé est revenu au bercail en janvier, lui qui en est à son deuxième parcours avec l’entreprise. En effet, M. Meunier a été à l’emploi de Nissan et d’Infiniti pendant quelques saisons avant la pandémie de 2020. « J’étais toujours en contact avec des gens chez Nissan. J’ai toujours gardé une attache sentimentale avec l’entreprise et je voyais que l’entreprise était en perte de vitesse », a-t-il expliqué.

Comme il se plaît à le rappeler, le nouveau grand manitou des Amériques connaît cette boîte par cœur, il connaît ses travers et ses avantages. Selon lui, Nissan était demeuré en « mode COVID ». Les bureaux de Nissan à Nashville, au Tennessee, étaient vides à son retour. C’est d’ailleurs l’une de ses premières décisions, soit celle d’obliger le retour des employés aux installations de la marque. Le but est de retrouver cet esprit d’équipe qui s’était dilué avec le télétravail.
Le Guide de l’auto a pu converser avec le nouveau président de Nissan Amériques à l’occasion d’une visite aux bureaux de la marque à Kirkland, dans l’ouest de Montréal. Voici ce que nous avons découvert.
Ramener l’émotion
« Il faut toucher le cœur des gens. Ce n’est pas uniquement de la mobilité. Il y a aussi un côté émotionnel, même dans les générations jeunes », a-t-il précisé. Selon lui, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, en parlant de l’image de marque de Nissan. Pour Meunier, Nissan, c’est une marque japonaise, une marque de qualité, une marque qui ne vous laisse pas tomber et même une marque « fun » avec un design différent.

La gamme Nissan s’est éloignée de cette prémisse en devenant plus générique et conservatrice au fil du temps. Les consommateurs ont perdu confiance. C’est pour cette raison que celui qui se retrouve à la tête du continent le plus important pour Nissan veut retrouver des modèles qui suscitent l’émotion, tout en assurant de bonnes marges de profit et un volume intéressant au chapitre de la production.
Et même si Nissan a déjà prévu quelques lancements dans les mois à venir, on comprend que la relance du 4x4 Xterra est l’une des priorités du président ces jours-ci. Ce retour d’un utilitaire prisé par les amateurs ne pourrait arriver à un meilleur moment, avec la mode aventurière qui est sur toutes les lèvres depuis quelque temps.
La marque de luxe Infiniti n’est pas en reste, elle qui bat de l’aile depuis un bon moment déjà. Avec le retrait annoncé du tandem QX50/QX55, Infiniti n’aura que le nouveau QX80 et le QX60 redessiné pour commencer l’année 2026. Ici aussi, on mentionne les belles années du FX et de la gamme de voitures G (G35 et G37) pour rappeler l’importance de l’émotion. Heureusement, il y a aussi du nouveau à l’horizon.

Du sang neuf
Pour repartir sur de bonnes bases, le constructeur nippon compte présenter pas moins de 18 nouveaux modèles au cours des… 18 prochains mois. Bien entendu, il ne s’agit pas tous de véhicules complètement redessinés, car plusieurs d’entre eux seront des refontes de mi-parcours. Néanmoins, ceux et celles qui trouvaient que les deux marques ne proposaient pas beaucoup de nouveautés dans les derniers mois seront servis.
Sans surprise, M. Meunier n’a pas tout divulgué, mais on sait déjà que la nouvelle Leaf électrique, qui prendra la forme d’un multisegment urbain cette fois, fera son apparition dans les prochains mois au pays. Qui plus est, la berline Sentra entièrement repensée sera dévoilée avant la fin de 2025 et, selon le dirigeant, la nouvelle mouture sera spectaculaire.

Christian Meunier a aussi promis un Pathfinder redessiné à court terme. Doit-on s’attendre dans ce cas-ci à des changements mineurs, à l’image de ce qui a été accompli avec l’Infiniti QX60 pour 2026? Est-ce que le quatre cylindres turbo de 2 litres à taux de compression variable sera la seule option mécanique à compter de l’an prochain dans un effort pour réduire l’empreinte écologique de la marque? Ça reste à voir.
Le très important Nissan Rogue fera également partie des modèles revisités par l’équipe de designers et d’ingénieurs, avec notamment une variante hybride et une autre, hybride rechargeable. Cette électrification du modèle le plus vendu de la marque est primordiale pour relancer les ventes de Nissan en Amérique du Nord.

Quant à la bannière luxueuse, le développement du prochain QX50 à motorisation hybride est déjà entamé, lui qui sera basé sur la même plateforme que le Rogue. Un véhicule 100% électrique est aussi planifié, tout comme l’arrivée de cette variante coupé du QX60 en 2026, qui s’appellera simplement QX65.
e-Power, une technologie révolutionnaire?
« La bonne nouvelle, c’est que la technologie e-Power arrive l’an prochain et je me bats pour qu’on la produise aux États-Unis », a clamé Christian Meunier. La politique de protectionnisme de l’administration Trump est sans contredit derrière cette volonté d’assembler des milliers de véhicules équipés de la technologie de motorisation hybride en sol américain. Toutefois, en élargissant son éventail d’options mécaniques, le constructeur s’assure de ratisser plus large. Et surtout, en assemblant les véhicules localement, les coûts seront réduits, en plus de s’aligner avec les volontés du président américain.
Interrogé sur l’épineuse question des tarifs douaniers imposés par le gouvernement Trump, le président de Nissan Amériques n’a pas cherché à se dérober pour éviter ce sujet. Il voit plutôt cette offensive américaine comme une opportunité de localiser et d’accélérer la production en Amérique du Nord avec des volumes importants dans les usines nord-américaines.