Honda Pilot, déjà complexé ?

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

C’est un beau lundi matin. M. Pilote est en train de prendre lentement les premières gorgées de son premier café de la semaine, tout en jasant avec ses collègues. M. Pilote affiche l’aisance de celui qui possède un emploi sûr, bien rémunéré. On lui a certes souvent reproché son manque de passion au travail, mais bon, ça fait tout de même deux années qu’il est là, alors pourquoi s’en faire. Et voilà que le patron de M. Pilote vient lui présenter un p’tit nouveau, un blanc-bec qui ne connaît rien et qui… Mais tous les yeux sont tournés vers le jeunot…

Pour les besoins de ce texte, remplaçons M. Pilote par le Honda Pilot et le p’tit morveux par le Ridgeline, la nouvelle camionnette de Honda. À moins d’arriver un beau matin avec un Pilot tout à fait extravagant, il n’y a rien à faire, le Ridgeline est la vedette incontestée de l’entreprise japonaise. Peut-être est-ce la raison pour laquelle le Pilot 2006 se prend des airs de Ridgeline avec ses nouveaux phares et sa grille remaniée ? Mentionnons aussi un aileron arrière redessiné et l’addition d’un niveau de luxe, soit EX-L Navi. Ce n’est pourtant pas avec ces quelques modifications qu’il sera plus facilement reconnaissable dans la circulation et il devrait demeurer une référence sous l’angle de l’anonymat! Mais il est de plus en plus évident que le Pilot se dirige vers une seconde génération d’ici peu. En effet, il prend son châssis de la fourgonnette Odyssey qui a été entièrement revue l’an dernier. Puisque l’Acura MDX est du même moule, on peut s’attendre aux mêmes dates de remplacement. Au moment de mettre sous presse, nous n’avions que les photos du modèle 2005 à vous présenter.

Pour l’instant, le Pilot conserve la même mécanique que l’an dernier. Le seul et unique moteur qui lui est confié demeure celui de la nouvelle Odyssey (et du Ridgeline !), soit un V6 de 3,5 litres de 255 chevaux et 250 livres-pied de couple. Ce moteur, très moderne, fait preuve d’une belle souplesse et d’une discrétion très appréciée et ne semble jamais se fatiguer même si, dans le cas du Pilot, il doit faire bouger plus de 2 000 kilos ! Il travaille main dans la main avec une transmission automatique à cinq rapports, encore une fois la seule à être offerte. Son fonctionnement est tel qu’on oublie tout simplement qu’il y a une transmission dans ce véhicule. C’est bien là le plus bel hommage qu’on peut rendre à une boîte automatique !

On retrouve aussi le système intégral VTM-4 qui, en temps normal, envoie la puissance aux roues avant. Mais dès qu’une de ces roues patine, une partie du couple est transférée au différentiel arrière dans une proportion pouvant aller jusqu’à plus de 50% si le besoin se fait sentir. Ce système n’est pas aussi performant en conduite hors route que celui d’un Jeep Grand Cherokee, par exemple, mais il s’avère parfait pour la plupart des situations corsées rencontrées sur nos routes, l’hiver surtout ou dans la boue.

Même si la technologie prend toutes les décisions qui s’imposent concernant le choix des roues motrices, le conducteur peut bloquer le différentiel arrière pour améliorer la traction. Il faut aussi avouer que la garde au sol d’environ 20 cm n’est pas la meilleure de la catégorie, mais elle permet au Pilot de passer là où une Civic et un CR-V auraient l’air fous ! Par contre, la capacité maximale de remorquage n’est que de 2 045 kilos (4 500 lb).

Si les performances ne sont pas piquées des vers (le 0-100 est l’affaire de 9,0 secondes), le comportement routier n’est pas des plus sportifs. Supporté par des suspensions indépendantes aux quatre roues accrochées à un châssis bien né, le Pilot se conduit, comme le faisait remarquer mon collègue Gabriel Gélinas l’an dernier, comme une fourgonnette. La caisse penche passablement en virage et le roulis est impressionnant. Malgré tout, le Pilot s’accroche avec une belle énergie au pavé en dépit des pneus d’origine de bien piètre qualité. Le plus grand reproche va à la direction, aussi lente à réagir que légère à tenir. Et dans une certaine mesure, on pourrait aussi blâmer l’insonorisation, trop parfaite et qui ne laisse filtrer aucun bruit environnant. Déprimant.

C’est surtout lorsqu’on passe du temps dans l’habitacle qu’on apprécie sans doute le plus le Pilot. Les sièges, tout d’abord, se montrent confortables et peuvent accommoder les fesses… comment dire… plus larges que la moyenne. La banquette de deuxième rangée s’ajuste d’en avant en arrière, tandis que la troisième ne devrait être réservée qu’à un député n’ayant pas tenu une promesse électorale (en fouillant un peu, on peut en trouver…) Le dossier de ces deux banquettes s’abaisse de façon 60/40 pour agrandir l’espace de chargement, formant ainsi un fond plat. L’espace est alors tout simplement incroyable.

Comme déjà mentionné, une nouvelle version vient s’ajouter aux LX, EX, EX-L (cuir) et EX-L RES (Rear Entertainment System ou DVD). Il s’agit du EX-L Navi offrant le système de navigation par GPS et faisant grimper la facture encore un peu plus. Peu importe la version, la qualité de la finition ne s’avère rien de moins que fantastique. Mais le tableau de bord, malgré ses nombreux espaces de rangement, son ergonomie soignée (tous les boutons et commandes tombent sous la main) et la qualité de la plupart des matériaux, le tableau de bord, donc, commence à dater. Nul doute que la prochaine génération corrigera ce détail.

Le Honda Pilot demeure une référence en fait de qualité d’assemblage, de fiabilité, d’habitabilité et de confort. Pour la passion, il faudra attendre un peu.

Feu vert

Assemblage maniaque
Habitacle vaste
Confort enthousiasmant
Fiabilité légendaire
Groupe motopropulseur bien adapté

Feu rouge

Un peu « dur su’l’ gaz »
Direction légère
Lignes endormantes
Intégrale quelquefois lente
Changements trop discrets

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