Suzuki Kizashi 2011: Surprise!

Points forts
  • Ses meilleurs atouts: suspension et direction
  • "Full equip"
  • Traction intégrale efficace
  • Habitacle facile à apprivoiser
Points faibles
  • Une seule variante
  • Pas de boîte manuelle - qu'une CVT...
  • On prendrait un peu plus de HP
  • L'un des plus petits coffres de la catégorie
  • Fiabilité?
Évaluation complète

De belles qualités et des moyens défauts, est-ce que ça s’annule? Oui, et d’encore meilleure façon lorsqu’on lance la Suzuki Kizashi sur la piste d’ICAR, à Mirabel. Mais sans doute en faudra-t-il davantage pour convaincre les gens d’aller magasiner leur berline intermédiaire chez Suzuki…

Si on y pense un peu, on réalise que Suzuki Canada ne nous a jamais donné une voiture intermédiaire. Il y a bien eu brièvement la Verona, copie d’une Daewoo après le rachat du constructeur coréen par GM, et obtenue par alliance. Mais une vraie de vraie intermédiaire chez nous? Jamais. Que des utilitaires et des toutes petites.

Eh bien, la donne vient de changer. Roulements de tambour : voici la Kizashi. Le ‘z’ placé avant le ‘s’, pour ceux qui souhaitent se souvenir de l’épellation. Kizashi signifierait, en japonais : « Quelque chose d’important arrive ».

On veut bien vous croire, on veut bien vous croire…

Les ambitions, mais pas les moyens…

Première réaction devant les communiqués où l’on nous vante la sportivité et le luxe de l’habitacle : ben oui, ben oui, dit-on sur un ton dubitatif… Car cette fois, on ne croit pas sur parole. Et pour cause : Suzuki nous a plutôt habitué à du pratico-pratique et dans une industrie où tout va plus vite que le 0-100km/h, le petit constructeur japonais n’a pas toujours les moyens de ses ambitions.

Bon, avant de nous faire tirer des tomates pour cette dernière réplique, prouvons la chose. Ce qui suit devrait suffire : alors que les berlines intermédiaires se déclinent majoritairement en deux motorisations et avec deux ou trois boîtes de transmission, le tout réparti sur une dizaine de versions entre 22 000$ et plus de 30 000$, voilà que la Kizashi ne s’amène, au Canada du moins, qu’en une seule variante.

Une seule variante

Vous avez bien lu : une seule variante, point à la ligne. Que la full equip à 29 995$, à part de ça. Les États-Unis, les chanceux, ont pourtant le choix de la traction (deux roues motrices ou intégrale) et de la transmission (manuelle six vitesses ou CVT).

Mais ici, pas de choix, pas même d’option. On est loin de se casser les nénettes… C’est donc uniquement la traction intégrale et la CVT qui se pointent, avec revêtement de cuir et toit ouvrant, démarrage sans clé et climatisation automatique bi-zone, sièges chauffants et roues de 18 pouces.

La totale, quoi. Sauf que l’absence de toute boîte manuelle est décevante, surtout quand on sait que Suzuki déclame sa Kizashi comme une sportive. Autre preuve que les limites viennent freiner, plus vite qu’ailleurs, les ambitions chez Suzuki : la nouvelle berline n’offre pas de système de navigation. Et non plus pour elle, pas de gizmos comme le Sync de Ford, l’Onstar de GM ou le détecteur d’angles morts de la Mazda6.

Rien, niet, nada, que l’essentiel.

Ceci dit…

Est-ce parce qu’on attend si peu de la Suzuki Kizashi qu’elle vient finalement nous impressionner? Peut-être… Toujours est-il qu’au premier regard, la berline offre un visuel qui plaît, du moins à l’arrière. Le coffre qui se relève en aileron naturel est d’un bel effet, souligné qu’il est par deux échappements triangulaires chromés.

De côté, la silhouette ramassée n’attire pas les waow dithyrambiques, mais l’ensemble est équilibré et sympathique à l’œil. Y’a juste cette calandre en nid d’abeille, malencontreusement traversée du pare-choc, qui vient agacer : la grille sombre plonge démesurément jusqu’au sol et ça fait pas mal trop… Suzuki.

Dans l’habitacle, l’impression qui se dégage d’abord n’en est pas une de grand luxe, comme le voudrait le constructeur. Mais reste que le cuir est de belle qualité et que les surjets blancs viennent rehausser l’expérience. Le style intérieur n’a officiellement rien pour déplacer des montagnes et on trouve même le long bloc central ennuyeux, mais au moins le tout a-t-il le mérite d’être dégagé et bien ficelé.

Les commandes sont instinctives à apprivoiser, peut-être parce qu’elles ne sont pas en surabondance, contrairement à l’ami GM…. Qui plus est, il est ab-so-lu-ment impossible de ne pas trouver la bonne et confortable position de conduite, avec ce siège conducteur (de cuir) enveloppant qui s’ajuste en dix positions. Le volant, de très bonne prise en main, s’ajuste en hauteur et en profondeur.

L’insonorisation est dans la bonne moyenne. Pas de désagréables bruits de vent ni de roulements de pneus, mais il règne dans l’habitacle une résonnance de caisse qui nous pousse, pour la couvrir, à augmenter le volume du radio. Ou à chanter plus fort…

Plus courte que les autres

À l’avant, la Kizashi offre un bon dégagement aux têtes, de même qu’un bon espace habitable en largeur et l’on n’a pas tendance à s’y serrer les coudes. Par contre, la voiture est pas mal plus courte que la concurrence intermédiaire. Les jambes arrière pâtissent du fait que la longueur hors-tout et l’empattement soient substantiellement moindre (en moyenne 200mm en longueur et 85cm pour l’empattement) que pour les autres berlines de même catégorie.

Le coffre aussi, pâtit : avec ses 378 litres, il est parmi l’un des plus restreints, devant une concurrence qui varie entre les 415 et les 469 litres. Heureusement, la banquette accepte de se rabattre aisément et tout à fait à plat, en configuration 60/40. Bravo pour ce hayon léger qui fait que les poignets n’ont pas à craindre l’entorse.

Deux atouts majeurs : direction et suspension

Qui dit plus courte empreinte sur la route, dit nécessairement meilleure agilité. Et c’est là que la Kizashi vient gagner de surprenants galons – davantage sur les routes tortueuses que sur l’autoroute, d’ailleurs. C’est qu’elle est à son meilleur quand on la brasse un peu, cette p’tite v’limeuse!

Devant ce qui semblait être autant d’audace routière, nous avons voulu voir de quoi il en retournait en milieu sécuritaire. Au passage, nous disons un gros ‘merci’ à ICAR, le circuit mirabellois qui nous a accueilli pour une p’tite virée.

À l’instar de la sœurette SX4, les premiers tours de piste de la Kizashi sont une surprise – et une d’encore plus d’envergure. La direction (une crémaillère, pas une électrique, fiou!) est d’une substantielle résistance, à la limite du lourd. En situation sinueuse, elle transmet directement – et fort plaisamment – les sensations, permettant à la voiture de se placer exactement là où on l’enligne, avec aplomb.

Autre atout appréciable chez la nouvelle Suzuki : la suspension absorbe les cahots (ah, ces vibreurs de piste…) dans un court débattement, sans pour autant démolir les colonnes vertébrales. Très bien connectés au bitume, les éléments suspenseurs travaillent diligemment et bronchent à peine. La plupart des berlines intermédiaires se dandinent plus que ça…

Un turbo? Non, une hybride…

Bref, la Kizashi se montre à la fois solide et très prévisible. La traction intégrale y est évidemment pour quelque chose, mais l’est aussi le châssis, rigide et bien équilibré, tiré d’une toute nouvelle plateforme d’assemblage.

Par contre, la voiture n’est pas ultra-puissante. Côté moteur, elle n’a droit qu’au quatre cylindres de 2,4 litres du Grand Vitara, évidemment révisé pour l’occasion. À 180 chevaux et 170 lbs-pi de couple sous le capot, c’est respectable et dans la bonne moyenne, mais ce n’est pas assez démoniaque pour attaquer les longs droits. On aimerait bien un turbo et une injection directe mais, comme on l’a dit plus tôt, Suzuki n’a pas toujours le moyen de ses ambitions… quoiqu’on nous annonce une version hybride pour bientôt (!).

Toujours au chapitre de la puissance, mentionnons que malgré ses courtes dimensions, la Kizashi n’est pas plus légère que les autres concurrentes. Le ratio poids-cheval vapeur n’est donc pas à se garrocher par terre et pour bien tirer toute la puissance disponible, il faut jouer du mode manuel et… résolument enfoncer l’accélérateur, au demeurant un brin trop ferme.

Vivement la manuelle!

Aussi, et surtout, il faut faire avec la transmission à variation continue. Vivement que la boîte manuelle traverse nos frontières et qu’on puisse régler le 0-100km/h en 7,5 secondes…

Vous le savez, qui dit CVT, dit reprises plus bruyantes que franchement dynamiques. Or, ici comme ailleurs, ça résonne sous le capot alors que… le paysage ne défile pas plus vite que ce qu’entend l’oreille. Par ailleurs, la boîte met un instant avant de s’ébranler, ce qui se traduit par un 0-100km/h dans un peu plus de neuf secondes.

La bonne nouvelle : on a droit au passage de six rapports virtuels (faciles à manipuler) au volant et laissez-moi vous dire qu’on s’en sert, de ce mode manuel. On peut reprocher aux boîtes CVT de faire sèchement miauler les accélérations, mais une chose est sûre, elles permettent (du moins ici) un changement de vitesse instantané et linéaire, qui ne vient heureusement pas briser l’élan. On aime beaucoup.

Avantage « intégral »

Rares sont les berlines intermédiaires qui proposent la traction intégrale. Pour l’heure, il y a la Volks Passat, la Ford Fusion et la Subaru Legacy. Est-ce que j’en oublie? La Kizashi vient s’ajouter à la liste avec son dispositif qui a l’avantage du ‘deux modes’ et qui se montre fort efficace – comme chez la SX4, d’ailleurs. Une simple commande au tableau de bord (quoique malencontreusement cachée par le volant) permet de sélectionner la conduite en deux ou quatre roues motrices.

Ajoutez à cela un excellent freinage transmis par une pédale franche et réactive, et vous avez entre les mains une berline pas mal intéressante à piloter. Tout au plus lui reproche-t-on un capot trop relevé et dont on ne perçoit pas bien les extrémités en conduite active. Dans les stationnements non plus, il faut dire…

Après les fleurs…

Bon, après les fleurs, voilà le pot : une telle berline détonne dans la gamme Suzuki. Pas sûre que les consommateurs vont avoir l’instinct de magasiner chez le constructeur qui nous sert des 4x4 et à des compactes depuis des années.

Pas sûre non plus que les gens vont vouloir avancer 30 000$ plus taxes, même si la voiture est équipée pour encore plus que ça. Car tous les atouts du monde ne compensent pas le fait que la voiture est une mouture nipponne qui, contrairement aux comparses Toyota et Honda, se classe parmi les bons derniers dans les méga-sondages sur la fiabilité de l’américaine J.D. Power.

Parlant fiabilité… Sachez que deux Kizashi devaient prendre part à des matchs comparatifs au Québec le mois dernier. Eh bien, ce fut du tout ou rien : la première unité a remporté le match devant toutes les autres, y compris la nouvelle Hyundai Sonata, alors que la deuxième… ne s’est pas pointée au rendez-vous en raison d’un bris de transmission. Ou d’on ne sait trop quoi encore – Suzuki analyse le cas…

Aussi, notre modèle d’essai souffrait d’éclipses de peinture ici et là, ce qui nous fait craindre que la belle et neuve allure ne résistera pas à nos intempéries nordiques.

Reste que nez à nez, la Kizashi est presque aussi intéressante à conduire que la ferme et pimentée Mazda6, un brin plus que l’assurée Subary Legacy et décidément plus-plus-plus que les Toyota Camry, Honda Accord et Chevrolet Malibu de ce monde.

Qui va prendre le risque?

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