Lincoln Navigator 2025 : plus fort que l'emblème

Points forts
  • Confort royal
  • Qualité de fabrication en hausse
  • Technologie impressionnante
  • Puissance mécanique étonnante
Points faibles
  • Prix et dépréciation élevés
  • Transmission encore hésitante
  • Image de marque à travailler
Évaluation complète

Lincoln a lancé son Navigator en 1997. Dès lors, le succès était au rendez-vous, avec des ventes colossales. Parce que la marque initiait en quelque sorte un nouveau segment, mais aussi, parce que le produit était fort réussi à l’époque. L’idée d’endimancher un Ford Expedition (lui aussi fraîchement arrivé sur le marché) était non seulement géniale, mais on prouvait aussi à l’industrie que la clientèle adepte de VUS avait soif de luxe.

Lincoln aura donc écoulé en 1998, et uniquement aux États-Unis, pas moins de 43 859 Navigator. Un chiffre record, qui n’a fait que dégringoler depuis, pour se situer l’an dernier à environ 15 500 unités. Il faut dire que rapidement, la concurrence a répliqué, à commencer par Cadillac qui dès 1999, rebaptisait maladroitement un GMC Yukon en Cadillac Escalade.

Aujourd’hui, Cadillac écoule littéralement trois fois plus d’Escalade sur le marché nord-américain que Lincoln, avec des chiffres qui avoisinent en fait ceux des premiers instants du Navigator. Alors, comment expliquer que Lincoln, instigateur de l’idée, ait laissé la concurrence la dépasser si rapidement, sans même réussir à regagner du terrain?

Photo: Antoine Joubert

La réponse se trouve peut-être dans le manque d’audace, mais aussi, dans l’image de marque. Parce que si le nom Navigator symbolise l’opulence et le luxe à l’américaine, l’emblème Lincoln souffre toujours d’une image péjorative. De ce fait, on peut clairement affirmer que certains produits connaissent du succès non pas pour l’image qu’ils reflètent, mais parce que le véhicule en soi est convaincant. Par exemple, le Nautilus, dont les ventes ont plus que doublé depuis l’arrivée de la nouvelle mouture en juin 2024. En somme, si plusieurs se procurent une Mercedes-Benz d’abord pour l’étoile, il en va autrement chez Lincoln, alors que les acheteurs s’attardent principalement au véhicule.

Le luxe, d’abord et avant tout

Si Cadillac tire dans toutes les directions avec des versions plus intimidantes, plus performantes ou carrément classiques de l’Escalade, Lincoln ne se concentre que sur le luxe. Un luxe plus traditionnel, où le sport ne fait pas partie du vocabulaire. Certes, la marque propose aujourd’hui quelques variantes exemptes de chrome sur lesquelles se greffent d’imposantes jantes noires, mais Lincoln n’offre pas d’équivalent aux versions Sport et V de l’Escalade. Pourquoi? Parce que la vocation de Lincoln est d’offrir le nec plus ultra en matière de luxe et de confort, mais de façon feutrée.

Photo: Antoine Joubert

Évidemment, hormis les changements cosmétiques qui au demeurant, sont fort réussis, Lincoln nous séduit avec sa nouvelle planche de bord complètement numérique, dont l’écran de 48 pouces est directement emprunté au Nautilus. Un moniteur reposant à la base du pare-brise, ceinturé de haut-parleurs, et qui permet au conducteur comme au passager avant d’obtenir une information de façon simple et efficace.

Un écran qui bien sûr, est entièrement paramétrable, avec la possibilité d’y coulisser des applications relatives à de multiples choix. Alors, pas d’écran uniquement destiné au passager avant, qui ne sert généralement à rien, mais une qualité graphique inégalée et qui constitue franchement un des éléments clé dans les intentions d’achat. Parce que difficilement atteignable, ajoutons aussi que cet écran est non tactile, ne laissant aucune possibilité de traces de doigts!

Photo: Antoine Joubert

Il n’y a en fait que l’écran central, logé au-dessus de la console, qui soit tactile. Un écran dopnt vous contrôlerez l’essentiel des commandes, à moins que vous ne préfériez utiliser la commande rotative cristalline tombant sous la main. Sur le plan ergonomique, on ne reproche à Lincoln que la complexité d’utilisation des réglages de rétroviseurs et de la colonne de direction à travers les touches à effleurement placées sur le volant.

Une idée plus ou moins efficace, empruntée à Tesla, et qui permet surtout d’épurer le design (mais en vérité, d’économiser quelques dollars en éliminant quelques boutons physiques). Et puis, Lincoln utilise désormais un volant non circulaire, lequel vient altérer les règles d’une bonne prise en main.

Photo: Antoine Joubert

Black Label, une première

À ne pas confondre avec la bière, Black Label désigne le summum du luxe chez Lincoln depuis 2015. Aux États-Unis, plusieurs modèles sont d’ailleurs offerts en version Black Label, dont le niveau de luxe et de personnalisation atteint les plus hauts sommets. C’est donc avec le Navigator que cette version fait son entrée au Canada. En somme, une présentation plus distinctive autant à l’extérieur qu’à l’intérieur, avec un traitement cosmétique où le souci du détail impressionne.

Lincoln propose d’ailleurs différentes thématiques esthétiques où se mélangent à travers différentes teintes, des accents de bois, de cuivre, de cuir et de métal, tous très riches. Calandre illuminée à tressage unique, jantes de 24 pouces et teintes exclusives permettent aussi de distinguer ces versions, dont le coût supplémentaire avoisine les 23 000 $.

Attendez-vous ainsi à ce que Lincoln mette beaucoup d’emphase sur ces versions, qui entre vous et moi, ne coûtent pas 23 000 $ de plus à fabriquer. Cela dit, la version Ultra est déjà très bien servie, proposant une présentation très noble de même que tous les avantages d’aménagement de la Black Label.

Photo: Antoine Joubert

Bien qu’un peu moins spacieux que l’Escalade, le Navigator propose aujourd’hui la possibilité de deux sièges capitaines à la seconde rangée, lesquels peuvent être chauffants, massants et ventilés. Ceux-ci peuvent être troqués sans frais contre une banquette trois places, puisque certains acheteurs désirent toujours bénéficier de huit places assises. Or, parmi les distinctions de Lincoln réside l'avantage d’un niveau de luxe et de finition palpable même palpable. Tout le contraire d’un Escalade, qui vous donne pratiquement l’impression de monter dans un simple Tahoe si vous vous installez derrière.

Rejuvenate…encore et toujours !

Rejuvenate. Une révolution selon les stratèges de Lincoln, qui ont conçu ce dispositif permettant de vous relaxer à travers des séances de 5 ou 10 minutes. Activez la fonction via l’écran central et lorsque le véhicule est immobilisé (bien qu’en marche), il vous est possible de vous laisser aller au son d’une musique réconfortante, de concert avec les fonctions de massage du siège, avec le déferlement d’images aux écrans ainsi qu’avec la diffusion d’un parfum présélectionné. De quoi égayer vos cinq sens, dans la mesure où vous prenez de temps de vous immobiliser (tout en brûlant du carburant…) pour en profiter.

Chez Lincoln tente de nous convaincre que cette fonction est fortement appréciée de la clientèle. Dans la vraie vie, après quelques séances de relaxation, on s’en lasse rapidement. Peut-être utiliserez-vous certaines de ces fonctions de manière indépendante? Peut-être y trouverez-vous votre compte? Mais l’ironie, c’est que le constructeur nous vend le Navigator avec cet élément (à nous, les chroniqueurs automobiles), en évitant toutefois des sujets comme la mécanique, les performances ou la consommation de carburant. Des sujets que nous n’allions évidemment pas passer sous silence.

Photo: Antoine Joubert

Le V6 Ecoboost, fidèle au poste

Pourtant, la motorisation du Navigator n’a rien à envier à la compétition. Au contraire, puisqu’elle délivre une puissance supérieure à celle du V8 de Cadillac (440 ch contre 420), de même qu’un couple de 510 lb-pi permettant d’obtenir des reprises drôlement plus vives que celles de ses rivaux. Qui plus est, le V6 de 3,5 litres turbocompressé ne requiert pas d’essence super.

Un net avantage considérant une moyenne de consommation d’environ 13,5 L/100 km. À disons 0,25 $ le litre, cela signifie un écart approximatif de 3,40 $ par tranche de 100 kilomètres, ou de 680 $ par année. Une somme qui est symbolique face au prix du véhicule, mais qui demeure néanmoins dans les poches de l’acheteur. Tout comme l’exemption de taxe à la cylindrée imposée avec l’Escalade, qui exploite un V8 de 6,2 litres.

Puissant et fort agréable, le V6 du Navigator émet une sonorité artificiellement modifiée pour donner l’impression d’un moteur à huit cylindres lorsqu’on se trouve à son bord. Un exercice réussi, bien que peu crédible. Cela dit, on dénote encore quelques hésitations lors des passages de vitesse, à cause de la transmission à 10 rapports qui semble obsédée par l’économie dd'essence. Et pourtant, il n’y a ici aucune amélioration en la matière. Et bien sûr, n’osez pas demander quelconque information sur la possibilité d’une motorisation hybride, voire même électrique. Lincoln demeurera silencieux.

Photo: Antoine Joubert

Ultra confortable et insonorisé comme une salle d’enregistrement, le Navigator propose une conduite aseptisée. La tenue de cap est excellente, mais se voit altérée par la présence de jantes de 24 pouces qui, même sur les belles routes de Californie, diminuaient l’agilité du véhicule. Vaut donc mieux s’en tenir aux jantes de 22 pouces, que l’on peut aussi obtenir avec la version Black Label, tout dépendant du traitement esthétique extérieur sélectionné. Celles-ci permettent une meilleure maniabilité de même qu’une meilleure stabilité, notamment lors de l’utilisation du système de conduite semi-autonome BlueCruise. Un dispositif efficace, fonctionnant sur des routes cartographiées, mais qui avec les jantes de 24 pouces, impliquait plus de corrections automatiques de trajectoire en raison d’une chaussée parfois inégale.

Quant aux capacités de remorquage, elles varient de 8 200 à 8 700 lb, selon le type d’empattement et la taille des jantes. Toutefois, sachez que rares sont les acheteurs de Navigator qui remorquent plus de deux fois l’an, alors qu’une forte majorité de propriétaires de Ford Expedition remorquent plus de cinq fois par année. Comme quoi, la clientèle de ces deux modèles diffère énormément.

Photo: Antoine Joubert

Made in USA !

Fabriqué au Kentucky, le Navigator s’accompagnera de tarifs sur lesquels il est actuellement difficile de se prononcer. Attendez-vous toutefois à une prime salée, considérant une facture débutant désormais à 127 495 $ (transport et préparation inclus). Vous ajouterez ensuite 4 000 $ pour l’obtention du modèle L (empattement long), puis 23 000 $ si vous souhaitez passer à la version Black Label.

Évidemment, plus vous montez en gamme, plus la taxe de luxe sera élevée. Reste donc à voir si Lincoln pourra regagner quelques parts de marché, alors que se renouvellent aussi cette année l’Escalade et l’Infiniti QX80, duquel il ne faudrait pas se moquer. Parce que bien que le Navigator soir plus convaincant que jamais, Lincoln parvenait à peine l’an dernier à dépasser les ventes du QX80 avec son VUS pleine grandeur…

À voir aussi : combien coûte... le Lincoln Navigator 2025?

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