Hyundai Sonata, plus pour moins cher

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

La direction de Hyundai en a fait sa ligne de conduite. Elle veut se classer au cinquième rang des constructeurs mondiaux le plus rapidement possible. Pour ce faire, il lui faut vendre de plus en plus de véhicules et surtout sur le marché nord-américain. Ce n’est donc pas le fruit du hasard si la nouvelle Sonata est plus grosse que les leaders de la catégorie que sont les Toyota Camry et Honda Accord, mais elle se veut également mieux équipée que ces dernières tout en étant vendue mois cher.

Cette nouvelle venue en est à sa cinquième génération et il s’agit de la seconde fois qu’elle est assemblée sur notre continent. Tous se souviennent de l’aventure Hyundai à Bromont alors que la Sonata y était produite. Inutile de tenter d’expliquer les causes de l’échec de cette aventure québécoise pour le constructeur coréen, mais contentons nous de dire que ce modèle était alors inconnu sur notre marché et les attentes n’ont jamais été réalisées. Cela a quand même permis à Hyundai de se positionner dans ce créneau avec une berline digne de ce nom qui a rapidement fait oublier la Stellar de triste mémoire.

Revenons au présent si vous voulez bien avec la nouvelle Sonata qui est elle aussi assemblée en Amérique. Hyundai vient de parachever la construction d’une usine toute moderne à Montgomery en Alabama. Et avec une chaîne d’assemblage sur notre continent, la direction de la compagnie entend bien rencontrer ses objectifs de vente.

Et pour ce faire, ses ingénieurs et stylistes ont concocté une voiture dotée de caractéristiques qui surpassent les leaders de la catégorie, du moins en dimensions.

La guerre des centimètres

Afin de ne pas être à court d’arguments lorsque vient le temps de comparer la nouvelle Sonata aux concurrentes visées que sont les Honda Accord, Toyota Camry et Nissan Altima, les planificateurs ont dessiné une voiture plus spacieuse que la concurrence. Pour ce faire, son empattement a été allongé de 2,5 cm tandis que sa longueur ainsi que la hauteur ont été accrus de 5,5 cm. L’accroissement des principales cotes ont permis à la Sonata de passer à la catégorie des grosses berlines tandis que ses concurrentes sont toujours classées comme des intermédiaires par le gouvernement fédéral américain. Et quand on sait que nos voisins du sud ont toujours une propension pour les tailles fortes, les dimensions de la nouvelle Sonata sont un argument de plus dans la bouche des vendeurs. Cette guerre des litres et des centimètres s’est également portée au niveau du coffre à bagages. Avec ses 462 litres, le coffre de la Sonata surpasse ceux de la plupart de ses concurrentes à l’exception de celui de la Camry. Par contre l’ouverture du coffre de la coréenne pourrait être plus grande.

Et pour en rajouter une couche, les communiqués de la compagnie font état du silence dans l’habitacle qui est, selon leurs dires, supérieur aux mesures en décibel de la Camry et la Accord. Comme ce type de mesure varie énormément selon les conditions ambiantes, nous devons prendre pour acquis les chiffres fournis par Hyundai.

Bien tournée

Lors de notre essai routier, la plupart des gens ont émis des commentaires flatteurs sur la voiture. Comme toutes les autres de cette catégorie, la silhouette est relativement sobre, mais les lignes de la carrosserie ont plu à la majorité. Ce serait par ailleurs mentir de ne pas souligner le fait que certains éléments visuels ressemblent ceux de la Honda Accord, mais il ne s’agit pas d’une copie conforme. Et ce détail vous fera sourire. Dans leur communiqué de presse, les rédacteurs du département des relations publiques ont souligné « la jupe de calandre en V, signe de victoire ».

Si la silhouette est élégante et sobre, je suis persuadé que si l’écusson Hyundai, soit la lettre « H » inclinée vers la droite et retenue dans un ovale, était plus esthétique, cette voiture serait plus jolie. La présence de ce H tourmenté nuit au coup d’œil.

Toujours au chapitre du design, le tableau de bord est constitué de matériaux de meilleure qualité tandis que la texture du plastique est mieux réussie. Par contre, le tout manque d’originalité. C’est bien assemblé, d’une ergonomie simple et efficace, mais c’est un peu tristounet comme apparence. Il faut toutefois souligner que les sièges sont plus confortables et la qualité de fabrication supérieure au modèle précédent.

Nouvelle mécanique

Il est intéressant de suivre le développement de cette compagnie en analysant la progression des organes mécaniques. Chaque nouveau modèle est accompagné de moteurs qui gagnent en sophistication. Et cette cinquième génération ne fait pas exception à la règle. Le nouveau moteur quatre cylindres Theta a une cylindrée de 2,4 litres et sa puissance est de 162 chevaux. Tout en aluminium avec arbre d’équilibrage, il produit 22 chevaux de plus que le moteur quatre cylindres qu’il remplace. Il est bruyant au ralenti, mais l’insonorisation de l’habitacle filtre très bien les bruits et les vibrations tant et si bien que les occupants ne sont pas importunés. Il est livré de série avec une boîte manuelle à cinq rapports tandis que les modèles équipés du moteur V6 ne proposent qu’une boîte manumatique Shiftronic à cinq rapports. Elle peut également être couplée au moteur quatre cylindres.

Avec ses 235 chevaux, le moteur V6 de 3,3 litres marque un bond de 65 chevaux par rapport à celui de la Sonata 2005. Son bloc et la culasse sont en aluminium. En plus d’un gain de cylindrée de 600 CC, une distribution variable constante et un système d’admission plus efficace permettent d’expliquer ce gain de puissance.

Les suspensions avant et arrière sont un autre indice de l’évolution technique de ce modèle. La suspension avant est à double leviers triangulés associés à des amortisseurs à gaz et reliée à une barre antiroulis de 26 mm sur le modèle à moteur V6. La suspension arrière se compose d’un bras oscillant, de deux bras longitudinaux et d’un bras supérieur en A. Le tout amorti par des amortisseurs à gaz et des ressorts hélicoïdaux. Il ne faut pas oublier non plus que les freins ABS sont de série sur tous les modèles à moteur V6 et en option sur la GL à moteur quatre cylindres. Enfin, seule la GLS peut être commandée avec un système de stabilité latérale disponible en option.

Honnête routière

Dans sa publicité et dans la majorité de ses communiqués, la direction de Hyundai fait surtout état de l’importance de l’équipement de série, des dimensions plus généreuses, de la puissance accrue des moteurs, mais elle ne fait pas tellement cas de la tenue de route. C’est sans doute prudent de ne pas trop pavoiser compte tenu que la version précédente n’était pas tellement douée à ce chapitre.

Maintenant c’est nettement mieux, surtout en raison de la rigidité accrue de la caisse. En outre, le feedback de la direction est meilleur bien que ce ne soit pas encore de même niveau que ce que la Accord ou même la Chevrolet Malibu nous proposent. La suspension est confortable et pourrait être plus ferme, certaines personnes soulignant le fait que l’amortissement soit trop spongieux. Cela a des répercussions dans les virages alors que le roulis est assez prononcé. Il faut également ajouter que le moteur V6 est un peu mieux desservi à ce chapitre, probablement en raison d’une barre anti roulis plus rigide. Malgré tout, si la Sonata est en mesure de faire la vie dure aux meilleures japonaises de sa catégorie en fait d’équipement, de dimensions et de rapport qualité-prix, son comportement routier demeure toujours un cran en dessous de celui de la Honda Accord, fait match nul avec la Nissan Altima tout en dépassant de peu la Camry de base. Encore faut-il nuancer ce classement en fonction des versions multiples avec leurs variations de pneumatiques et d’amortisseurs. Bref, le nouveau millésime de la Sonata marque un net pas en avant malgré un habitacle tristounet.

Et il faut souligner en terminant qu’avec des prix de vente au détail suggéré variant de 21 900 $ à 26 600 $, Hyundai s’est donné les moyens de brasser la cage et d’aller inquiéter les ténors de cette catégorie. Ce geste audacieux de mise en marché s’explique sans aucun doute par les le classements avantageux de fiabilité et de satisfaction des acheteurs que s’est méritée la marque au cours des deux dernières années. Nous sommes loin du désastre qu’a représenté la Stellar pour le constructeur d’Ulsan au milieu des années quatre-vingt.

Avec la nouvelle Sonata, Hyundai a pris les moyens pour être un acteur de premier plan dans la catégorie des grosses intermédiaires tandis que la nouvelle Azera s’attaque à celle des modèles d’entrée de gamme chez les intermédiaires de luxe.

Feu vert

Nouveaux moteurs
Habitabilité assurée
Prix très compétitifs
Équipement complet
Plate-forme plus rigide

Feu rouge

Fiabilité inconnue
Tableau de bord terne
Suspension trop molle (4 cyl)
Moteur 4 cylindres bruyant au ralenti

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