Branle-bas de combat dans l'industrie automobile depuis le spectacle de Trump
C’est le branle-bas de combat chez les fabricants automobiles qui multiplient les annonces depuis l’assermentation du président américain, mais encore plus depuis l’annonce des tarifs douaniers et du « spectacle » offert par Donald Trump mercredi dernier à la Maison-Blanche.
« Les manufacturiers ne savent plus sur quel pied danser [...] Plusieurs ont suspendu la livraison de véhicules aux États-Unis », affirme au Journal l’expert Simon Beauchesne.
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Le directeur d’événements automobiles cite plusieurs exemples de l'impact des droits de douane, dont certains ont déjà été rapportés par les médias internationaux.

Il rappelle que Nissan a suspendu la production de deux modèles aux États-Unis, dont l'Infiniti QX50; que le manufacturier Volvo a annoncé qu’il fabriquera plus de véhicules en Caroline du Sud; que Volkswagen-Audi a suspendu les livraisons depuis le Mexique pour s’en aller aux États-Unis; que General Motors va augmenter la production des camions Chevrolet Silverado et Sierra en Indiana, ce qui annonce une possible baisse de production au Canada.
Et c’est sans compter de la nouvelle qui a fait le tour du pays la semaine dernière alors que Stellantis a confirmé qu’elle fermait temporairement son usine de Windsor, en Ontario.

Les clients se questionnent
M. Beauchesne qui travaille avec les concessionnaires de plusieurs marques à travers le Québec constate que l’industrie cherche des réponses et des solutions.
« Les fabricants se dépêchent à pousser le plus de véhicules possible au Canada pour éviter les contre-tarifs », fait-il remarquer.
Il observe également que les clients demandent de plus en plus où les véhicules sont produits.

La première fois qu’il s’est fait poser la question, il était dans un magasin de voitures japonaises.
« "Est-ce que les véhicules sont fabriqués aux États-Unis ?" a demandé le futur acheteur. J’ai dit "non c’est fabriqué au Japon", il me dit "OK on peut continuer de parler" », raconte Simon Beauchesne qui était également au micro d'Isabelle Maréchal, à QUB, au 98,5 FM lundi.
Inquiétudes
Ce dernier explique que ce n’est pas un cas isolé. Au contraire, ces questions sont devenues courantes chez les concessionnaires.
« Moi ça commence à m’inquiéter, est-ce que cette grogne continuera à prendre de l’ampleur ? », s’interroge-t-il tout en rappelant que l’industrie automobile - avec plus de 900 concessions au Québec - est au cœur de l’économie de plusieurs régions.
Les cours sont pleines de voitures actuellement dans la province, donc l’impact des droits de douane ne devrait pas se faire sentir immédiatement, précise l’expert.
Quoique les fabricants se questionnent sur la possibilité d’augmenter graduellement le coût des véhicules pour éviter une hausse drastique dans quelques mois.
Guerre de prix
Ainsi, les consommateurs pourraient assister à une guerre de prix sans précédent en raison de la provenance des différentes marques.
Les pages du Guide de l’auto publié lundi dans Le Journal étaient remplies de véhicules qui seront taxés à leur entrée aux États-Unis.
Mais ces véhicules fabriqués au Canada et au Mexique pourraient devenir populaires pour la clientèle québécoise avec l’imposition des contre-tarifs.

« Honda et Toyota ont des modèles (CR-V et le RAV4) qui sont produits au Canada à fort volume. Ils pourraient mieux s’en tirer pour les VUS », déclare Simon Beauchesnes.
Ce dernier pousse la réflexion. Est-ce que des voitures de Mitsubishi et Mazda construites au Japon vont tirer leur épingle du jeu dans une éventuelle guerre de prix?
Est-ce les modèles coréens de Kia et Hyundai profiteront de l’accord de libre-échange entre le Canada et la Corée du Sud, en vigueur depuis 2015?
Plusieurs questions restent en suspens dans cette période d’incertitude.