Nissan se trouve un nouveau patron après l'échec des négociations avec Honda

Le constructeur automobile japonais en difficulté Nissan a annoncé mardi le départ de son PDG Makoto Uchida, peu après l’échec de ses négociations pour fusionner avec son rival Honda, et alors que le groupe a engagé de massives réductions d’effectifs et de capacités face à l’essoufflement persistant des ventes.

M. Uchida sera remplacé début avril par l’actuel directeur de la planification Ivan Espinosa, qui avait intégré le groupe au Mexique en 2003 avant d’occuper plusieurs postes responsables de la stratégie produits.

Nissan, massivement endetté et dont le bénéfice d’exploitation s’est effondré, avait ouvert fin 2024 avec son compatriote en meilleure santé Honda des négociations en vue d’un mariage pouvant donner naissance au troisième constructeur mondial.

Avec l’idée d’affronter ensemble le crucial virage des voitures électriques, où l’industrie japonaise est très en retard.

Mais Honda et Nissan, respectivement deuxième et troisième constructeurs nippons derrière Toyota, ont mis fin aux discussions mi-février: Honda, en situation de force, souhaitait transformer Nissan en simple filiale, ce que ce dernier refusait farouchement.

Photo: AFP/Richard A. Brooks

« Incapable d’obtenir la confiance d’une partie des employés et à la demande du conseil d’administration, j’ai conclu qu’il fallait un nouveau départ, dans l’intérêt de Nissan », a reconnu Makoto Uchida devant la presse.

Pour Nissan, la situation reste précaire: il a essuyé au dernier trimestre (octobre-décembre) une nouvelle perte trimestrielle inattendue, sur fond de plongeon de 12,2 % de ses ventes en Chine. Ayant vu sa marge opérationnelle s’évanouir, il prévoit d’être déficitaire sur l’exercice 2024/25.

« Briller à nouveau »

Outre la chute des ventes en Chine face à la concurrence acérée des marques locales, Nissan est en difficulté aux États-Unis, son plus gros marché, où ses modèles trop anciens n’attirent plus les acheteurs, faute de proposer des véhicules sur le créneau en plein boom des hybrides.

L’entreprise fait également face à la menace de taxes douanières américaines ciblant le Mexique, où elle est fortement implantée.

Photo: Nissan

Sous pression, Nissan avait annoncé dès novembre supprimer 9 000 postes dans le monde et réduire de 20 % ses capacités de production en vue de se redresser.

Ivan Espinosa s’est dit mardi « impatient de poursuivre le travail de M. Uchida » pour « aider Nissan à briller à nouveau » et « rétablir la stabilité et la croissance » du groupe.

« Nissan a beaucoup plus de potentiel que ce que nous voyons aujourd’hui », a-t-il insisté.

Le français Renault reste attentif au sort du groupe nippon: il conserve 35 % du capital de Nissan, et veille à préserver la valeur de sa participation, même s’il a entrepris de détricoter celle-ci.

Photo: Louis-Philippe Dubé

Les marchés surveillent aussi la situation: l’agence de notation Moody’s Ratings a dégradé le mois dernier les obligations de Nissan en catégorie spéculative, pointant sa « faible rentabilité » et « le ralentissement de la demande pour sa gamme de modèles vieillissants ».

Ses concurrentes S&P et Fitch lui ont emboîté le pas.

En quête de partenaire

« Ce changement de direction est une étape clé pour répondre […] aux problèmes urgents, notamment de difficultés financières et de relance de l’activité après l’échec de la fusion avec Honda », a commenté Tatsuo Yoshida, analyste de Bloomberg Intelligence.

« L’expertise d’Espinosa en matière de stratégie produit aidera à remédier au manque de modèles compétitifs », mais avant tout, « la sécurisation de liquidités et de la stabilité financière, essentielles, exigeront des mesures rapides de la nouvelle direction », avertit-il.

Photo: Antoine Joubert

Une chose est certaine: Nissan, affaibli, reste en quête d’un allié pour atteindre la taille critique nécessaire sur un marché mondial en pleine transformation.

« En février, M. Uchida avait rappelé qu’il fallait en priorité renforcer et exécuter le plan de relance », tout en appelant à « l’ouverture de nouvelles discussions avec de potentiels partenaires, car on ne peut se passer d’un partenaire », indique à l’AFP une source proche du dossier.

« C’est d’actualité, c’est critique, ça doit être la contrepartie » du plan de transformation du groupe, insiste-t-elle.

Aux aguets, le géant taïwanais de l’assemblage électronique Foxconn (Hon Hai), fournisseur d’Apple, s’est déclaré ouvert à un rachat de la participation de Renault. Des informations de presse ont également évoqué un recours possible à l’américain Tesla, démenti par les intéressés.

Enfin, le Financial Times avait rapporté en février que Honda serait éventuellement prêt à reprendre les négociations en cas de démission de Makoto Uchida, ce que le constructeur n’avait pas confirmé.

À voir : retour sur les négociations de la fusion entre Nissan et Honda

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