8 600 Tesla vendues en un week-end au Canada
C’était le 10 janvier dernier. Un vendredi. Le fédéral annonçait la fin du programme iVZE qui octroyait un rabais allant jusqu’à 5 000 $ pour l’achat d’un véhicule électrique à travers le pays. Lors de cette annonce, on mentionnait que le programme prendrait fin le 1er avril 2025, ou peut-être plus rapidement si les fonds restants pour l’attribution des subventions étaient octroyés plus rapidement. Or, au petit matin du lundi suivant, l’ensemble des concessionnaires automobiles canadiens recevaient un mémo par courriel leur indiquant la fin immédiate du programme. Nous étions le 13 janvier.
Comment avait-on pu annoncer la fin éventuelle d’un programme un vendredi avec une enveloppe contenant encore 43 millions de dollars, pour ensuite l’abolir 72 heures plus tard en indiquant que les fonds étaient liquidés? Était-ce un exercice maladroit du gouvernement Trudeau ou en bon français, un tour de passe-passe avec anguille sous roche? Visiblement, la réponse se trouve dans cette seconde option.
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Découlant de l’enquête menée par un journaliste du Toronto Star, Marco Chown Oved, pas moins de 8 600 Tesla auraient été vendues et enregistrées entre le 10 et le 12 janvier, incluant pas moins de 2 558 ventes effectuées le 11 janvier (le samedi) dans la seule succursale du dépositaire Tesla de la Ville de Québec. Oui, vous avez bien lu! 2 558 véhicules vendus, enregistrés et livrés en une seule journée, pour un point de vente dont la superficie totale ne pourrait accueillir plus de quelques centaines de véhicules. Cela signifie un octroi de 12 790 000 $ en subvention pour ce seul établissement, alors que l’enveloppe en contenait 43 millions $.
Un autre point de vente situé à Etobikoke en Ontario aurait livré pas moins de 2 528 véhicules durant ce fameux week-end. Toujours selon les données recueillies suite à l’analyse de l’attribution des rabais par le Toronto Star, pas moins de 6 144 Tesla auraient été vendues au pays en une seule journée, soit le samedi 11 janvier. N’oublions pas que les samedis et dimanches, la plupart des concessionnaires québécois sont fermés. Sauf…Tesla!
Une magouille colossale ?
Évidemment, inutile de vous dire qu’il est impossible qu’à travers une poignée de dépositaires Tesla, se soient vendus pas moins de 8 600 véhicules le temps d’un week-end. Cela implique du temps de livraison, de la préparation, un inventaire de véhicules impossible à gérer et surtout, 8 600 demandes de subventions qui ne peuvent être traitées durant le week-end…parce que les fonctionnaires ne travaillent pas le week-end !!!
Comment est-ce donc possible que Tesla ait pu vendre tous ces véhicules en un si court laps de temps? Toutes les hypothèses sont sur la table. Mais peu importe l’angle sous lequel on regarde la situation, rien n’est logique. Est-ce que Tesla aurait eu une information privilégiée bien avant l’annonce du 10 janvier, leur permettant une prévente de tous ces véhicules et donc, une demande au préalable de ces subventions? Si oui, est-ce que ces véhicules ont été vendus et livrés d’avance? Et si tel est le cas, pourquoi aurait-on attendu à la dernière minute pour tout traiter?
Chose certaine, cette situation révélée au grand jour a de quoi mettre les concessionnaires GM, Ford, Hyundai, Kia, Nissan et autres en beau fusil! Parce que clairement, il y a eu traitement de faveur. Sous quelle forme? Aucune idée. Mais l’histoire est trop grosse pour qu’on en reste là. N’oublions d’ailleurs pas que la quasi-totalité des constructeurs qui vendent des véhicules électriques ont choisi à la suite du retrait de cette subvention, d’offrir de leur poche de généreux rabais, dans l’espoir de liquider leurs stocks.
Des rabais dépassant parfois même ladite somme de la subvention, parce que le bouton panique était soudainement activé (aussi en raison du retrait des crédits québécois)! Or, à cette même période, Tesla annonçait ironiquement une hausse des prix de ses véhicules. Oui ! Pendant que tous les autres affichaient des rabais et des taux de financement subventionnés, Tesla y allait de hausse de prix avec des taux standards.
Ne venez pas me dire qu’il n’y a pas là place aux questionnements. Et bien sûr, chez Tesla, que ce soit au Québec comme du côté de l’Ontario, on ne commente absolument rien. J’ai personnellement tenté de contacter les gens de Tesla au Québec, qui ne daignent même pas admettre être au courant de la situation. Et pourtant, il est clair que ce genre de chiffres traverse les frontières de tous les points de vente à travers le pays.
Plus de 500 concessionnaires canadiens de toutes marques auraient, semble-t-il, effectué des demandes de subventions au cours de ce seul week-end, lesquelles auraient été systématiquement refusées. Et bien sûr, Transport Canada (responsable du programme iVZE) ne commente pas non plus la situation. Chose certaine, tout cela ne sent pas très bon, et n’aidera certainement pas Tesla à attirer de nouveaux consommateurs, surtout dans un contexte où la situation politique entourant Elon Musk n’est pas favorable à la marque.
À suivre? Vous pouvez en être certains. Parce que cette situation ne peut rester sans réponse. Parce que quelqu’un, quelque part, peut l’expliquer.
