Ford, GM et Stellantis : l'impact des louvoiements de Trump sur les droits de douane

Les constructeurs automobiles américains ont vécu une semaine rythmée par les évolutions du président Donald Trump sur les tarifs douaniers infligés aux importations canadiennes et mexicaines, finalement suspendus pendant un mois pour les véhicules et les pièces détachées.

Les trois grands de Detroit (Michigan) — Ford, General Motors et Stellantis (Chrysler, Dodge, Jeep, etc.) — disposent d’infrastructures dans les trois pays, avec des produits faisant des allers-retours transfrontaliers tout au long du processus de fabrication.

Ils ont donc été frappés de plein fouet par les droits de douane de 25 % mis en place contre ces deux partenaires des États-Unis, les trois pays étant liés, depuis 2020, par l’Accord Canada-Etats-Unis-Mexique (ACEUM).

Photo: Chevrolet

Le président, qui a remporté le très disputé État du Michigan lors du scrutin de novembre, a fini par leur accorder mercredi une exemption d’un mois. Un soulagement « mais pas un remède », selon les analystes de Bank of America.

Les « Big 3 », une force pérenne

Même s’ils ont perdu de leur splendeur d’antan, les trois constructeurs historiques restent des mastodontes aux États-Unis en termes de main-d’œuvre et d’impact économique.

Les constructeurs automobiles, toutes nationalités confondues, emploient 436 000 personnes aux États-Unis, dont environ 55 % travaillant au sein des « Big 3 » — surnom donné à Ford, GM et Stellantis.

Le trio concentre également la moitié des chaînes de production de véhicules du pays et près de la moitié des dix millions de véhicules assemblés chaque année sur le sol américain, selon l’American Automotive Policy Council (AAPC), qui représente ces trois groupes.

D’après cette source, les constructeurs étrangers comme Honda, BMW ou Nissan représentent chacun une part maximale de 5 % des emplois. Le spécialiste des véhicules électriques Tesla, en plein développement, atteint actuellement 14 %.

Présence en Amérique du Nord

Les trois constructeurs américains disposent de chaînes de production à l’étranger, mais la grande majorité de leurs importations aux États-Unis entrent dans le cadre de l’ACEUM, négocié par Donald Trump lors de son premier mandat.

Des modèles populaires comme le Chevrolet Silverado et le Ford Maverick sont arrivés du Mexique en 2024, tandis que la Chrysler Pacifica et le Lincoln Nautilus sont venus du Canada, selon GlobalData.

Photo: Ford

Des constructeurs étrangers, en particulier Toyota et Honda, ont également vendu sur le territoire américain des véhicules importés du Mexique et du Canada sous l’ombrelle de l’ACEUM.

Ces groupes ont mis en place des circuits d’approvisionnement bien huilés pour ces trajets multiples, des pièces détachées jusqu’aux véhicules finis, à travers les frontières de ces trois pays d’Amérique du Nord.

Photo: Dominic Boucher

Dans son ensemble, l’industrie des pièces détachées automobile emploie 932 000 personnes, indique l’association des fournisseurs pour véhicules (MEMA), précisant qu’environ 27 % de leurs approvisionnements proviennent du Mexique et 10 % du Canada.

Tarifs à l’horizon

Le choix de l’industrie automobile américaine de se disséminer dans tous les territoires de l’ACEUM l’a placée en première ligne des entreprises menacées par ces droits de douane.

Jim Farley, patron de Ford, avait estimé en février que ces tarifs douaniers représentaient une catastrophe pour les groupes américains présents dans ces pays, tout en provoquant un déséquilibre au profit des constructeurs asiatiques et européens qui importent également aux États-Unis.

Photo: Ford

Les constructeurs ont salué avec soulagement le rétropédalage présidentiel, même s’il n’offre, à ce stade, qu’un répit d’un mois.

L’administration Trump considère ces droits de douane comme un moyen d’inciter les entreprises à produire aux États-Unis, pour réindustrialiser le pays. Mais, pour des secteurs comme l’automobile, cela ne peut se faire du jour au lendemain.

« La réalité est qu’un mois soit très loin de la durée nécessaire pour que les constructeurs automobiles relocalisent leurs usines ou reconfigurent leurs chaines d’approvisionnement », a commenté Jessica Caldwell, du cabinet Edmunds.

Photo: Dominic Boucher

Environ 50 % des véhicules vendus aux États-Unis sont fabriqués dans le pays. Autour de 50 % des véhicules importés viennent du Mexique et du Canada, largement devant des acteurs importants comme le Japon, la Corée du Sud et l’Allemagne.

Donald Trump a également évoqué des droits de douane de 25 % sur les véhicules importés d’autres régions du monde. Ces marques seraient alors les plus exposées, si l’exemption liée à l’ACEUM devait être maintenue au-delà d’un mois.

À voir : Tarifs douaniers - exemption de 30 jours dans le secteur automobile

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