Jeep Wagoneer S 2024 : un premier pas vers l’avant
| Points forts |
|
|---|---|
| Points faibles |
|
Stellantis, et par conséquent Jeep, sont en difficulté. Leurs ventes de véhicules ont largement chuté (-17,9% et -20,4% respectivement) en 2024. Or, Jeep investira 3,2 milliards de dollars afin de repositionner sa gamme de véhicules, corriger les lacunes dans la qualité de construction et accroître ses efforts dans le marketing — tout ça, dans le but d’améliorer l’attrait des produits.
Ce sera notamment l’occasion de commercialiser de nouveaux véhicules en passant par le Recon et, bien sûr, le Wagoneer S — le premier véhicule électrique de la marque dont les premières unités ont déjà commencé à circuler au Canada. Étant un véhicule mondial, il reprend des éléments typiquement Jeep comme les sept lattes de la grille de calandre et la forme allongée du pilier D qui fait référence au SJ Grand Wagoneer original.
- À lire aussi: Balado: Jeep Wagoneer S Trailhawk Concept, augmentation de la taxe d'immatriculation
- À lire aussi: Le Jeep Wagoneer S 2024 s’amène sous le signe de la performance
Toutefois, il ne possède pas la garde au sol surélevée et les capacités hors routes emblématiques des autres Jeep. Il se veut plutôt comme un produit luxueux qui offre une panoplie de gadgets et de commodités tout en maintenant l’identité (visuelle) de Jeep.
L’édition de lancement
Le Guide de l’auto s’est dirigé vers San Diego pour découvrir le nouveau Jeep Wagoneer S Launch Edition 2024. Il coûte 88 995 $ (PDSF) et il s'agit du modèle le plus haut de gamme. Et pourquoi pas un modèle 2025? Antonio Filosa, le directeur général de Jeep, ne donnera pas le feu vert pour commercialiser le véhicule tant et aussi longtemps qu’il n’est pas prêt pour les consommateurs.
Entre temps, plusieurs détails en lien avec le modèle 2025 seront dévoilés bientôt au Salon de l’auto de Chicago. La production a déjà commencé et Jeep nous informera lorsque ce millésime sera disponible en concession.
Des écrans, il y en a…
Dans l’habitacle, les designers ont essentiellement repris la planche de bord du Grand Wagoneer, l’ont réduite, puis adaptée pour le Wagoneer S. L’interface est jolie et ceinturée d’éléments en aluminium recyclés sur les portières et entre les divers écrans. La qualité de finition est globalement bonne, mais nous avons tout de même aperçu de petites imperfections. Par exemple, un motif sur le volant commençait à se décoller et la poignée pour ouvrir le compartiment sous le capot pendait dans le vide. Espérons que les modèles 2025 corrigeront le tir.
En ce qui concerne le confort, le maintien de sièges est minimal et l’assise s’avère ferme. Les places arrière sont spacieuses, mais les dégagements à la tête sont restreints en raison de l’inclinaison du toit. Cela déplaira aux gens mesurant plus de 1,80 m. Pour sortir, les portières intègrent un bouton. À l’avant, une poignée manuelle s’y trouve au cas où le système ferait défaut. Cette poignée brille par son absence à l’arrière, mais Jeep nous rassure en précisant que derrière les boutons se logent des compensateurs qui se rechargent (et emmagasinent assez d’énergie pour 3 jours) si le véhicule ne veut pas démarrer.
Les commodités ne manquent pas à bord. Il y a plus de 45 pouces d’interfaces visuelles, notamment l’instrumentation et le système multimédia qui mesurent tous deux 12,3 pouces. Concernant les moniteurs du passager et des commandes pour la climatisation/chauffage, leur taille atteint 10,25 pouces de diagonale.
Tous ont l’avantage d’être simples à l’utilisation et l’infodivertissement emploie le système Uconnect 5. Ce dernier demeure convivial et comprend également la navigation TomTom — un logiciel qui fonctionne bien sans toutefois être aussi efficace que Google Maps. Plusieurs journalistes ont constaté que la navigation se déconnectait lors des trajets. Jeep nous a précisé que la proximité aux montagnes interférait avec la connexion au satellite. Bien sûr, Apple CarPlay et Android Auto sans fil ainsi que la recharge par induction sont livrés de série.
Mentionnons au passage que le système audio McIntosh d’une puissance de 1 200 watts se dote de 19 haut-parleurs et d’un caisson d’extrême-grave de 12 pouces. En général, les aigües et les médiums sonnent avec clarté. Hélas, les basses pourraient être mieux définies.
Sur le plan pratique, le coffre de taille généreuse comprend un espace de rangement sous le plancher. À l’avant, le volume du compartiment est inférieur à la concurrence et peut juste accueillir de petits objets… ou deux boîtes de pizza! Par ailleurs, les longerons de toit brillent par leur absence. Cela laisse présager que Mopar commercialisera des pièces d’après marché pour compenser ce manque. Enfin, la capacité de remorquage déçoit, avec seulement 3 400 lb.
Le Jeep le plus rapide
Vous avez bien lu, le Wagoneer S accélère plus rapidement que le Grand Cherokee Trackhawk à moteur V8 surcompressé en effectuant un 0 à 97 km/h en 3,4 secondes. Ses deux moteurs électriques développent une puissance combinée de 600 chevaux et un couple de 617 lb-pi. Sans surprise, les décollages se réalisent promptement tout en faisant crisser les pneus Falken (d’adhérence moyenne), et ce, malgré son poids dépassant les 2,5 tonnes. C’est encore plus inattendu en virage où nous avons senti peu de roulis.
Le comportement du Wagoneer S étonne par son dynamisme. Toutefois, la direction et les pédales s’avèrent trop sensibles. Ils sont difficiles à doser, de sorte que la conduite devient saccadée et erratique. Le tout est davantage accentué en mode Sport où la pleine cavalerie est déployée instantanément. Nous vous recommandons d’employer (pour une rare fois) le mode Eco qui livre la puissance de manière progressive. Et encore…
La visibilité est généralement bonne, mais limitée à l’arrière en raison de la taille imposante du pilier D et de l’inclinaison prononcée de la lunette. Son angle se rapproche de celui d’une voiture, retirant la nécessité d’un essuie-glace. Heureusement, une caméra située au milieu de l’aileron règle le problème en projetant une image dans le rétroviseur. Par ailleurs, en activant le clignotant, les angles morts sont projetés sur l'écran du système multimédia. Il s’agit d’un inconvénient lorsqu’il est temps de tourner à gauche, par contre.
Pour leur part, les capacités hors routes sont limitées en raison de la garde au sol de 162 mm (6,4 pouces). La commande Selec-Terrain permet de jouer entre les divers modes de conduite comme Sable et Neige, que nous n’avons toutefois pas pu essayer. Enfin, le régulateur de vitesse adaptatif effectue des manœuvres progressives et les mouvements de direction sont fluides.
Qu'en est-il de l’autonomie?
Le Wagoneer S repose sur la plateforme STLA Large qui reçoit une batterie de 100 kWh. Son architecture de 400 V lui permet de recharger de 20 à 80% en 23 minutes et elle peut recevoir une puissance maximale de 203 kW. En conduite, il est possible de configurer la conduite à une pédale en fonction des préférences. Les paramètres fonctionnent adéquatement, bien que parfois, le véhicule n’arrêtait pas complètement même si le réglage était coché.
À San Diego, alors que le mercure tournait autour de 19 degrés Celsius, nous étions en mesure de constater que la technologie s’avère efficace. Après avoir parcouru 193 km en conduite mixte, l’ordinateur de bord indiquait une consommation énergétique de 18,4 kWh/100 km. En autres mots, il est possible de dépasser les 500 km d’autonomie.
Pour sa part, Ressources naturelles Canada annonce une autonomie de 488 km (lorsque chaussé de pneus Falken). Elle est de 435 km avec des pneus Pirelli.
Le verdict
Jeep en est encore à ses balbutiements en matière de véhicules 100% électriques. Cette première incursion dans ce nouveau territoire montre le potentiel et le sérieux de la marque américaine, notamment démontré par l’efficacité de la technologie électrique.
Cela dit, le Wagoneer S n’est pas aussi raffiné que certains de ses concurrents au chapitre de la qualité de finition et de la conduite. Il reste encore du travail à faire, mais pour l’ensemble de l’œuvre, Jeep commence du bon pied.
