Trump contre le Canada : rétablir les faits sur l’automobile
La plus grande partie du déficit commercial des États-Unis avec le Canada est attribuable à l’énergie. Autrement, la balance penche en faveur de nos voisins américains. Malgré cela, le nouveau président Donald Trump a réitéré au terme de son assermentation lundi une volonté d’imposer des tarifs douaniers de 25% sur les produits importés du Canada à compter du 1er février. Ça ne regarde pas bien non plus pour l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), qui fera l’objet d’une révision au milieu de 2026.
Compte tenu de sa forte intégration, l’automobile est l’un des secteurs qui seront les plus touchés. Dans un rapport publié hier qui brosse un portrait de la situation, la firme TD Economics cherche à remettre les pendules à l’heure et Le Guide de l’auto tenait à vous en faire part.
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D’abord, quelques chiffres
Trop peu de gens le savent, mais les États-Unis sont un exportateur net de produits manufacturiers au Canada, en particulier de véhicules et de pièces. « L’automobile est l’exemple parfait du commerce intégré entre les deux pays, ainsi que le Mexique. Les pièces d’automobiles nord-américaines traversent les trois frontières jusqu’à 7 à 8 fois avant l’assemblage final d’un véhicule », souligne TD Economics, qui cite un document du Congressional Research Service.

En ce qui concerne l’assemblage final, environ la moitié des véhicules vendus aux États-Unis sont fabriqués localement (mais représentent seulement 121 des 328 modèles disponibles). Le Canada fournit 8-9% de ce que les Américains consomment chaque année et le Mexique, près de 20%.
Selon certaines estimations, comme celles de Wolfe Research, le prix moyen des voitures neuves au pays de l’Oncle Sam pourrait augmenter d’environ 3 000 $ à la suite de l’imposition de tarifs de 25% par l’administration Trump. Or, avec des mesures de représailles du Canada, le risque d’une spirale est bien réel.
« En cas de mesures musclées, de graves perturbations commerciales et d’importantes conséquences économiques se produiraient, ce qui entraînerait un effondrement de la demande dans les trois pays », prévient TD Economics.
Le mauvais calcul de Trump
Le 47e président des États-Unis a récemment prétendu, à tort, que le Canada fabrique jusqu’à 20% des véhicules vendus en sol américain. Malgré tout, il croit pouvoir s’en passer et transférer cette production sur son territoire. Est-ce réaliste?

Dans les faits, on parle d’environ 1,5 million d’unités annuellement. Afin de combler le manque à gagner, les États-Unis devraient augmenter leur production de plus de 10% par rapport au niveau actuel, estime TD Economics. Compte tenu de la capacité de production moyenne de 225 000 unités des usines existantes, dont plusieurs n’ont plus de marge de manœuvre, au moins six nouvelles usines seraient nécessaires.
En outre, peut-on lire dans le rapport, la pleine délocalisation de toute la production hors États-Unis nécessiterait une hausse de 75% de la production américaine et de nouveaux investissements de plus de 50 milliards $.
« Cela ne tient pas compte de la délocalisation ou l’accroissement de la production de pièces pour l’assemblage de ces véhicules. Sinon, les États-Unis augmenteraient leur dépendance à l’égard des importations de pièces », indique TD Economics, qui ajoute que ça se traduirait par des prix très élevés du côté des producteurs américains, surtout dans le cas d’une délocalisation complète.