Packard 110 Club Coupe Special 1941, ce qu'une crise économique peut faire...

La crise économique qui nous a affligé en 2008 et 2009 a sonné le glas de quelques marques automobiles. Pontiac et Hummer y ont laissé leur peau et Saab, ainsi que Chrysler ont bien failli y rester. Et si on se fie à l’Histoire, une crise économique d’une telle ampleur pourrait avoir des conséquences à long terme dévastatrices. Par exemple, lorsque le monde entier fut englouti par la grande crise qui a suivi le crack boursier de 1929, plusieurs entreprises, automobiles et autres, ont sombré immédiatement. D’autres, comme Packard, ont survécu un peu plus longtemps avant de mourir à bout de force.

Le cas de Packard et de la voiture que nous vous présentons aujourd’hui est l’image parfaite de ce qu’une compagnie à l’agonie peut faire pour s’en sortir. Cette Packard était, à l’époque, appelée Junior, les Senior étant, bien entendu, des voitures plus raffinées, plus grosses et plus dispendieuses, la marque de commerce de Packard.

En 1899, les frères James Ward et William Doud Packard possédent une Winton, reconnue à ce moment comme une des meilleures voitures  au monde, mais ils n’en sont pas satisfaits. Ils écrivent à Alexander Winton et se plaignent de leur bagnole. Offensé, Winton leur réplique que s’ils ne sont pas content de leur voiture, ils n’ont qu’à en faire une eux-même… Prenant l’invitation au pied de la lettre, les Packard s’en construisent une… et profitent de l’occasion pour débaucher George Lewis Weiss, un important bailleur de fond de Winton. L’entreprise porte alors le nom d’Ohio Automobile Company mais elle devient la Packard Motor Car Company le 13 octobre 1902.

Dès les débuts de l’entreprise, ses voitures se forgent une excellente réputation de qualité auprès d’une clientèle financièrement très aisée. Grâce à ses innovations et à la qualité de ses voitures, Packard se taille rapidement une place au faîte du petit monde des voitures de prestige.  Elle fait aussi partie, avec Peerless et Pierce-Arrow, du sélect groupe des « Trois P ». Ensemble, ces trois marques, ainsi que Lincoln et, surtout, Cadillac, représentent le pinacle de l’industrie automobile américaine.

Le début de la fin

En 1929, on le sait, le marché s’effondre. Pour passer à travers la crise, Packard ratisse plus large. Elle produit des voitures encore plus luxueuses et dispendieuses, s’appuyant sur le principe que même quand tout va mal pour tout le monde, il se trouve toujours des gens pour faire plus d’argent que tout le monde. D’un autre côté, elle dévoile des modèles moins huppés, ce qui lui permet d’augmenter ses chiffres de vente mais qui ternira irrémédiablement son image de voiture de prestige. Sa grande rivale, Cadillac, sortira de la crise en meilleure position, en grande partie grâce au soutien de General Motors qui peut épancher ses pertes en pigeant dans les revenus des autres divisions. D’un autre côté, Cadillac ne s’est pas commis en présentant des modèles peu compatibles avec sa noble image. En lieu et place, GM créé la marque LaSalle qui vient s’insérer entre Buick et Cadillac. Cette astuce permet à Cadillac de passer dans la crise la tête haute. Des « Trois P », seule Packard survit aux années ’30.

Dans cette recherche de la solution parfaite pour passer à travers les temps durs, Packard crée la 115C en 1937. Il s’agit d’une voiture à moteur six cylindres, le premier depuis 1928, ce qui tranche avec les modèles de luxe à huit et douze cylindres. Cette série est baptisée 110 pour les années 1940-1941. Cependant, il ne faut pas croire que parce qu’il s’agit d’une « Junior », son comportement routier soit celui d’une petite voiture!  André Hogue, propriétaire d’une très belle Packard Club Coupe Special 110 1941, est encore sous le charme de ses lignes, de son confort et de sa tenue de route. Même le freinage est supérieur à la moyenne des voitures de cette période.  Quand il a acheté cette voiture, en 1995, Hogue était pourtant loin de la conduire…  Échappée de justesse des mains d’un propriétaire qui voulait la transformer en hot rod (Ô sacrilège!), elle est alors en morceaux, la carrosserie est recouverte de « primer » et le moteur, tout démonté, est fendu à quatre endroits! Elle en a coûté du temps (quatre ans!)  et de l’argent! Mais le résultat en valait la peine, non?

Cette série sera produite jusqu’en 1947, après une interruption de trois ans durant la deuxième Guerre mondiale. Déjà, à ce moment, Packard, malgré sa bonne situation financière, n’est plus en mesure de suivre le rythme de GM, Ford et Chrysler qui, avec leurs Cadillac, Lincoln et Imperial, qui vont, au cours des prochaines années, modifier leurs modèles à outrance.  Pour survivre, Packard se porte acquéreur de Studebaker en 1954 mais comme deux négatifs donnent rarement un positif, la marque Packard s’éteint pour de bon en 1958, laissant derrière elle des véhicules qui méritent, aujourd’hui, tout notre respect.

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