Hyundai Nexo - L’anachronisme qui perdure

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2022

Hyundai est un bel exemple d’un constructeur automobile qui ne veut pas mettre tous ses œufs dans le même panier, surtout quand il est question d’alternatives au moteur à combustion. D’une part, les modèles hybrides et hybrides rechargeables commencent à se multiplier au sein de sa gamme. D’autre part, une nouvelle génération de véhicules électriques menée par l’IONIQ 5 s’amène avec la ferme intention de convaincre un grand nombre de sceptiques.

Parallèlement à tout ça, Hyundai maintient sa vision d’une future « société de l’hydrogène » où cette source d’énergie influence non seulement notre façon de nous déplacer, mais aussi le fonctionnement de nos infrastructures et des procédés industriels. C’est d’ailleurs le même esprit qui le pousse à s’imaginer au-delà d’un simple fabricant de voitures et plutôt comme un « fournisseur de solutions de mobilité intelligentes », d’où ses investissements dans la robotique et même… les taxis volants!

Pas dans la bonne époque

Concrètement, le géant coréen souhaite produire annuellement 500 000 véhicules avec pile à combustible à partir de 2030 – des voitures de tourisme, mais surtout des véhicules commerciaux destinés au transport de marchandises sur de longues distances – soit le quart de la demande mondiale selon ses projections. Hyundai se place déjà comme le chef de file, devant des compagnies telles que Toyota et Honda.

C’est en bonne partie grâce au Nexo, lancé en 2018, un modèle conçu sur une plate-forme exclusive et qui représente la deuxième génération de sa technologie à l’hydrogène. Or, au Canada, la diffusion se fait littéralement au compte-goutte. Vous avez assez de vos dix doigts pour calculer les exemplaires qui ont trouvé preneur en 2019, en 2020 ainsi qu’en 2021. Hyundai peut dire un gros merci aux gouvernements qui osent explorer l’avenue des piles à combustible, Monsieur et Madame Tout-le-Monde n’étant pas prêts à s’embarquer dans une telle aventure. En passant, le prix du véhicule dépasse les 70 000 $.

On vous pardonne si vous croyez à un mirage en apercevant un Nexo sur la route, mais les stations de ravitaillement accessibles au public sont encore plus rares. Dans la province, la seule qui existe se trouve à Québec. Deux autres stations doivent voir le jour d’ici mars 2022, une seconde à Québec et l’autre à Dorval. Ironiquement, même en nous trouvant à proximité de celle de la Vieille-Capitale, l’écran central du véhicule affichait toujours « Aucune station d’hydrogène n’a été trouvée à portée ». Ça en dit long!

Au moins, l’autonomie est très intéressante. Officiellement, c’est 570 kilomètres, mais avec un réservoir plein à 98%, l’ordinateur nous donnait 586 kilomètres. C’est beaucoup plus que les 415 kilomètres du Kona électrique de Hyundai, surtout en hiver car il n’a pas de grosse batterie qui perd de sa capacité à cause du froid. Parlant de l’hiver, si le Nexo séduit par son ravitaillement complet en cinq minutes environ, sachez que le fusil peut rester gelé sur le véhicule momentanément en raison de l’hydrogène pressurisé. C’est un problème qui devra être corrigé dans l’avenir.

Au fait, combien ça coûte, l’hydrogène? Au moment d’écrire ces lignes, pas moins de 18,60 $/kg. Avec une consommation moyenne de 1,1 kg/100 km, le Nexo oblige donc à dépenser 20,50 $/100 km. Pour un Kona électrique qui affiche une efficacité de 17,4 kWh/100 km, c’est environ 10 fois moins cher.

Plusieurs qualités et compromis

Le Hyundai Nexo est un VUS compact doté d’un habitacle assez spacieux et très confortable, avec un coffre qui s’agrandit de 838 à 1 600 litres en repliant la banquette arrière. Malgré sa vocation d’utilitaire, il n’offre pas de rouage intégral et le remorquage n’est pas recommandé. En outre, sa lourdeur vient saper le couple généreux de 291 lb-pi, si bien que l’accélération de 0 à 100 km/h prend un peu plus de neuf secondes. La conduite est quand même dynamique et silencieuse dans l’ensemble, comprenez toutefois que ce n’est pas une bombe.

Enfin, le design du Nexo n’a pas changé depuis son lancement. Normal, puisque ça reste un véhicule exploratoire. À bord, les commodités sont nombreuses et sophistiquées. Le double affichage numérique est grand et facile à consulter, en revanche, l’imposant pavé de boutons sur la console et les garnitures tape-à-l’œil gâchent le décor et trahissent l’âge du véhicule.

Bref, c’est beau de n’émettre que de la vapeur d’eau et de purifier l’air en roulant, mais les véhicules qui carburent à l’hydrogène comme le Nexo ne sont pas du tout une solution viable pour le commun des conducteurs dans le contexte actuel. Surtout quand on voit les progrès de plus en plus rapides des véhicules électriques à batterie en matière d’autonomie et de recharge. Mais Hyundai en a besoin pour passer à une autre étape. On s’en reparle dans 10 ans!

Feu vert

  • Grande autonomie
  • Bon comportement routier
  • Habitacle spacieux et confortable

Feu rouge

  • Coûts démesurés
  • Stations de remplissage ultrarares
  • VUS à traction seulement

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