Nissan GT-R - Le culte de Godzilla

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2022

Dans l’imaginaire japonais, Godzilla occupe une place de choix. Mais si l’existence de ce monstre marin capable d’anéantir des villes entières relève de la fiction, la voiture qui a reçu le surnom de cette bête est bel et bien réelle. La genèse de la GT-R actuelle, répondant au nom de code R35, remonte à 1969, l’année où la toute première Skyline GT-R a vu le jour au Japon. La lignée de descendantes a été longue, et c’est surtout avec les modèles de cinquième et sixième génération que l’usage du surnom de Godzilla s’est développé chez les fans de ce modèle hors normes.

Aujourd’hui, les ventes de la GT-R sont presque confidentielles, ce modèle n’étant que ponctuellement retouché afin de l’actualiser. C’est le cas encore pour 2022, avec l’arrivée de la GT-R Nismo Special Edition. Cette dernière se démarque par sa peinture Stealth Gray, son capot en fibre de carbone qui n’est pas recouvert de peinture, et ses roues en alliage de 20 pouces de couleur noire avec des accents rouges. Côté moteur, cette édition spéciale a droit à la version la plus performante du V6 biturbo de 3,8 litres, qui déploie 600 ch et 481 lb-pi de couple.

Un moteur assemblé à la main

Il y a plusieurs années, j’ai eu la chance de visiter l’atelier où ces moteurs sont assemblés à la main par des maîtres techniciens triés sur le volet et que l’on appelle des takumi au Japon. Ce jour-là, ils étaient cinq, et c’était fascinant de les voir à l’œuvre et de voir chacun d’entre eux apposer une plaque portant leur nom sur le moteur qu’il venait d’assembler, exactement comme chez AMG à Affalterbach en Allemagne.

Sur le circuit, la GT-R se montre d’attaque, et décolle furieusement grâce à la poussée de son V6 biturbo et son rouage intégral, surtout lorsque l’on active la fonction de départ canon qui optimise la motricité. Elle est capable de performances ahurissantes, le freinage est performant et la direction très précise. Toutefois, son talon d’Achille est sa masse élevée qui la rend moins agile dans les virages et plus sensible lors des transitions latérales à haute vitesse. En sortie de virage, la poussée vers l’avant est soutenue, voire furieuse. Mais on ne fait pas le plein de sensations au volant de la GT-R dont la sonorité du moteur est étouffée par les turbocompresseurs. Aussi, la GT-R fait preuve d’une redoutable efficacité sur la piste, même si l’on aimerait qu’elle soit un peu plus homogène.

Sur les routes publiques, il est possible de laisser la boîte à double embrayage (six rapports) en mode Automatique, mais on note que son fonctionnement manque de fluidité. Aussi, il est impératif de sélectionner le mode Confort pour circuler sur les routes du Québec et, même là, on trouve les liaisons au sol trop fermes et la conduite moins confortable. Bref, la Nissan GT-R ne fait pas de compromis, c’est une brute qui mérite amplement son surnom de Godzilla, même si elle est maintenant largement dépassée sur le plan technique.

Un habitacle d’inspiration PlayStation

Lorsque l’on monte dans la GT-R, on remarque immédiatement que, comparativement aux sportives actuelles, le design de l’habitacle date d’une autre époque. Ici, l’écran central est ceinturé de boutons et commutateurs, les plastiques durs abondent, et l’ergonomie est perfectible. Au moins, les sièges sport sont profonds et enveloppants au point où il est parfois plus laborieux de s’en extirper. Tout cela fait en sorte que la GT-R est nettement décalée par rapport à ses rivales.

Au fil des années et des générations, si la GT-R est devenue de plus en plus rapide, elle est aussi devenue très lourde, alors que son prix n’a cessé d’augmenter. Aujourd’hui, c’est un peu une grande oubliée qui se vend au compte-gouttes, et qui souffre de la comparaison directe avec des rivales qui n’ont jamais cessé d’évoluer sur le plan technique et celui du design. De son côté, la GT-R est plutôt demeurée figée dans le temps.

L’arrivée prochaine de la nouvelle génération de la Z ranime la passion chez les amateurs de performances, mais cela suffira-t-il à raviver l’intérêt pour l’autre sportive de la marque qu’est la GT-R? À notre époque où les constructeurs automobiles se fient aux VUS pour assurer ventes et profits, l’avenir d’un modèle comme la GT-R dans sa forme actuelle est loin d’être garanti. C’est une voiture d’exception qui compte des légions de fans à travers le monde, cependant ses jours sont peut-être comptés et elle ne résistera peut-être pas longtemps à l’impitoyable rationalisation qui a présentement cours chez plusieurs constructeurs.

Feu vert

  • Performances spectaculaires
  • Direction précise
  • Freinage performant

Feu rouge

  • Poids élevé
  • Prix élevé
  • Confort très aléatoire sur les routes publiques

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