Audi e-tron - Avec ou sans épices

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2022

Audi a joué de prudence en créant son premier modèle électrique. En le construisant d’abord sur une version de l’architecture MLB Evo qui sous-tendait déjà ses utilitaires sport Q7 et Q8, pour lui dessiner ensuite une carrosserie aux lignes très convenues et un habitacle tout ce qu’il y a de normal. Dans une catégorie bouillonnante, ce pionnier est d’ailleurs passé quasiment inaperçu, sauf pour son nom qui fait sourire, au mieux, là où l'on parle français. Or, maintenant qu’elle a du renfort dans le camp électrique, chez Audi, la série e-tron sort enfin ses griffes.

Contrairement aux rivales californiennes nommées Tesla et à un Jaguar I-Pace qui ont fait la manchette abondamment, l’Audi e-tron est entré en scène dans la plus grande discrétion il y a maintenant trois ans. Il s’agissait pourtant du premier véhicule entièrement électrique à emprunter une plate-forme que partagent certains des utilitaires sport les plus puissants et spectaculaires de la planète. Du Bentley Bentayga au Lamborghini Urus, en passant par la famille entière des Porsche Cayenne, il y a là de quoi se distraire à volonté.

La tyrannie des chiffres

D’emblée, l’autonomie promise du e-tron n’est pas spectaculaire. En cause, encore, l’approche conservatrice des ingénieurs d’Ingolstadt puisqu’il dispose d’une batterie lithium-ion dont la capacité de 95 kWh est même supérieure à celle de la batterie optionnelle des Porsche Taycan. Le hic, c’est que la portion utilisable était limitée à l’origine à 83,6 kWh pour préserver la longévité de la batterie. Elle a été relevée à 86,5 kWh par la suite. La cote d’autonomie RNC actuelle du e-tron 55 quattro  se chiffre à 357 km et celle du e-tron Sportback 55 quattro, à 351 km, bien que le coefficient de traînée aérodynamique de 0,26 du second soit plus favorable que le 0,28 du premier, étrangement.

Les performances sont moyennes aussi, pour ce segment. Poussé par les 355 chevaux de ses deux moteurs électriques, le e-tron est censé boucler le sprint de 0 à 100 km/h en 6,6 secondes ou alors en 5,7 secondes lorsque le mode Sport éperonne 402 chevaux, en surpuissance pour quelques secondes. Or, le Jaguar I-Pace exécute le même exercice en 4,6 secondes dûment mesurées, avec une puissance de 394 chevaux. Il faut dire qu’avec ses 2 590 kg, le Audi e-tron est plus lourd de 420 kg. C’est la rançon qu’impose une structure conventionnelle dont la solidité lui vaut, en retour, un confort et un silence de roulement exceptionnels.

Les vertus habituelles des Audi ont d’ailleurs fini par prévaloir sur la vérité crue des chiffres. Les ventes du e-tron ont effectivement grimpé de plus de 42% l’an dernier, au Québec, alors que celles de tous les autres grands utilitaires de luxe déclinaient. Elles ont également progressé à plus de deux fois le rythme des véhicules électriques. La version Sportback et la ligne doucement arrondie de son toit sont de plus en plus préférées à l’original, avec son hayon classique et sa silhouette anguleuse.

Métamorphose réjouissante

On se glisse à bord du e-tron, littéralement. Son habitacle est accueillant, convivial, et ses sièges avant, impeccablement sculptés. Le tableau de bord numérique, les commandes et l’interface multimédia sont résolument modernes et superbement finis. Commandes et menus deviennent clairs et efficaces après une courte adaptation. Les places arrière sont excellentes, même si l’empattement est plus court de 6,7 cm que celui des Q7 et Q8, qui partagent la même structure. La soute à bagages est de bonne taille et l’on peut l’allonger en repliant le dossier arrière découpé en sections 40/20/40.

Et si les Audi e-tron ont été rigoureusement sages jusqu’à maintenant, les nouveaux e-tron S et e-tron Sportback S vont se charger désormais de mettre du piquant dans la sauce. Les deux sont campés sur des roues de 20 pouces chaussées de pneus à flancs bas de taille 285/45 R20 (des roues de 21 ou 22 pouces sont en option).

Les e-tron S et e-tron Sportback S sont les premiers véhicules électriques de série à être dotés de trois moteurs de propulsion. Le groupe avant est une version du moteur arrière plus puissant du e-tron 55 tandis que chacune des roues arrière a son propre moteur pour assurer une variation constante et quasi instantanée du couple entre les deux. La puissance totale de 429 chevaux grimpe à 496 chevaux en phase de surpuissance lorsque le mode Sport est activé. Le chrono de 0 à 100 km/h chute alors de 5,1 à 4,5 secondes. Les freins avant sont pincés par des étriers à six pistons et les ressorts pneumatiques font varier la garde au sol de 7,6 cm, pour un comportement optimal.

L’enfant sage qu’était le premier e-tron a donc beaucoup changé, sous les traits des e-tron S et Sportback S. De quoi lui donner un coup de jeune pour côtoyer les e-tron GT et Q4 e-tron.

Feu vert

  • Versions S enfin performantes
  • Habitacle confortable et cossu
  • Fabrication très soignée
  • Grand silence de roulement

Feu rouge

  • Fiabilité des composantes électroniques
  • Autonomie encore moyenne
  • Silhouette plutôt anonyme
  • Dépréciation rapide probable

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