Maserati Quattroporte - À quatre pas de la porte

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2022

Avec le marché des berlines de luxe en forte décroissance, Maserati ne dirige actuellement pas ses énergies sur sa Quattroporte, bien qu’on lui apporte quelques changements mineurs pour 2022. C’est en fait à l’utilitaire Levante et à l’extraordinaire MC20 que revient le mandat de faire miroiter la marque, sous le giron de Stellantis. Une nouvelle entreprise qui semble vouloir redorer le blason de cette prestigieuse marque italienne, s’étant trop longtemps retrouvée sur le respirateur artificiel.

Naturellement, la Quattroporte est assurément celle qui aura le plus souffert du peu d’énergie consacrée à Maserati sous l’ère FCA. Une berline coûteuse et impopulaire, qui ne trouvait qu’à peine 1 000 preneurs à l’échelle nord-américaine au cours de l’exercice 2020, et pour laquelle même les concessionnaires ne fondent plus beaucoup d’espoir. Pour vous donner une idée, au moment d’écrire ces lignes, une seule unité (2021) de cette voiture était disponible dans l’inventaire du concessionnaire montréalais.

Charmeuse

Il est évident qu’en faisant concurrence à BMW ou à Porsche, la Quattroporte n’est techniquement pas de taille. La technologie embarquée ne leur arrive pas à la cheville tout comme la qualité générale de construction. Par contre, la présentation est magnifique et tout l’intérêt de cette voiture repose sur ce seul élément. Le charme. Une berline qui, comme l’ensemble des produits de la marque, plaît par sa grande beauté et par une approche à l’opposé des véhicules allemands. Une voiture à ce point attrayante que l’on oublie momentanément certaines de ses lacunes techniques.

Bien sûr, vous serez d’abord séduit par sa robe, caractérisée par un long capot plongeant et cet interminable empattement, conséquent d’une grâce sans égal. Selon vos goûts, vous pourrez ensuite jeter votre dévolu sur un habillage GranLusso d’apparence plus classique, ou vers une tenue GranSport, plus dynamique. Au sommet, la déclinaison Trofeo vous en mettra toutefois plein la vue, combinant un heureux mélange de muscles et d’élégance grâce à une tenue presque intimidante.

L’odeur des cuirs et les très belles textures des différents matériaux choisis à bord se chargent de poursuivre cet exercice de séduction. Le choix des teintes et des divers éléments décoratifs est d’ailleurs si vaste qu’il vous est possible de personnaliser la voiture dans les moindres détails, pour encore plus d’exclusivité. Cela dit, malgré tous les efforts effectués par l’équipe responsable de la sélection des matériaux et de leur design, la sauce est gâchée à cause des trop nombreux commutateurs et leviers issus de chez Chrysler... Les mêmes que dans un Jeep Cherokee, une Chrysler 300 ou un Dodge Journey. Bonjour le prestige…

Facture à la baisse

Grâce à l’arrivée d’une nouvelle version GT mais aussi dans l’optique d’une réorientation de la gamme, Maserati abaisse le tarif de ses Quattroporte pour 2022. Le prix d’entrée (non confirmé au moment de mettre sous presse) oscillerait donc autour de 115 000 $, bien que les rares acheteurs soient certainement plus attirés vers les modèles hiérarchiquement supérieurs. La Quattroporte est offerte en trois versions : GT, Modena et Trofeo, qui exploitent chacune leur propre motorisation.

Maserati récupère donc le V6 d’entrée de gamme du Levante, un 3 litres biturbo de 345 ch, pour la version GT. Un moteur qui permet à cette Quattroporte de se mesurer à l’Audi A8 55 TFSI notamment, mais qui, comme sa rivale allemande, sera assurément très rare sur notre marché. Vient ensuite le V6 biturbo de 424 ch qui faisait l’an dernier office de moteur d’entrée de gamme, lequel est désormais greffé à la version Modena. Une mécanique certainement plus indiquée pour cette berline longue de 5,3 m, lui permettant de réaliser des accélérations frisant l’exotisme. Notez également que cette dernière peut accueillir le rouage intégral, ce que ne fait pas la version GT. Finalement, on intègre à la Trofeo un V8 issu de chez Ferrari, qui vous impressionnera autant par les accélérations qui en découlent que par son exaltante sonorité. Encore une fois, en mode séduction.

Conduire la Quattroporte vous ramène à la raison. Surtout si vous avez simultanément fait l’essai de berlines concurrentes. En effet, bien que cette voiture ait une personnalité unique et d’intéressantes mécaniques, son comportement routier montre de sérieuses lacunes. C’est qu’en fait, nous sommes ici bien loin de la maniabilité et de la précision de conduite d’une Porsche Panamera ou d’une Audi A8, le confort étant par ailleurs affecté par quelques craquements indignes d’une voiture de cette trempe. Ajoutez à cela une fiabilité aléatoire, une très forte dépréciation et une fin de carrière éminente, et vous comprenez ce qui nous pousse à vous recommander une berline rivale, même si vous êtes tombé sous son charme.

Feu vert

  • Design magnifique
  • Motorisations envoûtantes (Modena, Trofeo)
  • Expérience sensorielle unique

Feu rouge

  • Épouvantable dépréciation
  • Qualité d’assemblage décevante
  • Voiture technologiquement en retard
  • En fin de carrière?

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