Ford Expedition / Lincoln Navigator, Surprise !

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2008

Il est plutôt difficile d’imaginer qu’un véhicule aussi gros que le Ford Expedition puisse se révéler agréable à conduire. Et la surprise est encore plus grande lorsqu’on apprend que son châssis est à longerons comme celui d’une camionnette. Par contre, quand on connaît l’expertise de Ford dans le domaine des camions, on reste moins surpris. Certes, le gros Expedition est assez mal vu par les temps qui courent à cause, principalement de ses dimensions gigantesques et de son moteur V8 très puissant. Mais il rend de fiers services et il le fait bien. Voyons-y de plus près…

L’an dernier, le Ford Expedition était sérieusement remanié. S’il ne s’agissait pas d’un tout nouveau véhicule, ce n’était pas loin ! Ce changement arrivait alors que les prix de l’essence grimpaient en flèche et que le marché des VUS de grand format déclinait rapidement. Mais Ford désirait demeurer un des premiers dans ce créneau, sinon le premier, et le retrait de l’immense Excursion laissait un poste vacant. Le remodelage de l’Expedition tombait donc à point. De plus, au courant de l’année, des versions « police » et limousine de ce déjà gros véhicule sont apparues.

Au Canada, quatre versions sont proposées. On retrouve d’abord l’Expedition ordinaire et l’Expedition MAX ainsi que leur contrepartie luxueuse, les Lincoln Navigator et Navigator L. En lisant les documents de presse de Ford, on apprend que 2008 verra l’arrivée de la version propulsion (roues arrière motrices) réservée l’année dernière au marché américain. Si l’Expedition ordinaire possède une longueur totale de 5 245 mm et offre amplement d’espace intérieur, le MAX se montre encore plus généreux. Grâce à sa longueur de 5621 mm, ce véhicule peut transporter passagers et bagages (beaucoup de passagers et encore plus de bagages) dans un confort surprenant. Quand les sièges de la troisième rangée sont remisés dans le plancher, le coffre pourrait quasiment transporter le désert du Sahara tant il est grand. Alors, imaginez quand, en plus, on baisse ceux de la deuxième rangée ! Même si la longueur des Lincoln Navigator et Navigator L (l’équivalent du MAX) dépasse de près de 50 mm celle des Expedition et MAX, les dimensions intérieures demeurent strictement les mêmes.

L’accès à bord, malgré la hauteur, s’avère aisé, merci aux imposants marchepieds. Qu’il s’agisse de l’Expedition ou du MAX, la troisième rangée de sièges est sans doute l’une des plus douillettes de l’industrie et le dégagement ne devrait causer des problèmes qu’à des personnes très grandes. Les deux autres rangées ne sont pas en reste avec des sièges fort confortables. Il est d’ailleurs possible de changer la banquette de deuxième rangée pour des sièges baquets qui retiennent mieux en virage. Le conducteur profite d’un très beau tableau de bord inspiré de celui de la camionnette F-150. L’ensemble est bien assemblé et les plastiques, autrefois la bête noire de Ford, sont de belle facture. Le seul commentaire négatif que nous émettrons concerne les pièces de chrome qui ornent la console centrale et qui aveuglent lorsqu’il fait soleil. Remarquez que l’été passé, ça n’a pas été très dérangeant…

Équipé pour veiller tard

Côté mécanique, tous les modèles reçoivent le V8 5,4 litres du F-150. Ce moteur développe 300 chevaux et 365 livres-pied de couple. On lui a greffé une transmission automatique à six rapports au fonctionnement irréprochable. Cet ensemble permet à l’Expedition MAX, une bête de 2750 et quelques kilos, d’offrir des accélérations et des reprises franchement surprenantes, le tout dans un silence quasiment monacal. Pour ralentir cette masse, le véhicule fait appel à quatre freins à disque dont la principale qualité est d’être beaux quand ils sont neufs… En effet, les distances d’arrêt, lors d’un freinage d’urgence à partir de 100 km/h, sont passablement longues. Nous aimerions mettre le blâme sur les pneus mais puisqu’il s’agissait d’excellents Pirelli Scorpion STR, nous devons accuser les freins… et le poids du véhicule.

Quand vient le temps de tirer une remorque, l’Expedition ne donne pas sa place. Notre véhicule d’essai, équipé de l’ensemble remorquage, a tiré une remorque de 5 000 livres comme Obélix transporte ses menhirs. À noter que les rétroviseurs extérieurs sont suffisamment grands et éloignés du véhicule pour permettre une bonne visibilité même lorsqu’il y a une remorque à l’arrière.

Compétent

Sur la route, l’Expedition affiche un comportement routier étonnamment doux et agile… toutes proportions gardées. La direction fait preuve de précision et son feedback est bien dosé, aussi incroyable que cela puisse paraître ! Bien sûr, aucune personne sensée n’aurait envie de jouer les matamores au volant de l’Expedition mais il est possible de le conduire passablement vite dans les courbes. On observe bien un certain roulis (un roulis certain serait plus juste) mais, en respectant les transferts de poids, il est possible de demeurer sur la route !

Aussi compétent sur la route que pour le travail sérieux (il peut remorquer jusqu’à 8 750 livres lorsqu’équipé en conséquence), l’Expedition fait preuve d’un grand raffinement. On peut certes lui reprocher une consommation d’essence abusive et des dimensions tout aussi excessives, n’empêche qu’il répond parfaitement à des besoins spécifiques. Le marché des VUS de grand format est de plus en plus restreint à cause, surtout, des prix de l’essence et de l’image de pollueur qu’il projette. Et lorsque la mode des gros véhicules reviendra dans cinq, dix ou vingt ans, tout le monde trouvera à l’Expedition plein de belles qualités…

Feu vert

Agilité surprenante, habitacle confortable,
espace intérieur caverneux, moteur performant,
ne rechigne pas devant le travail

Feu rouge

Dimensions de cathédrale,
consommation de Boeing,
version Navigator à peu près inutile

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