Mitsubishi Eclipse Cross - Trop cher

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2021

Il est plutôt rare que Mitsubishi Motors débarque avec un nouveau modèle. Au cours des dix dernières années, il ne l’a d’ailleurs fait qu’à trois reprises, introduisant l’Outlander et la Mirage (2014), ainsi que l’Eclipse Cross pour 2018. C’est donc sur ce dernier modèle que le constructeur comptait afin d’élargir sa clientèle, proposant un produit original et qui profitait pour une première fois depuis fort longtemps, d’une nouvelle technologie mécanique maison.

Malheureusement, le bilan de l’Eclipse Cross pour le marché nord-américain est littéralement catastrophique. À peine 12 000 unités vendues en 2018, puis juste un peu moins de 25 000 en 2019 (dont 5 000 au Canada). Des chiffres alarmants, considérant la popularité de ce genre de produit chez l’ensemble des constructeurs automobiles. Comment expliquer un tel insuccès? Certains mentionneront d’entrée de jeu l’allure curieuse de sa ligne, qui ne fait clairement pas l’unanimité et qui rappelle vue de l’arrière le défunt Pontiac Aztek. Maintenant, il semble évident que les consommateurs bloquent surtout à la vue de la facture, qui avoisine celle d’un Hyundai Tucson, d’un Toyota RAV4 ou d’un Volkswagen Tiguan. Des véhicules plus spacieux, puissants, pratiques et qui profitent tous d’une réputation déjà bien établie. Alors, même si Mitsubishi Motors prétend le contraire en ciblant les acheteurs des véhicules précités, l’Eclipse Cross se mesure en réalité avec des modèles comme les Mazda CX-30, Nissan Qashqai et Subaru Crosstrek. Il suffit de comparer le format, l’équipement et la motorisation, pour le réaliser. Or, chez Mitsubishi, c’est au vieillissant RVR que revient ce rôle. Un véhicule qui a récemment été remodelé et qui malgré sa conception vétuste, plaît davantage en raison de son look charmant et de son prix plus attrayant.

Déjà des lacunes

À son arrivée en 2018, l’Eclipse Cross débarquait avec une nouvelle motorisation. Un petit quatre cylindres turbocompressé de 1,5 litre, produisant exactement la même puissance que le moteur de la Subaru Crosstrek (hasard ?), lequel est aussi accompagné (comme la Crosstrek) d’une boîte CVT et d’un rouage intégral particulièrement performant. Malheureusement, il faut accorder à Subaru l’avantage d’une transmission plus agréable, ainsi que d’une garde au sol lui permettant de s’aventurer encore plus loin, hors des sentiers battus.

Pour 2021, même l’Eclipse Cross GT de 38 000 $ (transport et préparation inclus) conserve cette motorisation, avec ses maigres 152 chevaux.  En revanche, ceux qui recherchent plus de puissance et d’agrément peuvent se tourner vers Hyundai, Mazda ou Subaru qui, dans ce segment, proposent désormais des moutures dont la mécanique avoisine les 180 chevaux. Donnons toutefois à César ce qui lui revient, c’est-à-dire l’avantage d’un comportement routier intéressant et d’une maniabilité remarquable, particulièrement en situation hivernale. Et même si le véhicule s’équipe d’une motorisation de petite cylindrée, le chauffage n’y est aucunement problématique. Une situation à laquelle font face les propriétaires de Hyundai Kona/Tucson (1,6 litre turbo) et Honda CR-V (1,5 litre turbo).

L’Eclipse Cross se décline en quatre variantes, lesquelles ne diffèrent que par des détails d’équipement, et pour un prix variant de 30 000 $ à 38 000 $, transport inclus. Bien équipé en version ES de base, on lui préfère néanmoins la SE qui propose une finition de plus belle facture et quelques gadgets supplémentaires. Hélas, celle-ci n’offre toujours pas le volant chauffant, accessoire de prédilection des acheteurs québécois, ce qui vous force alors à passer à l’échelon supérieur. À bord, bien que le véhicule ne soit âgé que de quelques années, l’impression d’un modèle déjà vieillissant émane. La position de conduite demeure néanmoins agréable et les sièges étonnent par leur confort. L’espace est également convenable à l’avant mais déçoit en revanche aux places arrière, au point où il est difficile d’y installer de gros sièges d’appoint pour enfant. Puis, si le volume utilitaire semble intéressant sur papier, vous serez à même de constater que l’inclinaison de la lunette et le seuil de coffre très élevé viennent affecter son côté pratique, au même titre que cette banquette rabattable à angle d’à peine 60 degrés.

PHEV?

Depuis son introduction en 2018, Mitsubishi évoque l’arrivée prochaine d’une version PHEV, utilisant une technologie améliorée par rapport à celle de l’actuel Outlander. Hélas, comme tout est interminablement long chez ce constructeur, elle se fait toujours attendre. D’ici là, considérons-le donc comme un produit honnête mais qui n’est clairement pas sans défaut.

Évidemment , il est facile de bien le faire paraître à côté du vieillissant RVR, en faisant miroiter certains aspects techniques. Or, en effectuant un exercice de comparaison avec les produits de la concurrence, on réalise rapidement que Mitsubishi nous le fait payer 5 000 $ trop cher…

Feu vert

  • Comportement routier étonnant
  • Excellent rouage intégral
  • Consommation raisonnable

Feu rouge

  • Prix trop élevé
  • Un seul choix mécanique
  • Habitabilité décevante

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