Mercedes-Benz AMG SLS 63 2010, retour vers le futur

Il y a une couple d'années, suite au lancement de la nouvelle version de la Mercedes-Benz SL AMG 6.3, nous étions attablés au dîner avec  l'un des dirigeants de la division haute performance de Mercedes-Benz. Ce dernier se disait satisfait de leur nouveau moteur V8 de 6,2 litres qu'AMG  venait de développer ainsi que de la nouvelle transmission à passages de rapports ultra rapides  également mis au point par AMG. Toutefois, il nous annonçait avec un sourire en coin que ses ingénieurs travaillaient à la mise au point d'une voiture qui serait exclusivement une réalisation d'AMG. Ce faisant, ce nouveau modèle serait nettement plus poussé sur le point technologique en plus d'être le plus léger et plus performant que tout ce que la gamme Mercedes-Benz pouvait offrir. Et puisque les deux compagnies ne font qu'une, ce projet ne pouvait porter ombrage à l'autre. La SLS semble être cette voiture.

Inspirée du passé

il est certain que l'une des  plus légendaires voitures dans l'histoire de l'automobile est la Mercedes- Benz 300 SL qui a été développée dans les années 50 pour participer à des  courses comme la  Targa Florio et la Mille Miglia. Ces épreuves étaient disputées sur les routes empruntées par les voitures de tourisme, et nécessitaient des bolides à la fois résistants, agiles et puissants. Comme toute voiture de la marque qui se respecte, la 300 SL a connu une prodigieuse carrière en compétition et rapporté plus que sa part de victoires. Mais, elle possédait en outre une silhouette spectaculaire à nulle autre pareille pour l'époque. En plus, les ingénieurs avaient dessiné un bas de caisse  très haut et également très large afin d'assurer la plus grande rigidité possible. Cette configuration mécanique empêchait l'utilisation de portières traditionnelles. Pour contourner la difficulté, on a adopté des portes en forme d'aile de mouette qui s'ouvraient verticalement et qui donnaient à la voiture une silhouette vraiment particulière.  Une légende était née.

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Au fil des années, nombreux ont été les 'tuners' qui ont repris ce type de portière, mais aucun d'entre eux n'a réussi à proposer quelque chose de classique. Malgré la difficulté de la tâche, c'est ce à quoi les ingénieurs d'AMG se sont attaqués. Pas besoin de s'y connaître en voiture classique pour constater que cette nouvelle venue possède une étrange ressemblance avec sa légendaire doyenne. Mais je suis certain que plusieurs auraient aimé voir  quelque chose d'un peu plus original. Je dois admettre qu'au début, j'étais un peu déçu par la présentation extérieure de la voiture, m'attendant à quelque chose de plus spectaculaire est de plus moderne. Mais au fur et à mesure que je la regarde , je crois que c'était une approche valable et dont l'exécution a été bien faite. Il faut souligner également la présence de buses d'extraction d'air dans les ailes qui ressemblent de celles employées sur la SLR fabriquée en collaboration avec McLaren.

Un peu comme pour le design de la carrosserie, l'habitacle est un mélange de composantes modernes inspirées du passé. L'acheteur pourra opter entre deux présentations avec applique de fibres de carbone ou d'aluminium brossé à son choix. Même s'il s'agit d'une voiture de très haute performance, le confort n'a pas été oublié. Les sièges offrent un support latéral nettement supérieur à ce que l'on retrouve  chez les meilleures sportives, mais ils sont également confortables avec un excellent support pour les cuisses et le bas du dos. La planche de bord est relativement dépouillée alors que seule des buses de ventilation circulaires se retrouvent sur sa partie frontale. De cadrans indicateurs de bonnes dimensions, séparés par un  centre d'information à affichage numérique, sont regroupés dans un petit module  servant à les abriter des rayons parasites et du soleil. Le centre de commandes principal se retrouve sur la très large console placée entre les deux sièges. On y retrouve, entre autres,  les boutons servants à commander les modes de passages des rapports,le bouton de démarrage, celui servant à actionner le déflecteur arrière  ainsi que  le gros bouton central servant à régler la plupart des fonctions de la radio et du système de navigation tandis que  la climatisation est gérée par des commandes placés dans la partie inférieur de la planche de bord.  Même si cette console est éminemment pratique, elle est massive et empiète un peu sur l'espace réservé au occupants. Soulignons au passage que le dégagement pour les jambes du passager est moindre que celui du conducteur.

Bien entendu, la qualité des matériaux est hors pair et il en est de même de la finition. Mais il faut plus que cela pour en faire une voiture d'exception. La mécanique toit à être superlative et chez AMG on n'a pas lésiné à ce sujet.

Plate-forme exclusive

En premier lieu, il aurait été facile aux ingénieurs des deux parties de prendre la plate-forme de la SL actuelle, de la rendre plus rigide, de l'alléger quelque peu et le tour aurait été joué. Mais quand on recherche l'ultime voiture de sport, il fallait en faire davantage. Les ingénieurs ont donc développé un tout nouveau châssis en aluminium de type spaceframe. On fait appel à différents types d'aluminium afin d'obtenir la légèreté nécessaire ainsi que la rigidité voulue. IL faut souligner qu'en plus du châssis, la plupart des éléments de la carrosserie sont également réalisés de ce même matériau. Interrogé quant à l'absence de pièces en fibre de carbonne sur cette voiture, le Dr Frank Emhardt, l'ingénieur en chef de tout ce projet, nous a souligné que la différence de poids enctre ces deux matériaux n'est pas si importante qu'on serait porté à le croire et que l'aluminium possèede plus d'avantages.

L'ensemble résulte en une espèce de capsule entourant les occupants. Les éléments de la suspension  sont eux aussi réalisés en aluminium. Comme il se doit sur une voiture de cette catégorie, l'utilisation d'aluminium forgé permet d'obtenir la rigidité nécessaire. Comme le moteur est en position centrale avant, cela a permis d'obtenir une excellente répartition du poids qui est de 47 % à l'avant et de 53 % à l'arrière. Le moteur choisi est bien entendu le  V8 de 6,3 litres. Les ingénieursont fait appel cette fois à un carter sec  afin d'abaisser au maximum  centre de gravité et d'optimiser la tenue de route.

Développé par AMG et le plus puissant moteur atmosphérique depuis son lancement, ce V8 a encore été amélioré. Sa  puissance est maintenant de 571 chevaux. En raison de la légèreté de la voiture, le rapport poids puissance est de 2.84 kg/hp ce qui lui permet de boucler le 0-100 km/h en 3,8 secondes et d'atteindre une vitesse de pointe de 317 km h ( données du constructeur).  Ce gros moteur a vu sa puissance augmentée, mais son poids a été diminué. Il oscille la balance à 205 kg, ce qui est impressionnant pour une telle mécanique. Puisque ce moteur est monté en position centrale avant, la transmission a été placée à l'arrière et il s'agit d'une transmission de type à double embrayage qui est relié au moteur par l'entremise d'un  tube de couple dans lequel tourne l'arbre de transmission en fibre de carbone. Ceci permet d'obtenir une lien  rigide et très léger en même temps. La nouvelle transmission à double embrayage à sept rapports se démarque par des changements de vitesses excessivement rapides, moins de 100 millisecondes dans le mode de sport. Le conducteur peut choisir quatre types de réglage de la transmission. “C” pour efficacité contrôlée, “S” pour sport et “S+” pour Sport Plus et enfin “M” pour le mode Manuel.

Terminons ce tour de la mécanique en soulignant la présence d'un différentiel autobloquant, de freins en céramique optionnels et également d'un  système de contrôle de dérapage latéral pouvant être réglé en trois modes distincts. Dans le premier mode, le réglage normal intervient plus rapidement qu'avec  le mode sport qui  permet une conduite fort agressive avant que le système entre en action et finalement il est possible de le désactiver  complètement.

Jusqu'à date, nous n'avons pas parlé de consommation de carburant. Dans la majorité des cas, c'est le cadet des soucis des acheteurs potentiels d'un tel bolide. Malgré tout, les ingénieurs responsables du développement de cette fusée sur roues  affirment que la consommation moyenne est de 13,2 litres au 100 km en conduite normale. Et suite à un essai de plus de 350 km sous différentes conditions d'utilisation, c'est exactement la consommation que nous avons obtenue. Juré ! Craché ! Mais après cinq tours à fond de train du circuit de Laguna Seca en Californie et cette belle moyenne a allègrement franchi la barre des 20 litres au 100 km...

Route et piste

Il est certain qu'on ne prend pas place à bord d'une voiture dotée de portière verticales comme avec une auto conventionnelle. Mais après une ou deux entrées et sorties, j'ai trouvé la bonne technique. Il faut en plus ne pas oublier que nous avons une portière au dessus de la tête lorsqu'on veut sortir de la voiture pour ne pas se congner la tête. Un détail au passage, il n'y a pas de vide-poche dans le bas des portières car s'ils  étaient présents, leur contenu se viderait chaque fois qu'on ouvre la porte. Le vide-poche est remplacé par une poignée de fermeture qui sera difficile à atteindre pour les personnes de petite taille.

Ceci dit, les sièges offrent un excellent support latéral et sont ajustables de toutes les manières tandis que le position de conduite est bonne en raison d'un volant réglable en hauteur et en profondeur.

Le moteur est lancé à l'aide d'un bouton placé sur la console centrale et sa sonorité est gutturale, mais juste ce qu'il faut. Sur la route, la SLS se dirige au doigt et à l'oeil. En effet, la suspension est ferme mais pas trop tandis que   la direction n'est pas trop assistée, ni trop ferme et ce à toutes les vitesses. Ce que j'ai le plus apprécié est le fait que l'accélérateur est bien dosé. Souvent, avec les accélérateurs  drive-by-wire, c'est  trop ou pas assez. Dans le cas de cette AMG, c'est progressif et linéaire. Il est donc facile de rouler dans la circulation urbaine sans avoir à se concentrer pour ne pas y aller par secousses sacadées . Et si la visibilité est perfectible, ce n'est pas un problèeme puisque les rétroviseurs extérieurs sont de bonnes dimensions.

Avec des freins ultra puissants, un moteur qui assure des accélérations capable d'impressionner les plus blasés, la SLS n'a aucune difficulté à négocier les routes les plus sinueuses. Bref, que l'on flâne sur les grands  boulevards, qu'on circule à vitesse plus élevée sur les autoroutes ou qu'on négocie une route parsemée de virages, la SLS est toujours à la hauteur de la tâche. J'ai également eu l'occasion de piloter la SLS sur le mythique circuit de Laguna Seca dans le nord de la Californie. Notre meneur était nul autre que le réputé pilote Bernd Schneider qui nous montrait la voie et adoptait sa vitesse à la nôtre. Nous avons été en mesure de rouler à plus de 200 km/h sur la ligne droite et  à plus de 150 km/h dans certains virages. Quoi qu'il en soit, les systèmes électroniques d'assistance au pilotage sont d'une grande effiacité et m'ont parmis de ne pas passer pour un plouc. La tranmssion était réglée en mode “S+” et son effiacité était impressionnate, rétrogradant avec le fameux “blip” à chaque passage à des rapports inférieurs. Les voitures en piste étaient équipées des freins en céramique et carbone dont la puissance est hors norme tandis que leur résistance à l'échauffement toute aussi impressionnante. Sans oublier la rigidité de la plate-forme qui est vraiment digne de mention. Par contre, si les pneus Continental se sont bien acquittés de leur tâche, j'aurais aimé effectuer quelques tours de piste avec des Pirelli P-Zero appropriés, je suis certain que l'adhérence en virage aurait été  supérieure.

En résumé, cette nouvelle Mercedes-Benz AMG ne se contente  pas d'offrir une silhouette appelée à faire un classique de ce modèle, mais ses prestations sur la route et la piste son également dignes de passer à la légende. Et si ces détails vous intéressent, la voiture sera disponible au printemps 2010 et son prix de vente sera de moins de 250 000$ si mon évaluation est bonne. Je m'en vais acheter un billet de lotterie sur le champ ! On ne sait jamais...