Honda Crosstour 2010, une agréable surprise

Je me suis présenté au lancement de la Crosstour sans attente particulière. Mon seul contact avec ce nouveau modèle avait été par le biais de photographies envoyées sur l'Internet par Honda Canada. Pour moi, la Crosstour n'était rien d'autre qu'une adaptation par Honda de l'Acura ZDX lancée précédemment. J'étais pourtant loin de la vérité puisque  cette nouvelle venue ne propose pas la mécanique de l'Acura tandis que sa plate-forme est empruntée à la berline Accord V6. Inutile de vous dire que j'ai du réviser mon jugement.

Une clientèle Honda

Selon les présentateurs lors de ce lancement, l'acheteur de ce modèle est un propriétaire de Honda Accord V6 qui désire un véhicule plus pratique tout en voulant conserver le luxe, le confort et le comportement relativement sportif de cette dernière. Contrairement à ce que je croyais initialement, on ne cible pas le propriétaire de CR-V désireux de  passer à un niveau supérieur sans pour autant s'acheter un Pilot.
Peu importe la rhétorique des gens du marketing, il est incontestable que la Crosstour a le Toyota Venza dans sa mire sans oublier le Mazda CX-7. Comme c'est le cas avec ces deux concurrents, la silhouette ne tente de pas de s'associer aux VUS, mais bien aux véhicules multi segments, une catégorie dérivée à partir des plate-forme d'automobiles et proposant donc une silhouette plus élégante et moins macho. Des trois modèles cités, le Venza et la CX-7 ont un léger avantage sur la  Crosstour au chapitre de l’élégance de la silhouette. Par contre, la réplique de Honda à ces deux concurrents est quand même intéressante. Sa partie arrière avec sa double section vitrée me fait songer quelque peu à la Insight. Par ailleurs, il semble que les décideurs de Honda n'arrivent pas à faire leur choix quant à une grille de calandre corporative car, comme tous les modèles Honda vendus au Canada, elle diffère de tous les autres. En y regardant de plus près, on peut trouver que  celle du Crosstour s'apparente davantage à celle du Odyssey que de la berline Accord.

Une chose est certaine, le hayon de grandes dimensions donne sur une soute à bagages spacieuse tandis qu'il est facile de rabattre le dossier de la banquette arrière pour offrir encore plus d'espace. Il suffit en effet de tirer sur l'un des deux leviers de déclenchement respectivement placés à gauche et à droite pour que l’une des sections dossier de type 60/40 se rabatte rapidement. Quant aux places arrière, elles sont confortables tout en offrant un bon dégagement pour la tête. Soulignons au passage que les ingénieurs ont opté de placer la roue de secours sous le véhicule afin de pouvoir offrir plus d'espace et un seuil de chargement plus bas. Ce pneu est protégé contre les saletés et les éclaboussures de la route par une housse.

Mieux que l'Accord

Si mes souvenirs sont corrects, la qualité des matériaux de l’Accord laisse quelque  peu à désirer. Par contre, la Crosstour impressionne par une présentation un peu plus jazzée, des matériaux de qualité et une finition exemplaire. C'est d'ailleurs ce à quoi on s'attend de la part de Honda. Le modèle essayé m'a également impressionné par la présence de sièges avant qui sont confortables et dont le support latéral est supérieur à ce que propose la concurrence.  Soulignons au passage que seul la sellerie en cuir est offerte, une indication sans équivoque de la  vocation cossue de ce modèle. En plus, le conducteur a de la facilité à se trouver une bonne position de conduite par l'intermédiaire d'un volant réglable en profondeur et en hauteur. Bien calé dans son siège, le pilote est confronté à deux cadrans indicateurs avec chiffres blancs sur fond noir tandis que les aiguilles sont bleutées afin de faciliter leur consultation et donner un peu plus de piquant à la présentation.
Par contre, comme c'est le cas sur l’Accord, conducteur et passager sont confrontés à une console centrale truffée de butons et commandes de toutes sortes qui ne se déchiffrent pas facilement. Il faut un certain temps pour s'y retrouver et comprendre la logique de certains éléments. Comme sur plusieurs autres Honda, un gros bouton multifonction placé en plein centre de la planche de bord permet de trouver des raccourcis et  accélérer les réglages. Il est particulièrement pratique pour gérer le système de guidage par satellite, l’une des seules options disponibles. Et sur la liste initiale des rares options, il faut mentionner le système Bluetooth, ce qui me semble une omission de la part de Honda, car nombreux sont les modèles de bas de gamme offerts par la concurrence offrant cet accessoire de série.

Seulement le V6

La vocation de luxe pratique de cette Honda est confirmée par l’absence d’un moteur quatre cylindres sous le capot. En effet, un seul groupe propulseur est offert et c’est le V6 3,5 i-VTEC  de 271 chevaux et 254 lb-pi de couple associé à une boîte automatique à cinq rapports. À défaut de proposer un sixième rapport sur la Crosstour, cette boîte de vitesses propose une logique de fonction révisée qui permet d’éviter les changements de rapports inutiles lorsqu’on lève le pied dans les virages. Le programme de logique de pente a été également raffiné. Ce groupe propulseur peut être doté du rouage intégral, l’une des rares options disponibles et qui convient plus à la vocation tout usage que le système de navigation.

Je ne sais pas avec précision quelles ont été les améliorations que les ingénieurs ont apportées à cette plate-forme par rapport à la berline à moteur V6, mais la Crosstour propose un agrément conduite relevé et une excellente tenue de route. Il y a bien un certain vague dans le volant à haute vitesse, mais dans les enchaînements de virage abordés assez rapidement, la stabilité latérale a été exemplaire tout comme l’adhérence. Cette Honda est donc agréable à conduire et pratique tout en étant confortable. De plus, la pédale de frein est bine dosée et moins spongieuse que sur la berline.

Au moment d’écrire ces lignes, les prix définitifs n’ont pas été dévoilés, mais il n’est pas erroné de croire qu’un prix d’environ 40 000$ serait correct compte tenu de l’équipement de série, de la mécanique et des performances. Il faut également ajouter en terminant que la consommation de carburant moyenne devrait être d’un peu plus de 12 litres au 100 km.

Reste à savoir maintenant si le public va adopter ce modèle plus pratique avec plus d’enthousiasme que la berline Accord. Une chose est certaine, la Crosstour est mieux réussie que la berline.

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