Volkswagen veut aussi ses « gigafactories » de batteries pour concurrencer Tesla

Le géant de l’automobile Volkswagen a dévoilé lundi une nouvelle facette de ses ambitions électriques, faite de six usines de batteries et de milliers de bornes de recharge à implanter en Europe, pour tenter de dépasser Tesla sur ce marché crucial.

Le constructeur allemand, qui veut devenir leader mondial de la voiture électrique, prévoit d’ouvrir « jusqu’à six » usines géantes de batteries d’ici 2030.

Et pour enfoncer le clou, le patron de Volkswagen Herbert Diess n’hésite pas à s’approprier le terme de « gigafactories » popularisé par le fondateur de Tesla Elon Musk pour lequel M. Diess ne cache pas son admiration.

Plusieurs chantiers sont déjà en cours: avec son partenaire Northvolt en Suède, le groupe allemand doit ouvrir en 2023 un site pour les cellules et batteries « prémium », utilisées dans les modèles haut de gamme, à l’opposé de cellules standardisées pour les autres modèles.

Northvolt a, dans ce cadre, obtenu une commande de 14 milliards de dollars de Volkswagen qui va également augmenter sa participation au capital de l’entreprise, de 20% actuellement.

Une deuxième usine sera ouverte dès 2025 sur un site du groupe Volkswagen en Allemagne, à Salzgitter (nord-ouest). Le constructeur aux 12 marques sera seul à opérer sur cette implantation, car il prévoit de racheter les parts détenues par Northvolt dans la société commune créée en 2019.
La troisième « factory » ouvrira « en Espagne, au Portugal ou en France » d’ici 2026, selon Thomas Schmall, directeur technique du groupe, avant une autre en Europe de l’Est, « en République tchèque, en Pologne ou en Slovaquie » en 2027.

Le puissant représentant du personnel du constructeur, Bernd Osterloh, a réclamé d’installer en Allemagne une des deux usines pour lesquelles la localisation reste à trouver.

L’électrique « est la seule solution pour réduire rapidement les émissions de la mobilité », a dit M. Diess en introduction d’une conférence baptisée « Power Day » -- une autre allusion au patron de Tesla et à son « Battery Day » de septembre.
Le pionnier américain fait actuellement fabriquer ses cellules de batteries par divers fournisseurs (Panasonic, LG, CATL), mais a annoncé en 2020 vouloir commencer à produire ses propres cellules.

Photo: Volkswagen

Tesla vise une capacité totale de 100 GWh en 2022 et de 3 TWh en 2030. Sa « gigafactory » actuellement en construction en Allemagne pourrait fournir à terme jusqu’à 250 GWh et devenir, selon M. Musk, « la plus grande usine de cellules au monde ».

– Réseau de bornes de recharge – Face à la législation européenne plus contraignante sur les émissions de CO2, la part de voitures purement électriques parmi les ventes de Volkswagen « va doubler à près de 60% » en moins de 10 ans.
La marque principale VW veut atteindre d’ici 2030 une part de 70% en Europe et de 50% aux États-Unis et en Chine et prévoit de lancer par an au moins un nouveau modèle sur ce créneau.

Le premier, l’ID.3, devrait dépasser en 2021 les ventes de la Renault Zoé et de la Tesla Model 3.

« Les capacités de batteries doivent croître en parallèle », a expliqué M. Diess, alors que la production chinoise domine le marché.
Au total, le groupe investit plus de 30 milliards d’euros sur plusieurs années dans ce vaste virage électrique, considéré par les analystes comme un des plus ambitieux du secteur.

L’objectif est de réduire de moitié le coût de la batterie en misant sur un modèle unique, qui devrait propulser 80% des voitures, et permettre de vastes économies d’échelle, a expliqué le constructeur. Au final, il s’agit de diminuer le prix des véhicules et de les rendre « encore plus attractifs pour les clients », selon M. Diess.

Au-delà du prix, Volkswagen veut également s’attaquer au deuxième grand frein à la mobilité électrique avec un investissement de 400 millions d’euros d’ici 2025 dans le réseau de recharge européen. But affiché: proposer avec des partenaires quelque 18 000 points de recharge rapide, cinq fois plus qu’actuellement.

Volkswagen a signé des partenariats avec le groupe britannique BP, l’espagnol Iberdrola et l’entreprise italienne Enel.
« Nous allons rendre la recharge aussi facile que faire le plein », a promis M. Diess.

Mais ces projets ont un coût: dimanche, Volkswagen a annoncé un plan de suppression d’emplois qui pourrait viser jusqu’à 5 000 postes pour réduire les charges et financer les investissements.

Les départs contraints étant exclus par un accord d’entreprise, les coupes se feront notamment par des départs anticipés à la retraite.

En vidéo: 10 choses qu'on aime du Volkswagen ID.4 2021

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