Mercedes-Benz Vision B, de A à B

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2006

Lorsque la compagnie Mercedes s’est lancée dans la fabrication de petites voitures, elle a commencé par un modèle qui était identifié par la première lettre de l’alphabet et nous avons connu la Classe A. Jugée trop petite pour notre marché ou plutôt en fonction des critères de nos amis les Américains, cette voiture n’est jamais venue sur nos rives. Nos voisins du Sud ont demandé une voiture plus grosse, plus large et dotée d’un moteur plus puissant. Les ingénieurs de Stuttgart les ont écoutés et ont conçu un véhicule répondant à leurs attentes. Ils l’ont appelé, vous l’aurez deviné, la Classe B !

Mais le plus curieux dans toute cette histoire, c’est que cette voiture n’ira pas, du moins pour l’instant, sur le marché des États-Unis. La direction de la compagnie dans ce pays a en effet décidé de porter son choix sur la Vision R, un autre véhicule multifonction plus gros et plus puissant dérivé du prototype GST dévoilé au Salon de l’auto de Detroit, il y a trois ans. La Vision B sera donc une exclusivité canadienne.

Comme ce fut le cas avec la SMART, les automobilistes canadiens bénéficient d’une exclusivité qui leur permet d’avoir accès à des véhicules offrant plusieurs caractéristiques uniques tout en étant vraiment capable de s’illustrer sur des marchés spéciaux. Mais contrairement à la lilliputienne SMART Fortwo dont la vocation est essentiellement urbaine, la Vision B est appelée à remplir des tâches beaucoup plus diversifiées et à se démarquer sur les autoroutes. Pourtant, cette nouvelle venue chez Mercedes est une voiture qui risque d’intéresser bien des gens, pas seulement pour son étoile d’argent affichée sur la grille de calandre, mais aussi pour sa polyvalence. En effet, ce véhicule multifonction est de dimensions assez réduites tandis que son habitabilité est celle d’une voiture beaucoup plus grosse.

Une histoire de sandwich

Chez Mercedes, les ingénieurs font la loi ou presque. Et ceux qui sont responsables de la sécurité des véhicules semblent avoir davantage de pouvoir. C’est du moins ma conclusion. Effectivement, lorsque la direction de la marque à l’étoile argentée a décidé de commercialiser une sous-compacte, les responsables de la sécurité sont intervenus en soulignant que même si les dimensions de la future Classe A étaient réduites, celle-ci devait offrir la même sécurité que les grosses berlines de la marque. Pour ce faire, les ingénieurs ont développé un châssis innovateur et fort ingénieux qu’ils définissent être de type sandwich. Le moteur transversal - une traction - et la transmission sont partiellement logés en dessous de la caisse. Par conséquent, en cas d’impact frontal toute la motorisation est poussée sous le véhicule, un avantage marqué au chapitre de la sécurité puisque le moteur ne peut pénétrer dans la cabine et blesser les passagers avant. Cette disposition mécanique possède également l’avantage de maximiser l’habitabilité. Un atout important pour une petite voiture.

Respectant l’ordre de l’alphabet, les décideurs ont donc conçu pour la Classe B un véhicule plus long, plus haut et plus luxueux que celui de la Classe A. Toujours dans le but d’optimiser l’espace dans l’habitacle et d’assurer une bonne sécurité, la construction de type sandwich a été retenue. D’ailleurs, la hauteur du plancher est sans doute la première chose que l’on remarque en montant à bord. Ce n’est pas désagréable étant donné que l’assise des sièges est élevée et le dégagement pour la tête supérieur à la moyenne. En fait, l’habitabilité de ce petit véhicule de 427 cm de long est vraiment digne de mention. Les places avant sont non seulement confortables et spacieuses, mais les occupants (même grands !) de la banquette arrière ont tout l’espace nécessaire et plus encore. Ces mesures n’ont pas été obtenues au détriment de la soute à bagages puisque la capacité de celle-ci est de 544 litres avec le dossier arrière en place et de 2 245 litres une fois le siège arrière de type 70/30 entièrement replié. Détail d’importance, le dossier arrière se replie complètement à plat et il n’est pas nécessaire d’enlever les appuie-têtes dans cette opération.

Lorsqu’on mentionne une Mercedes pour moins de 32 000 $, prix du modèle de base, il est facile d’en conclure qu’on a économisé un peu partout dans la qualité des matériaux et qu’il s’agit d’une Mercedes à rabais. Il est certain que des économies ont été réalisées quelque part, mais ce n’est pas dans l’habitacle. Le tableau de bord, le tissu des sièges, la texture des plastiques, c’est du Mercedes tout craché. Et pour poursuivre dans la tendance de rajeunissement du stylisme de la marque, le design intérieur est plus agressif. Le volant à quatre branches de type sport donne le ton à la présentation générale. L’indicateur de vitesse et le compte-tours sont enchâssés dans une nacelle à fond gris. Cet agencement fait ressortir davantage les cadrans indicateurs à fond noir et chiffres blancs. Pour donner le plus d’ensoleillement possible à l’intérieur, il est possible de commander un toit ouvrant dont les dimensions sont vraiment hors-norme. Et pour ne pas se faire damer le pion par la concurrence, la Vision B est la première d’une longue liste de véhicules Mercedes a être équipée de série d’une interface de lecteur MP3 I-Pod. Vous placez votre I-Pod dans le réceptacle prévu situé dans le coffre à gants et c’est fait. Vous actionnez ensuite votre lecteur I-Pod par l’intermédiaire des commandes placées sur le volant.

L’extérieur nous rappelle celui de la Classe A mais en proposant des éléments visuels plus agressifs. C’est très esthétique étant donné qu’il s’agit d’un véhicule à cinq portes dont la vocation est surtout utilitaire. Les passages d’aile en relief, le capot plongeant et une paroi latérale agrémentée d’une indentation dont la lèvre supérieure se poursuit jusqu’au feu arrière, tous ces éléments font paraître le véhicule plus long et moins haut.

Vocation pratique

À moins d’avoir des problèmes à évaluer leurs priorités, il est certain que les personnes qui achèteront la Vision B l’auront choisi en raison de son caractère polyvalent et multifonctionnel. Ces gens ne devraient pas confondre, du moins en théorie, ce véhicule à hayon avec une sportive. Si tel est le cas, ils seront déçus car la « B » est équipée de groupes propulseurs plus robustes que performants. Par exemple, le modèle de base est livré avec un moteur quatre cylindres 2,0 litres de 136 chevaux couplé à une boîte manuelle à cinq rapports.

Pour les pilotes qui aiment en avoir davantage sous le pied, vous prenez ce moteur 2,0 litres, vous y boulonnez un turbo, ajoutez un rapport à la boîte manuelle et vous bénéficiez d’une version de 193 chevaux capable de boucler le 0-100 km/h en moins de huit secondes. Les transmissions à rapports continuellement variables sont de plus en plus populaires en Europe sur les petites voitures. Mercedes se joint au cortège avec une boîte automatique AUTOTRONIC de type continuellement variable. Celle-ci fait bon ménage avec le moteur turbo, mais avec le moteur atmosphérique c’est moins intéressant.

En plus d’être le seul modèle de la gamme Mercedes venu en Amérique du Nord à proposer la traction, la Vision B est également la seule à être équipée d’un essieu arrière de type elliptique. Cette configuration permet d’abaisser le seuil du coffre à bagage et d’éliminer les intrusions des amortisseurs dans l’habitacle. Il faut par contre souligner qu’en raison de la construction de type sandwich de la plate-forme, il est impossible d’offrir ce véhicule avec une transmission intégrale.

Les sportifs et les pratiques

Il est certain que les personnes préférant une voiture dont les performances et le comportement général sont de nature sportive ne seront pas tellement entichées par la Vision B. Le profil élevé de cette automobile est contraire à leur conception d’une voiture élégante. Et si les gens pratiques salivent devant son habitabilité impressionnante et sa polyvalence, nos sportifs sont de glace. Bref, il faut appartenir à la catégorie des gens pratiques pour apprécier. Et si les sportifs lèvent le nez sur les performances et les accélérations, les pratiques seront d’accord pour affirmer que le comportement routier est agréable dans la conduite de tous les jours. D’autre part, le moteur turbo plus incisif et offrant de meilleures accélérations est sans aucun doute un choix à considérer en premier. La version atmosphérique de ce 2,0 litres est correcte avec la boîte manuelle, mais cette combinaison ne plaira pas à tous avec la boîte CVT. Avec cette dernière, il faut opter pour le mode sport et ne pas avoir peur d’intervenir. Détail intéressant, cette boîte possède un étagement électronique similaire à des rapports sur une transmission traditionnelle. En conduite urbaine, avec le moteur atmosphérique, c’est très pratique.

La tenue de route est sans surprise alors que le roulis en virage est bien maîtrisé malgré le centre de gravité plutôt élevé. Et si vous vous énervez un peu trop le pied droit dans les virages, un très efficace système de stabilité latérale vous permet de demeurer sur la route.

Vendue pour moins de 35 000 $ pour le modèle de base, la Vision B a plusieurs atouts dans son jeu. Il faudra par contre la juger pour ce qu’elle est et non pas tenter de la mesurer aux Classe C ou E et encore moins à la Vision R.

Feu vert

Habitabilité impressionnante
Tenue de route sans surprise
Équipement complet
Places arrière spacieuses
Prix compétitif

Feu rouge

Performances moyennes
Moteur atmosphérique limite
Seuil élevé
Pneumatiques bruyants

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