Et si votre enfant commençait à conduire?

Alors que j’avais 18 ans, deux de mes amies sont décédées au volant de leur voiture, et ce, à trois mois d’intervalle. La première a bêtement perdu le contrôle de sa petite Chevrolet Cavalier dans un virage, frappant de plein une fourgonnette qui s’en venait en sens inverse. Elle était également accompagnée d’un ami et camarade de classe qui, lui aussi, a succombé à ses blessures.

Quant à la seconde, elle a aussi perdu la maîtrise de la Pontiac 6000 de son père, traversant à grande vitesse un terre-plein pour ensuite frapper violemment une petite Honda à bord de laquelle prenaient place deux personnes. Bilan, trois morts.

Caroline Bonneau et Mélanie Massé, que je salue, m’ont sans le savoir donné une leçon de vie. Oh certes, elles ne m’ont pas persuadé à ce moment de « slaquer la pédale » de ma vieille minoune, parce qu’à l’époque, je me croyais évidemment invincible!

Or, elles m’ont prouvé qu’il était facile d’obtenir un permis de conduire sans savoir conduire, ce qui d’ailleurs, est encore vrai de nos jours. Il suffisait d’obtenir une bonne note à l’examen théorique et à respecter la signalisation routière lors de l’examen pratique pour que quiconque puisse se lancer sur la route. Quel était l’exercice le plus difficile? Le stationnement en parallèle, que plusieurs réussissaient à peine, même s’ils étaient au volant d’une Geo Metro.

Cela dit, il était clair pour moi que mes deux amies ne possédaient pas les notions et les réflexes pour prendre la route. Et en faisant pratiquer à deux ou trois reprises ma petite sœur qui, quelques années plus tard, avait obtenu son permis temporaire, j’avais aussi ce sentiment qu’en dépit d’une théorie bien maîtrisée, elle n’avait pas encore ce qu’il fallait pour aller jouer dans le trafic !

Ma petite sœur aura donc obtenu son permis de conduire tardivement, à l’âge de 26 ans. Nerveuse, aucunement confiante, voire même effrayée à l’idée de conduire, elle a donc elle-même pris la décision de mettre le dossier de côté pour y revenir plus tard. Et aujourd’hui, je suis persuadé que cette décision lui a sauvé la vie.  

Loin de moi l’idée de relancer un débat sur les cours de conduite et sur l’obtention d’un permis de conduire. Mais je crois qu’il est essentiel pour un adolescent ou un jeune adulte inexpérimenté de s’écouter. De ne pas prendre la route à l’aveugle, au risque de devoir s’immobiliser quelque part en effectuant une crise de panique. Car oui, cette situation est arrivée à plusieurs jeunes qui ont pris la route de façon précaire, et qui se sont retrouvés dans des contextes qui les ont rendus nerveux.

Il est aussi du devoir des parents de superviser et d’observer les réelles aptitudes de leur enfant au volant d’une voiture, surtout s’ils obtiennent leur permis en très bas âge. Bien sûr, la période de probation avant l’obtention d’un vrai permis est aujourd’hui plus longue, et comporte des restrictions qui permettent de mieux encadrer ces apprentis conducteurs. Néanmoins, je crois que la conscientisation sur les risques et sur la responsabilité qu’implique la conduite d’une automobile est encore aujourd’hui trop mince.

Prochainement sur la route…

D’ici douze ou dix-huit mois, ma fille deviendra une automobiliste. Non, elle ne partage aucunement la passion de son paternel, n’appréciant comme bien des jeunes filles que les Mini Cooper! Cela dit, le temps est venu de l’inscrire dans une école de conduite pour qu’elle « apprenne à conduire ». Pourquoi les guillemets?

Parce qu’en ce qui me concerne, les écoles de conduite n’enseignent pas nécessairement la conduite, mais plutôt le respect du code de la sécurité routière. Une nuance immense puisqu’il s’agit d’un exercice d’infantilisation plutôt que d’éducation.

Ma petite Rosalie apprendra donc à lire les panneaux de signalisation, à partager la route, à s’immobiliser au feu rouge où lorsqu’elle croise un autobus scolaire à l’arrêt. On lui apprendra aussi à garder une distance sécuritaire par rapport au véhicule qui la précède, à céder le passage à l’entrée d’une autoroute et oui, à se stationner en parallèle.

Maintenant, lui parlera-t-on de notion de sous-virage et de survirage? De limites d’adhérence? Des lois de la physique. Lui montrera-t-on comment avoir des yeux tout le tour de la tête? À anticiper le danger? À réagir rapidement si un obstacle surgit devant elle? Non. Et c’est donc en ce sens que papa viendra complémenter son éducation.

Parce qu’il lui faut apprendre à faire corps avec son véhicule, à éviter toute distraction et comprendre des notions de base sur le fonctionnement d’une automobile. À cela s’ajoutera aussi, le moment venu, un cours de conduite hivernale avancé que je considère comme essentiel, lequel sera laissé aux bons soins d’un spécialiste comme mon ami Franck Kirschoff du circuit de Mécaglisse, à Notre-Dame-de-la-Merci.

Évidemment, même si ma fille démontre avec brio de bonnes aptitudes de conductrice, il est clair que je serai plutôt nerveux à l'idée de la voir prendre la route seule pour la première fois. Et si vous avez des enfants, j’en suis persuadé, vous me comprenez. Alors, le fera-t-elle au volant de mon gros VUS à moteur V8, d’une de mes voitures de sport? Bien sûr que non. Et inutile d’expliquer pourquoi.

En fait, la voiture idéale pour que ma fille se fasse les dents sur la voie publique serait petite, voire lilliputienne, juste assez puissante pour être sécuritaire, solidement construite (sécurité oblige) et dotée que de deux places assises. Parce qu’il est hors de question que survienne un party dans cette voiture, alors qu’il faut se concentrer sur la route. J’irai même jusqu’à débrancher la radio/Bluetooth afin qu’elle n’ait aucune distraction.

Une smart ! Voilà ce qu’il lui faut. Solide, sécuritaire, maniable, d’une grande stabilité, et juste assez grande pour accueillir deux personnes et leurs sacs d’école ! Oui, d’accord, pas aussi cool qu’une Mini Cooper, mais bon. Et parce que l’entreprise Car2Go vient de relâcher plusieurs centaines de ces voitures qui ont pris le chemin de l’encan pour se retrouver ensuite chez différents marchands de véhicules d’occasion, il y a actuellement beaucoup de choix à prix raisonnable sur le marché. Des voitures vieilles de quatre ou cinq ans, qui affichent entre 15 000 et 35 000 km, et qui se transigent entre 5 000 $ et 6 500 $. Pas mal, hein?

Oui, il se pourrait que votre jeune refuse catégoriquement d’être vu au volant d’une smart, surtout s’il s’agit du quart-arrière étoile de son équipe de football ! Maintenant, vous aurez compris que l’idée est ici d’éviter la voiture sport, la grosse béhème ou le Yukon capable d’accueillir la moitié de son équipe ! Une petite voiture toute simple et sécuritaire, afin que l’apprentissage se fasse de façon prudente et progressive.

Bien sûr, avant d’en arriver à l’achat d’une automobile, plusieurs étapes sont à passer. Et je vous avoue que de me replonger en tant que parent dans le processus d’obtention d’un permis de conduire pour ma fille m’excite pratiquement autant que lorsque j’ai obtenu le mien. Un soupçon de papa poule? Vous pouvez en être certain !  

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